RECUEIL D'IDÉES ET DE CITATIONS

“The ability to quote is a serviceable substitute for wit.” Somerset Maugham

 

 

« L'art nous console de la vie. »

Luigi Pirandello

 

 

Année 2005

ou 213, 1425, 2061, 2547, 5765...

NB L’an 2005 de l'ère chrétienne est aussi l’année 213 du calendrier révolutionnaire français, l’année 1425 de l'Hégire pour les musulmans, l’année 2061 du calendrier hindouiste, l’année 2547 du calendrier bouddhiste et l’année 5765 de l'Ère de la création chez les juifs.

 

 

 

Afrique

“Sir, Tony Blair has no idea of how and why Africa is the way it is (“A year of huge challenges”, January 1st). The reason for Africa’s sorry state lies in three core aspects: the tribal ties of the rulers, which go beyond what we would normally understand in the West; the fundamental premise of government, which is rarely democratic capitalism; and the rule of law, which is viewed differently. Success will come when the population forges its development without the shackles of tribalism (and accepts that democracy brings a stake in the welfare of their country) and when the ruling elite of each country implements the basics of democratic capitalism. Until then Africa will continue along the path it has followed for at least 350 years.”

Colin Sworder, Aylesbury, Buckinghamshire, Lettre à The Economist, January 29th 2005

 

« La mer, après tout, est la grande civilisatrice des nations. Si l’Afrique, au lieu d’un littoral linéaire uniforme, avait été ébréchée de profondes indentations par l’antique et glorieux océan, combien différent eût été le sort de ses habitants ! »

David Livingstone, Livingstone’s African Journal, 1853-1856, Ed. I. Shapera, Londres: Chatto & Windus, 1963

Cité par Thomas Sowell, Race, politique et économie, une approche internationale, PUF, 1986 (The Economics and Politics of Race, An International Perspective, NY: William Morrow and Cy, 1983)

 

« Les gens disent qu'un homme qui couche avec une femme non excisée risque la mort subite. Ils racontent des tas d'histoires. » Kadidiatou, sage-femme à Bla au Mali.

 

« Aussi longtemps que les lions n’auront pas leur historien, les récits de chasse tourneront toujours à la gloire du chasseur. »

Ou : « Quand les lions auront leur historien, les récits de chasse ne tourneront pas toujours à la gloire du chasseur. »

Proverbe africain

 

« Nous sommes tous polyvalents ici et même souvent à contre-emploi. Chez nous le chef de l'État fait dans l'évasion de capitaux, ministres et hauts fonctionnaires dans l'import-export, curés et évêques dans le maraboutisme, assureurs et banquiers dans l'extorsion de fonds, les écolières dans la prostitution, leurs mamans dans le maquereautage, les toubibs dans le charlatanisme... Notez aussi que nous demandons dans le même temps la démocratie, comme si nous prétendions marier le pôle Nord à l'équateur, le couvent au bordel. »

Mongo Beti, Trop de soleil tue l'amour, Julliard, 1999

 

« Les minutes les plus heureuses de la vie sont peut-être celles où l'on se souvient des voyages accomplis et des aventures lointaines. Depuis que nous avons quitté la vieille terre de l'Afrique, je ne cesse d'évoquer les horizons entrevus... »

Ernest Psichari (1883-1914), Terre de soleil et de sommeil, petit-fils de Renan, engagé au Congo et en Mauritanie en 1903, il est le chantre de la colonisation française et sera tué au début de la Grande Guerre.

 

– ...In Africa everything is built to a nobler standard. There the man is really a man. There one knows what is will and strength and courage. You don't know what it is to stand on the edge of some great plain and breathe the pure keen air after the terrors of the forest.

– The boundless plains of Hyde Park is enough for me, said Dick, And the aspect of Piccadilly on a fine day in June gives me quite as many emotions as I want.

The Explorer, Somerset Maugham, 1907

 

 

Alfonso X

« Si j’avais été présent à la Création, j’aurais donné des conseils utiles pour un agencement plus harmonieux de l’univers. »

Alfonso X le Sage ou le Savant (1221-1284), roi de Castille (1252-1284)  et de Germanie (1257-1272)

 

 

Alphonse Allais

« Le plus petit grain de mil, à défaut d'un billet d'idem, ferait bien mon affaire... »

« Le comble de la mémoire : se raser la barbe devant son portrait. »

« Le comble de l'économie : se coucher sur la paille de l'œil de son voisin, et se chauffer avec la poutre qui est dans le sien. »

« Il y a soixante-dix ans, en 1830, il n'existait sur toute la surface du globe que 322 km de voies ferrées.

 

« En 1845, leur longueur atteignait 16 690 km et on en comptait déjà 106 886 en 1860.

Je vous fais grâce de l'énumération qui suit pour arriver immédiatement au chiffre actuel qui est de 715 000 km.

715 000 km de voies ferrées !

Ce nombre, évidemment, ne vous fait passer aucun frisson sur la nuque, ni à moi non plus, d'ailleurs, ni à personne.

Mais poursuivant implacablement notre petite statistique , et ne nous occupant que de notre France adorée, si nous constatons que le réseau français représente 10 km 8 pour 10 000 habitants, peut-être n'en serons nous pas davantage émus.

Tout simplement parce que vous ne savez pas où je veux en venir.

10 km 8 pour 10 000 habitants, cela nous fait, si je sais compter, 1,8 m par habitant.

Or avez-vous jamais réfléchi à tout cet immense terrain perdu, inculte, sauvage, improductif que représente l'espace pierreux compris entre les deux rails des chemins de fer ?

Quel déchet pour la fortune publique !

Dites-moi franchement, existe-t-il une raison, je parle d'une raison valable, suffisante à parler de cette inutilisation de tant d'hectares, qui ne demanderaient qu'à courageusement apporter leur appoint au confortable et au bien-être général ? » etc.

Alphonse Allais, Œuvres anthumes, Lettre d'un lecteur (chez lequel l'ingéniosité s'allie – et je l'en complimente – au bons sens), Le Sourire, 29/9/1900 

 

 

Allemagne

« Tous les écoliers prussiens connaissent une anecdote datant de cette époque, qui vraie ou non caractérise la réputation de ce tribunal, le Kammergericht de Berlin. Frédéric, faisant construire le château de Sans-Souci réclamait la démolition d’un moulin à vent, qui se dresse aujourd’hui encore à côté du château, et il fit au meunier une offre d’achat. Le meunier refusa, il ne voulait pas sacrifier son moulin. Le roi menaça alors de faire exproprier le meunier, sur quoi celui-ci répliqua : Eh oui, sire, mais il y a le Kammergericht de Berlin ! »

Histoire d’un Allemand, Actes Sud, Sebastian Haffner, 2002

 

« En Allemagne, les nazis sont venus de la planète Mars en 1933 et ils y sont retournés en 1945. Depuis, c'est la démocratie et il n'y a plus de nazis... »

Cem Ozdemir, député Vert d'origine turque au Bundestag, 1998

 

« La mort est un maître venu d'Allemagne. »

Paul Celan (poète autrichien, 1920-1973)

 

« De Croatie, de Germanie, les loups sont entrés dans Paris… »

Serge Reggiani

 

« Wohin rollst du, Äpfelchen ? »

Leo Perutz, Berliner Illustrierte Zeitung, 1928

 

« L'histoire de l'Europe moderne peut être écrite autour de trois titans : Napoléon, Bismarck et Lénine. De ces trois là, c'est Bismarck qui a fait probablement le moins de mal. »

A.J. P. Taylor, Bismarck

 

Avant l'Entente cordiale, le père de Churchill, lord Randolph, dit à l'ambassadeur allemand : « La France est notre ennemie commune ; nous n'aurons de repos que lorsqu'elle sera complètement écrasée ». Et Jules Ferry se lamente : « À Londres, tout le monde est contre nous. Quel acharnement contre cette pauvre France ! » (cité par Baumont, 1965).

 

„O Deutschland, bleiche Mutter!

Wie sitzest Du besudelt

Unter den Völkern...

 

O Deutschland, bleiche Mutter!

Wie haben deine Söhne dich zugerichtet

Dass du unter den Völkern sitzest

Ein Gespött oder eine Furcht!“

 

(Ô Allemagne, mère blafarde!

Comment tes fils t'ont-ils traitée

Pour que tu deviennes la risée

Ou l'épouvantail des autres peuples !)

Bertolt Brecht

 

« La transformation industrielle de l'Allemagne se réalise si rapidement, qu'un livre qui vient de sortir sur ce pays est déjà un pas en arrière de la réalité. »   V. Cambon, 1908, cité par Locke, 1981

 

 

Américanisation

« Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu'il entend par progrès, il répondra que c'est la vapeur, l'électricité et l'éclairage au gaz, miracles inconnus aux Romains, et que ces découvertes témoignent pleinement de notre supériorité sur les anciens ; tant il s'est fait de ténèbres dans ce malheureux cerveau et tant les choses de l'ordre spirituel s'y sont bizarrement confondues ! Le pauvre homme est tellement américanisé par ses philosophes zoocrates et industriels qu'il a perdu la notion des différences qui caractérisent les phénomènes du monde physique et du monde moral, du naturel et du surnaturel. »

Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques, Exposition universelle, 1855 (souligné par nous)

 

 

Amérique

Richard Ameryk, contrôleur des douanes à Bristol, paye John Cabot qui revenait du nouveau continent : son nom vient de là et non d'Amerigo Vespucci.

A.E. Hudd, “Richard Ameryk and the name America”, Gloucestershire Studies, ed. H.P.R. Finberg, Leicester, The University Press, 1957

 

“I felt liberated, as always in America, a feeling which I thought had something to do with the country's own vastness, as if the wide-apartness of everything flooded into the mind and put spaces between everyday problems.” Dick Francis, The Danger, 1983

(Je me sentais libéré, comme toujours en Amérique, une sensation qui, je crois, avait à voir avec l'étendue même du pays, comme si l'élargissement de tout se répandait dans l'esprit et mettait des espaces entre les problèmes quotidiens)

 

 

Amour

“He was the sort of man who has only one love in his lifetime, and knows with the sick fervor of a fatalist that this love will be taken from him someday, and is hardly surprised when it happens.”

Poppy Z. Brite, Calcutta, Lord of Nerves, nouvelle tirée de Swamp Foetus, Penguin books, 1995

 

« Ce n’est pas l’amour qu’on devrait dépeindre comme aveugle, mais l’amour-propre. » Voltaire

 

« Bien que je sois tombé assez souvent amoureux, je n'ai jamais expérimenté le bonheur de l'amour partagé. Je sais qu'il s'agit de la meilleure chose que la vie peut nous offrir, une chose que presque tout le monde a connu, même pendant une période très courte. J'ai le plus aimé des gens qui ne se souciaient guère de moi, ou pas du tout... Et quand j'ai été aimé, cela m'a embarrassé. C'est quelque chose que je n'ai jamais su vraiment affronter. Afin de ne pas blesser, j'ai souvent feint une passion que je ne ressentais en rien. J'ai essayé, avec gentillesse quand cela était possible, et sinon avec irritation, d'échapper au filet d'un amour qui m'emprisonnait. J'ai été jaloux de mon indépendance. Je suis incapable d'un abandon total. Aussi, n'ayant jamais ressenti les émotions essentielles des hommes normaux, mon œuvre ne peut avoir cette intimité, cette touche profondément humaine et cette sérénité animale que seuls les grands écrivains peuvent donner. »  Somerset Maugham, The Summing Up, 1938

 

Macheath

Siehst Du den Mond über Soho?

 

Polly

Ich sehe ihn, Lieber.

Fühlst Du mein Herz schlagen, Geliebter?

 

Macheath

Ich fühle es, Geliebte.

 

Polly

Wo Du hingehst, da will ich auch hingehen.

 

Macheath

Und wo Du bleibst, da will ich auch sein.

 

Polly

Und gibt’s auch kein Schriftstück vom Standesamt

Und keine Blume auf dern Altar

Und weiss ich auch nicht, woher dein Brautkleid stammt

Und ist keine Myrte im Haar –

Der Teller, von welchem du issest dein Brot

Schau ihn nicht lang an, wirf ihn fort!

Die Liebe dauert oder dauert nicht

An dern oder jenem Ort.

 

Liebeslied, Bertolt Brecht, Opéra de quat’sous

 

« M., vous le savez, devenait facilement amoureux. C’est une grande ressource dans la vie. En un instant, comme par magie, la douce et reposante vision de cette femme avait chassé de l’esprit de M. le souvenir troublant de R. Une seule chose, en effet, guérit de l’amour, et cette chose, c’est l’amour. »

Ludovic Halévy, Trois coups de foudre, 1881

 

 

Anglais

"« You wouldn't like it very much if he went off and married a foreigner, would you? »

« Even foreigners are human, darling, said Mrs Henderson, with what for her was considerable acidity. I've noticed that's something we English are apt to forget. »"

Somerset Maugham, The Hour Before the Dawn, 1941

(« Vous n'aimeriez pas beaucoup qu'il s'en aille pour épouser une étrangère, n'est-ce pas ? »

 « Même les étrangers sont humains, ma chérie, dit Mrs Henderson, avec ce qui était pour elle une grande acidité. J'ai remarqué que nous autres Anglais avions tendance à oublier cela. »)

 

« Il est certain que les Anglais nous haïssent, et d'une haine si forte et si générale qu'on serait tenté de la mettre au nombre des dispositions naturelles de ce peuple. »

Sully, 1603, ambassadeur extraordinaire de Henri IV à Londres, Mémoires, t. 3, p. 322, cité par Braudel, 1979, t.3, p. 303

 

« Les Anglais regardent leurs Prétentions comme des Droits, et les droits de leurs voisins comme des Usurpations. »

Abbé J.-B. Le Blanc, 1749, cité par Braudel,  1979, t.3, p. 304

 

« Les Anglais ne sont un “peuple conservateur” que dans certains domaines. Dans les "révolutions" agricoles et industrielles, ils ont montré la voie au monde entier. Et parce qu'ils étaient les premiers à s'aventurer sur un terrain nouveau, ils ont commis quelques terribles erreurs. » (G.M.Trevelyan, 1942)

 

 

Anglais (langue)

Les classes supérieures britanniques cessent de parler français vers 1300, l'anglais est introduit dans les écoles seulement en 1349 et le Parlement utilise l'anglais à partir de 1362.

 

 

Angleterre

« L'Angleterre est la terre classique de la liberté et de la tolérance religieuse, les deux plus grands bienfaits dont l'homme puisse jouir. » La Vauguyon, 1817, cité par O'Brien et Keyder

 

« Une terre de juste et vieux renom... »   Alfred Tennyson (1809-1892)

 

« En Angleterre, avoir eu de l'argent (pourvu que cela ne se soit pas fait par des méthodes de parvenu) est aussi acceptable que d'en avoir, puisque que les maniérismes de classe supérieure persistent même quand la fortune a disparu. Mais n'avoir jamais eu d'argent est impardonnable et peut seulement être dûment racheté par le fait de ne jamais essayer d'en avoir. »

Margaret Halsey, With Malice Toward Some, Simon & Schuster, 1938

 

« À part le royaume des lettres et des arts – dans lequel, à mon humble avis, la France lui est égale, sinon supérieure – l'Angleterre, en tout ce qui fait la grandeur d'un peuple – puissance colonisatrice, industrie, commerce, formes élevées de civilisation – surpasse non seulement toutes les autres nations du monde moderne, mais également tous les pays de l'Antiquité. »

Sir Wilfrid Laurier (1841-1919), Premier Ministre du Canada de 1896 à 1911, premier Québécois à occuper cette fonction (cité par F. Bédarida, La Société anglaise, Seuil, 1990)

 

« Dans ce pays, on considère comme une bonne chose d’exécuter un amiral de temps en temps, pour encourager les autres. » Voltaire

 

 

Année

En 1522, Venise adopte le premier janvier comme le premier jour de l'année. Cette décision est suivie par les autres pays d'Europe, la Grande-Bretagne étant la dernière en 1752.

 

 

Antiquité

« J’en vois quelques-unes tout occupées à teindre leurs cheveux pour les rendre blonds. Elles rougissent de leur patrie et regrettent de n’être pas nées en Germanie ou dans les Gaules. »

Tertullien, théologien chrétien d’Afrique, 155-220

 

« La mer lave tous les crimes des hommes. »

Euripide, Iphigénie en Tauride

 

 

Antiaméricanisme

« Une mythologie nationale négative peut susciter des efforts de correction, tandis que les appels au patriotisme n'engendrent que la complaisance et l'acceptation du statu quo. »

Richard Cándida Smith, « De l'antiaméricanisme », Le Monde des Débats, décembre 1999

Sur l'antiaméricanisme, voir aussi « Poncifs européens » de Michela Nacci, Le Monde des Débats, décembre 1999

 

 

Antisémitisme

Enfin, pour expliquer la fureur antisémite qui saisit l’Allemagne à cette époque, on peut rappeler qu’il ne s’agit pas d’un phénomène propre à ce pays. La différence est qu’en Allemagne, à la suite d’une série de circonstances exceptionnelles, les fous sont arrivés au pouvoir… Un exemple de l’antisémitisme qui règne sur le continent entre les deux guerres, même dans le pays le plus tolérant, l’Angleterre, est donné par l’écrivain canadien Mordecai Richler : John Buchan, auteur anglais de romans policiers, considéré comme le parangon des vertus britanniques (fair play, conduite de gentleman, vie exemplaire, etc.), écrit ceci dans son best-seller (Les 39 marches, adapté au cinéma par Hitchcock) :

“Take any big Teutonic business concern. If you are dealing with it the first man you meet is Prince von und zu Something, an elegant young man who talks Eton-and-Harrow English. But he cuts no ice. If your business is big, you get behind him and find a prognathous Westphalian with retreating brow and the manners of a hog… But if you’re on the biggest kind of job and are bound to get to the real boss, ten to one you are brought up against a little white-faced Jew in a bath chair with an eye like a rattlesnake. Yes, sir, he is the man who is ruling the world just now, and he has his knife in the Empire of the Tsar, because his aunt was outraged and his father flogged in some one-horse location on the Volga.” M. Richler, The Street, 1969

 

Le concile de Latran IV en 1215 impose aux juifs un habit distinctif et provoque les regroupements dans des quartiers spéciaux. Le premier est le quartier du Ghetto à Venise où une résidence forcée leur est fixée.

 

Les nazis ont poursuivi le génocide jusqu'à la fin, car ils considéraient que s'ils réussissaient à l'achever, leur défaite ne serait pas totale...

 

« On disait que cette pestilence venait d'une infection de l'air et des eaux, car en ce temps il n'y avait ni famine, ni pénurie de vivres, au contraire. On en rendit responsables les juifs, qu'on accusa d'avoir infecté puits et cours d'eau, et d'avoir corrompu l'air. La cruauté du monde se déchaîna contre eux si bien qu'en Allemagne et ailleurs où vivaient les juifs, ils furent massacrés et occis par les chrétiens et brûlés un peu partout, par milliers. Et admirez leur constance insensée : quand on les brûlait, les mères juives, pour empêcher que leurs enfants ne furent conduits au baptême, jetaient d'abord leurs enfants dans le bûcher, puis s'y précipitaient elles-mêmes, afin d'être brûlées avec leurs maris et leurs petits. »

Jean de Venette, 1348, La peste noire vue par les chroniqueurs, cité dans Dupâquier, Histoire de la population française, tome 1, PUF, 1988

 

Comme la frontière est parfois floue entre juifs et non juifs, les auteurs antisémites du début du siècle s'efforcent de trouver des critères « scientifiques » pour résoudre cette difficulté. Les réponses n'étant guère satisfaisantes, le leader catholique et antisémite Karl Lueger tranche en adoptant un point de vue plus pragmatique : « C'est moi qui décide qui est juif ! » (Joll, 1990)

 

« Si d'un bond, Cyrano, revenant à la vie

  Voyait régner les juifs et la France asservie

  De sa voix mâle et fière, il crierait : "Halte-là !

  Puis, tirant du fourreau la lame inoccupée

  Son bras ferait gaiement, d'un simple coup d'épée

  Deux tronçons avec un Zola... »

La Croix du 27 janvier 1898

 

 

Architecture

« Dans le monde moderne, les matériaux sont conçus pour des structures données, alors qu'autrefois les structures étaient conçues en fonction des matériaux disponibles. »   Eric Jones

 

 

Hannah Arendt

« L'homme n'est que le maître, et non le créateur du monde. » H.Arendt

 

« Toute dignité humaine est balayée si l'individu doit sa valeur au seul fait qu'il se trouve né allemand ou russe. »

 

« L'idée d'humanité, toute sentimentalité exclue, implique d'une manière ou d'une autre que les hommes doivent assumer leur responsabilité pour tous les crimes commis par les hommes, et que toutes les nations devront éventuellement répondre du mal commis par toutes les autres. »

Les Origines du totalitarisme, t. 2, L'Impérialisme, 1951

 

« Leur labeur était marqué par tous les désavantages connus du travail des esclaves, tels que manque d'initiative, paresse, absence de soin pour les outils, inefficacité générale. »

 

À propos des pauvres blancs en Afrique du Sud : « Ils demandaient la charité, qui leur était d'ailleurs garantie par leur peau blanche, tant ils avaient perdu conscience que, normalement, les hommes ne gagnent pas leur vie avec la couleur de leur peau. »

 

« Le Mr Jones du Victoire de Conrad, que l'ennui poussait à accepter de payer n'importe quel prix pour habiter le "monde du hasard et de l'aventure". »

 

 

Argent

« L’argent ne fait pas le bonheur, mais il est bien commode pour faire les commissions. »

Yvan Audouard

 

 

Arguments

“Before impugning an opponent’s motives, even when they legitimately may be impugned, answer his arguments.”  Sidney Hook

 

 

Armée

"« N'essayons pas de comprendre » est une formule devenue universelle de la philosophie du front. C'est une bonne formule. Elle admet tout sans rien excuser. C'est triste à constater, mais quand quelqu'un dit d'une chose : « C'est bien militaire », tout le monde comprend : « c'est totalement idiot »."

Henri Fauconnier, 14 août 1916, Lettres à Madeleine, 1914-1919, Stock, 1998

 

 

Arménie

Les premiers massacres d'Arméniens par les Turcs, des chrétiens en terre d'Islam, datent de 1893 et 1895. Le sultan réalise que « le meilleur moyen de supprimer la question arménienne est de supprimer les Arméniens eux-mêmes, ennemis nés de l'Empire ottoman » (Baumont, 1965). Les classes populaires haïssent depuis toujours les Arméniens qui réussissent dans le commerce et prêtent à intérêt. Devant les centaines de milliers de morts, l'Europe se récrie, mais « le sultan, plein de "paternelle douceur pour des sujets un moment égarés", proteste contre "les calomnies malveillantes" dont on poursuit ses officiers et ses fonctionnaires "incapables de se livrer à aucune cruauté" » (ibid.). Il est défendu par la Russie, et les puissances (les impuissances, comme on dit alors) ne bougent pas, bien que, selon Salisbury, « l'horreur des massacres fit pâlir l'Europe ». Les rivalités entre elles, et surtout la crainte de voir les Anglais s'emparer du dernier détroit vital du monde qu'ils ne possédaient pas encore, explique leur inaction.

 

 

Atelier 

« Quant à l'atelier, où le travail se fait à la main parce que le métier fonctionne sans l'aide de force motrice, et où les salaires sont payés à la pièce ou à l'aune, les horaires sont plus souples que dans le cas d'autres établissements. »  Dr Villermé, 1840

 

 

Atome

“I was reading in the paper the other day about those birds who are trying to split the atom, the nub being that they have not the foggiest as to what will happen if they do. It may be all right. On the other hand, it may not be all right. And pretty silly a chap would feel, no doubt, if, having split the atom, he suddenly found the house going up in smoke and himself torn limb from limb.”  P.G. Wodehouse, Right Ho, Jeeves, 1934

 

 

Auberge

“There is nothing which has yet been contrived by man by which so much happiness is produced as by a good tavern or inn.”

Samuel Johnson

 

 

Avenir

« L'avenir est un dieu traîné par des tigres. » Victor Hugo

 

« Dick était aussi effrayé par cette idée d'une côte brisée s'attaquant à un poumon qu'Adam l'eût été s'il avait connu l'avenir. »   James Masefield, Par les moyens du bord, Phébus, 1994

 

 

Baden-Powell

Scouting for Boys, a Handbook of Instruction in Good Citizenship, General Sir Robert Baden-Powell, 1908

 

 

Balkans

« Ce pays pauvre et arriéré où vivent entassées quatre religions différentes aurait besoin de quatre fois plus d'amour, de compréhension mutuelle et de tolérance que les autres pays. Alors qu'au contraire l'incompréhension, qui tourne parfois franchement à la haine, y est presque la caractéristique générale des habitants. »

Ivo Andrić, Titanic et autres contes juifs, Belfond, 1996

 

« En voulant européaniser les Balkans, on a balkanisé l'Europe. » Remarque d'un diplomate en 1918, citée par Bairoch, 1997

 

« Les Balkans produisent plus d'histoire qu'ils n'en consomment. » Churchill

 

« Pour leur malheur, les Yougoslaves ont fourni à l'Europe le conflit violent qui devait sceller l'unité du vieux continent. » Laurent Joffrin, Yougoslavie, suicide d'une nation, 1999

 

 

Balzac

« Le notaire, l'imperturbable notaire », qui ne fait que des sottises et ne dit que des bêtises, vu par Balzac :

« – Monsieur, lui dit alors avec une rage concentrée le marquis de Vandenesse, qui ferma violemment la porte du salon où il laissait la femme et le mari, depuis le dîner vous n'avez fait que des sottises et dit que des bêtises. Pour Dieu ! allez-vous en ; vous finiriez par causer les plus grands malheurs. Si vous êtes un excellent notaire, restez dans votre étude ; mais si, par hasard, vous vous trouvez dans le monde, tâchez d'y être plus circonspect.

(...) – Voilà comment sont tous ces grands seigneurs, se dit-il enfin quand il fut dans la rue... Demain il m'expliquera comment je n'ai fait chez lui que des bêtises et dit que des sottises. Je lui en demanderai raison ; c'est-à-dire je lui en demanderai la raison.

(...) Le notaire revint chez lui, et soumit l'énigme à sa notairesse en lui racontant de point en point les événements de la soirée.

– Mon cher Crottat, Son Excellence a eu parfaitement raison en te disant que tu n'avais fait que des sottises et dit que des bêtises.

– Pourquoi ?

– Mon cher, je te le dirais, que cela ne t'empêcherait pas de recommencer demain. Seulement je te recommande encore de ne jamais parler que d'affaires en société. »

La Femme de trente ans, chapitre IV, Le doigt de Dieu, 1834

 

« Pendant que ces choses se passaient à Saumur, Charles faisait fortune aux Indes. Sa pacotille s'était d'abord très bien vendue. Il avait réalisé promptement une somme de six mille dollars. Le baptême de la Ligne lui fit perdre beaucoup de préjugés ; il s'aperçut que le meilleur moyen d'arriver à la fortune était, dans les régions intertropicales, aussi bien qu'en Europe, d'acheter et de vendre des hommes. Il vint donc sur les côtes d'Afrique et fit la traite des nègres, en joignant à son commerce d'hommes celui des marchandises les plus avantageuses à échanger sur les divers marchés où l'amenaient ses intérêts... À force de rouler à travers les hommes et les pays, d'en observer les coutumes contraires, ses idées se modifièrent et il devint sceptique. Il n'eut plus de notions fixes sur le juste et l'injuste, en voyant taxer de crime dans un pays ce qui était vertu dans un autre. Au contact perpétuel des intérêts, son cœur se refroidit, se contracta, se dessécha. Le sang des Grandet ne faillit point à sa destinée. Charles devint dur, âpre à la curée. Il vendit des Chinois, des Nègres, des nids d'hirondelles, des enfants, des artistes ; il fit l'usure en grand. L'habitude de frauder les droits de douane le rendit moins scrupuleux sur les droits de l'homme. »

 

« – Un effet est une marchandise qui peut avoir sa hausse et sa baisse. Ceci est une déduction du principe de Jérémie Bentham sur l'usure. Ce publiciste a prouvé que le préjugé qui frappait de réprobation les usuriers était une sottise.

– Ouais ! fit le bonhomme.

– Attendu qu'en principe, selon Bentham, l'argent est une marchandise, et que ce qui représente l'argent devient également marchandise, reprit le président ; attendu qu'il est notoire que, soumise aux variations habituelles qui régissent les choses commerciales, la marchandise-billet, portant telle ou telle signature, comme tel ou tel article, abonde ou manque sur la place, qu'elle est chère ou tombe à rien, le tribunal ordonne... »

Balzac, Eugénie Grandet, 1833

 

« L'habitude de voir une figure y fait découvrir insensiblement les qualités de l'âme, et finit par en effacer les défauts. »   Balzac, La Maison du chat-qui-pelote, 1829

 

« Je ne suis pas contente de vous. Si vous n'avez pas pleuré en lisant la Bérénice de Racine, si vous n'y avez pas trouvé la plus horrible des tragédies, vous ne me comprendrez point, nous ne nous entendrons jamais. »

Balzac, Mémoires de deux jeunes mariés, 1841 (lettre XXII, de Louise à Felipe)

 

 

Banque

« Un banquier n'a pas besoin d'être populaire ; en fait, un bon banquier dans une société capitaliste saine devrait probablement être détesté. Les gens ne souhaitent pas confier leur argent à quelqu'un qui soit à tu et à toi avec tout le monde, mais à un misanthrope qui sache dire non. »

J.K. Galbraith, La Crise de 1929, Payot, 1961

 

Banc : le siège du changeur et du prêteur au Moyen Âge, origine du mot banquier. Lorsque le changeur ne peut faire face à ses échéances, le banc est rompu (banca rupta), ou banqueroute.

 

 

Max Beerbohm

To say that a man is vain means merely that he is pleased with the effect he produces on other people. A conceited man is satisfied with the effect he produces on himself.

 

It seems to be a law of nature that no man, unless he has some obvious physical deformity, ever is loath to sit for his portrait.

 

I was a modest, good-humoured boy. It is Oxford that has made me insufferable.

 

One might well say that mankind is divisible into two great classes: hosts and guests.

 

The dullard’s envy of brilliant men is always assuaged by the suspicion that they will come to a bad end.

 

Men of genius are not quick judges of character. Deep thinking and high imagining blunt that trivial instinct by which you and I size people up.

 

The Non-Conformist Conscience makes cowards of us all.

 

I believe the 24-hour day is here to stay.

 

 Most women are not so young as they are painted.

 

You will think me lamentably crude, but my experience of life has been drawn from life itself.

 

And love levels all, doesn't it? Love and the Boarding school.

 

To give an accurate and exhaustive account of that period would need a far less brilliant pen than mine.

 

 

Bernard de Clairvaux (Saint)

« Bernardus valles, montes Benedictus amabat,

Oppida Franciscus, celebres Dominicus urbes »

Distique du Moyen Âge

(Bernard aimait les vallées, Benoît les montagnes,

François les bourgs, Dominique les villes populeuses)

 

 

Bismarck

« On peut faire tout ce qu'on veut avec des baïonnettes, sauf s'asseoir dessus. » 

 

 

Boileau

Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,

Et ne vous piquez point d'une folle vitesse ;

...

Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :

Polissez-le sans cesse et le repolissez ;

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

 Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime...

Avant donc que d'écrire apprenez à penser

 Art poétique, chant I, Nicolas Boileau (1636-1711)

 

 

Bouddhisme

Une histoire traditionnelle chez les bouddhistes : « Qu’est-ce qu’un éléphant ? »

« Une petite troupe d’aveugles vient d’en rencontrer un pour la première fois. Chacun fait le récit de son expérience. "C'est un long tuyau souple, avec une sorte de bouche humide à l'extrémité", dit l'un. "Pas du tout, proteste un autre, c'est une espèce de corde rêche se terminant par une touffe de poils effilochés." Un troisième aveugle soutient que l'éléphant est un long bâton lisse et dur, un peu recourbé, comme une corne. Ces descriptions sont contestées. "Une grande feuille plate et ridée qui bouge de temps à autre", voilà la bonne définition. "Mais non, vous n'y êtes pas, dit un dernier témoin qui commence à se fâcher, c'est un tronc vertical, qu'on peut à peine entourer avec ses bras". »

 

 

Brésil

« En 1763 la capitale du Brésil est déplacée vers le sud à Rio de Janeiro, en raison du développement des mines d'or du Minas Gerais et du Goias. »

« L'or du Brésil vaut un afflux de richesses au Portugal de Pombal, un peu comme le pétrole pour le Koweït aujourd'hui. »  Braudel

 

 

Brevet

« Florence crée le premier brevet connu en 1421, pour une barge équipée de grues à forte puissance. Venise en 1474 édicte la première loi officielle sur les marques. »

 

 

Brouette

« Une invention aussi simple et fondamentale que la brouette fait son apparition (en Chine). L'engin est cité pour la première fois en +232. En Occident, où les charges étaient portées par deux personnes sur des brancards, personne, avant le XIIe siècle, ne semble s'être imaginé que l'on pouvait remplacer le deuxième porteur par une roue. »

David Cosandey, Le Secret de l'Occident, Arléa, 1997

 

 

Bush, George W.

“Let me put it to you this way: I earned capital in the campaign, political capital, and now I intend to spend it.”  Novembre 2004

 

 

Caetano Veloso

Eu já vivo tão cansado

De viver aqui na terra

Minha mãe, eu vou pra lua

Eu mais a minha mulher

Vamos fazer um ranchinho

Todo feito de sapé,

Minha mãe eu vou pra a lua

E seja o que Deus quiser.

Caetano Veloso, Triste Bahia

 

 

Café

« Mais pourquoi ? Ce breuvage de Satan est si délicieux… Ce serait vraiment dommage de laisser les infidèles en avoir un usage exclusif. »

Le Pape Clément VIII, auprès de qui le café venait d’être introduit, s’adressant aux évêques qui voulaient le faire interdire (cité par Mark Pendergrast, Uncommon grounds : The History of Coffee and How It Transformed the World, New York : Basic Books, 1999, auteur de For God, Country, and Coca-Cola, New York : Basic Books, 1993

Voir aussi Robert Bates, Open-Economy Politics: The Political Economy of the World Coffee Trade, Princeton: Princeton University Press, 1997

 

 

Calvinisme 

« Chaque pièce de monnaie gagnée est une pierre en direction du paradis. »   Dicton calviniste, XVIe siècle

 

 

Camps

« L'Obergruppenführer Oswald Pohl, sur la base d'un rapport officiel, ordonna que tous les cheveux humains coupés dans les camps de concentration soient utilisés de façon appropriée. Ils doivent être employés pour fabriquer du feutre industriel et dans les filatures pour obtenir du fil. À partir des cheveux peignés et coupés des femmes, on doit fabriquer des chaussettes pour les équipages des U-boats, et aussi des collants de feutre pour les employés des chemins de fer du Reich. »

Directive secrète de 1942, présentée comme pièce à conviction au procès de Nuremberg

 

"Un prêtre catholique et un rabbin juif doivent vider les feuillées dans un camp de concentration. Enfoncés dans la merde jusqu’aux hanches, ils sont interpellés grossièrement par le SS de garde : « Invoquez donc votre Dieu, où est-il ? ». Le curé répond : « Nous ne savons pas où est Dieu. Mais celui qui le cherche le trouve. » Et le rabbin répond : « Dieu est partout. Dieu est ici. »"

Hitler m’a dit, Hermann Rauschning, publié en 1939, réédition, Livre de Poche, collection Pluriel, LGF, 1979

 

 

Canons

La première mention du canon date de 1326 ou 1338 (sur des navires génois), des bombardes sont utilisées par les Anglais à Crécy (1346) 'pour effrayer les chevaux' ; un siècle après il peut détruire les fortifications et met fin à la féodalité.  Eric Jones

 

 

Canuts

« Cet animal est si féroce qu'il se défend quand on l'attaque ! »

Louis Auguste Blanqui; dans sa défense des accusés canuts au procès de Riom, 1832

 

 

Capitalisme

« La bourgeoisie a créé de toutes autres merveilles que les pyramides d’Égypte, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques, elle a mené à bien de toutes autres expéditions que les invasions et les croisades. C’est elle qui, la première, a fait voir ce dont est capable l’activité humaine. »

Karl Marx, Manifeste

 

“Corporate executives, who cheat investors, steal savings and squander pensions will meet the judgment they fear and the punishment they deserve.”

Attorney general John Ashcroft, on the arrests of two former WorldCom executives.

 

« Le succès du capitalisme est autant dû au rôle de l'État qu'à celui du marché. » Amartya Sen

 

« Bien qu'adepte du libre-marché, j'éprouve des réserves vis-à-vis du capitalisme. » Peter Drucker, Au-delà du capitalisme, Dunod, 1993.

 

« Le capitalisme retira ce fardeau (les obligations charitables du Moyen Âge) de la production : il ne restait plus rien entre le travailleur et la famine, sauf sa volonté de travailler, quand et si les nouveaux entrepreneurs faisaient appel à lui, à leurs conditions rigoureuses. » Lewis Mumford, The City in History, Harcourt, Brace and World, NY, 1961

 

 

Carnegie

“Individualism, Private Property, the Law of Accumulation of Wealth, and the Law of Competition are the highest results of human experience, the soil in which society so far has produced the best fruit... the best and most valuable of all that humanity has yet accomplished.”

(L'individualisme, la propriété privée, la loi de l'accumulation des richesses et la loi de la concurrence sont les résultats les plus élevés de l'expérience humaine, le terreau où la société a jusque là produit les meilleurs fruits... les meilleurs et les plus valables de tout ce que l'humanité ait jamais accompli)

Andrew Carnegie (1835-1919), The Gospel of Wealth, Doubleday & Cy, 1933

 

 

Cartes

Pourquoi, sur les cartes, mettre le nord en haut, se demandent en particulier les gens des antipodes ?  Sans raison particulière, à part que les Européens – les premiers à faire le tour du monde et donc à fabriquer la plupart des cartes – vivent au nord, et comme ils pensaient que le haut était mieux que le bas, ils mirent le nord en haut sur leurs cartes.

 

 

Cassin

« Ce n'est pas en attendant la victoire, c'est en la gagnant toi-même que tu retrouves ta grandeur. » René Cassin

 

 

Céline

– La race (française), ce que t'appelles comme ça, c'est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C'est ça la France et puis c'est ça les Français.

– Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !...

L.F. Céline, Voyage au bout de la nuit, Paris, 1932

 

 

Cervantès

« Il faut que tu saches, Sancho, que dans cette époque de fer, je suis venu pour rétablir l'âge d'or. »   Don Quichotte

 

“Dos linajes solos hay en el mundo, como decía una agüela* mía, que son el tener y el no tener.”

Sancho Pança à Don Quichotte, dans Don Quijote de la Mancha, de Miguel de Cervantes Saavedra

* « "Agüela" est une forme archaïque de "abuela". Elle restait dans le parler populaire, non lettré, déjà à l'époque de Cervantès. Qui fait s'exprimer Sancho de cette façon pour souligner sa rusticité par rapport au Quichotte qui parlait une langue archaïque aussi mais livresque, pas rustique du tout. Parce qu'elle était nourrie de ses lectures. » (précision de Léo Beker)

 

– Metafisico estais !

– Es que no como !

 (– Je vous trouve d'humeur métaphysique !

  – C'est parce que je ne mange point !)

Dialogue entre l’âne de Sancho et Rossinante, dans le prologue du Quichotte

 

 

Char

« Tu es pressé d'écrire

Comme si tu étais en retard sur la vie

S'il en est ainsi fais cortège à tes sources

Hâte-toi

Hâte-toi de transmettre

Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance. »

René Char, Commune présence, 1934

 

 

Chine

“The Communist Party is history unless it can deliver growth…”

Avis partagé par tous les dirigeants chinois (« Le Parti est enterré s’il n’arrive pas à produire de la croissance »).

 

“China cannot afford to have a growth rate of 3 % or 2 %. You have to keep things going. That’s the fate of a developing country. If you stop, you’re dead.” Fan Gang, économiste à Beijing

 

Un collègue de Bordeaux avait dans les années soixante un étudiant un peu naïf qui faisait une thèse sur l'économie de la Chine. Il devait se rendre là-bas pour un voyage d'études. Habitant Lacanau, il va à la gare et demande au guichet un billet pour Pékin... L'employé le regarde et lui répond : Oh là là, on ne peut pas faire ça ici, il faut aller à Bordeaux... À la gare centrale de Bordeaux on lui dit la même chose, qu'on ne peut pas le faire, qu'il faut aller à Paris. Il va donc dans la capitale et, gare de l'Est, même réponse : impossible, il faut essayer à Berlin, Berlin-Est peut-être... Toujours décidé, il prend le train pour Berlin-est, puis pour Moscou et enfin il arrive à Pékin par le Transsibérien.

Au bout de six mois de séjour et de travail, il songe à rentrer et se rend à la gare de Pékin. Il demande à l'employé : s'il vous plaît, pourrais-je avoir un billet aller simple pour Lacanau ? L'employé met un moment pour répondre et finalement lui dit : Lacanau-ville ou Lacanau-océan ?

 

« Pékin, capitale des empereurs manchous... aux portes du Nord, six mois de l'année dans le froid épouvantable de la Sibérie - vent diabolique, neige et glace mêlées... »   Braudel

 

« Entre le Ier siècle avant JC et le XVe la civilisation chinoise est beaucoup plus efficace que la civilisation occidentale pour appliquer les connaissances à la satisfaction des besoins humains fondamentaux, les institutions fondées sur le mérite étaient également plus rationnelles. » J. Needham

 

 

Christianisme

« Nul marchand ne sera sauvé. »  La Bible

 

 

Winston Churchill

“You can always rely on America to do the right thing… once it has exhausted the alternatives.”

 

Le délégué britannique tint ce discours à ses collègues, avant de quitter la réunion : “The future treaty which you are discussing has no chance of being agreed. If it was agreed, it would have no chance of being ratified. And if it was ratified, it would have no chance of being applied. Even if it was applied, it would be totally unacceptable to Britain.” Churchill de son côté annonça : « We are with them but not of them. »

 

« Et un glas sonnait à l'oreille des vainqueurs, même à l'heure de leur triomphe. »

Winston Churchill, 1927

 

Réévaluation de la livre en mai 1925, Churchill, chancelier de l’échiquier, 51 ans, « La livre peut regarder le dollar en face » (un député libéral) ; « la GB a accompli un geste qui l’ennoblit » (The Economist)

 

 

Paul Claudel

Le personnage de Thomas Pollock Nageoire dans la pièce de Claudel, L’échange, est inspiré de William Crapo Durant, fondateur de General Motors et spéculateur.

 

Claudel, ambassadeur à Washington, quand Hoover propose en 1931, sans consulter ses alliés, un moratoire sur les dettes, n’avertit le Quai d’Orsay qu’après coup, remarque de Edouard Herriot :

« Comme poète je l’admire, mais je ne le comprends pas ; comme ambassadeur, je le comprends, mais je ne l’admire pas. »

 

 

Cléopâtre

Age cannot wither her, nor custom stale

Her infinite variety: other women cloy

The appetites they feed ; but she makes hungry

Where most she satisfies   (Enobarbus)

Antoine et Cléopâtre, Acte II, sc. 2, 1606

(L'âge ne saurait la faner, ni l'habitude gâter son infinie variété :

Les autres femmes rassasient les appétits qu'elles provoquent ;

Mais elle rend affamé là où elle satisfait le plus. Ou :

L’âge ne peut la faner, ni l’accoutumance entamer

Sa variété infinie. D’autres femmes accablent

Les appétits qu’elles rassasient, mais elle affame

Là où elle comble le plus.)

 

 

Climat

« Il faut se souvenir qu'avec un demi degré de température moyenne en moins sur l'Europe, c'était les grandes famines qui ont donné la Révolution française. »

Laurent Labeyrie, Colloque de l'Union européenne, Bruxelles, juin 1996

 

 

Coase

« Quand un économiste trouve quelque chose – une pratique quelconque dans le monde de l'entreprise – qu'il ne comprend pas, il recherche une explication dans le monopole. Et comme nous sommes très ignorants dans ce domaine, le nombre de pratiques incompréhensibles est plutôt élevé, et le recours aux explications monopolistiques fréquent. »

R. Coase, Industrial Organization: a Proposal for Research, NBER, 1972

 

« Nous avons moins à craindre des institutionnalistes qui ne sont pas des théoriciens, que des théoriciens qui ne sont pas des institutionnalistes. »

R. Coase, The Regulated Industries: Discussion, AER 54, mai 1964

 

 

Albert Cohen

– Allons, ami, s’écria Mangeclous en l’enlaçant, buvons d’un cœur vaillant et profitons de notre temps de vie ! Foin des discriminations raciales ! Et même je suis prêt à crier gloire au seigneur Jésus, fils de dame Marie, à condition que de ton côté, bon Hyppolite, tu cries gloire au seigneur Moïse, ami intime de Dieu ! Et bref que vivent les Chrétiens car ils ont du bon ! Sur quoi, de religions différentes, mais amis jurés jusqu’à la mort, buvons et chantons et embrassons-nous avec grâce car ce jour est de fête et l’amitié est le sel de la vie !

Albert Cohen, Belle du seigneur

 

 

Collectivisation des terres

“The dreams of modernizers have often become the stuff of peasant nightmares.” Esther Kingston-Mann, In search of the true West: culture, economics, and problems of Russian development, Princeton, 1999

 

 

Christophe Colomb

« Les coffres d'Isabelle de Castille étaient pleins des richesses confisquées aux juifs quand elle y puisa pour financer l'expédition de Colomb. » Jones

 

 

Colonisation

« …This exporting of felons to the colonies… implies returns… There can be no trade without them. And rattlesnakes seem the most suitable returns for the human serpents sent us by our Mother Country. » Benjamin Franklin, Pennsylvania Gazette, 1751

 

“Brave men are we, and be it understood,

 We left our country for our country's good.”

Chant d'émigrants britanniques au XIXe siècle.

 

« Sir, they [the Americans] are a race of convicts, and ought to be thankful for anything we allow them short of hanging. » Samuel Johnson, 1769, Boswell’s life of Johnson

 

« Commercez avec eux, prenez leurs denrées, portez-leur les vôtres, mais ne les enchaînez pas ! »

Diderot (1713-1784), à propos des peuples des îles du Pacifique rencontrés par Bougainville (1729-1811, Voyage autour du monde, 1771)

 

“You taught me language; and my profit on't

Is, I know to curse. The red plague rid you

For learning me your language.”

(Vous m'avez appris à parler, et le profit que j'en retire est de savoir comment vous maudire. La peste rouge vous ronge pour m'avoir appris votre langage !)           (Caliban)

La Tempête, (I, 2), William Shakespeare, 1611

 

« Cette île, elle était à moi de par Sycorax, ma mère, tu me l'as prise... Ah ! Que je sois maudit ! Car aujourd'hui je suis sous ta loi, moi qui étais mon propre roi. »    (Caliban)  La Tempête, William Shakespeare, 1611

 

 

Commerce

« Toutes les mers sont parcourues par des vaisseaux marchands, qui naviguent en sûreté pour exercer le commerce que les nations établissent entre elles, par ce désir naturel d’entretenir une société, et de faire en sorte que l’abondance des unes vienne au secours de la disette des autres. » Philon d’Alexandre, Ier siècle

 

« Supprimez le commerce, vous supprimez l’alliance du genre humain. » Florus, écrivain d’Afrique du Nord, IIe siècle après le Christ

 

« L’achat et la vente semblent avoir été institués pour l’avantage mutuel des deux parties, puisque l’une a besoin de quelque chose qui appartient à l’autre, et réciproquement. » Saint Thomas d’Aquin (1227-1274)

 

« Nous brasserons encore des affaires, garçon, s'écria le vieux marchand en se levant et en agitant les bras. Vois-tu, mon gendre, il n'y a que le commerce ! Ceux qui se demandent quel plaisir on y trouve sont des imbéciles. Être à la piste des affaires, savoir gouverner sur la place, attendre avec anxiété, comme au jeu, si les Étienne et compagnie font faillite, voir passer un régiment de la garde impériale* habillé de notre drap, donner un croc-en-jambe au voisin, loyalement, s'entend ! Fabriquer à meilleur marché que les autres ; suivre une affaire qu'on ébauche, qui commence, grandit, chancelle et réussit, connaître comme un ministre de la police tous les ressorts des maisons de commerce pour ne pas faire fausse route ; se tenir debout devant les naufrages ; avoir des amis, par correspondance, dans toutes les villes manufacturières, n'est-ce pas un jeu perpétuel, Joseph ? Mais c'est vivre, ça ! »

Balzac, La Maison du chat-qui-pelote, 1829

* L'action de la nouvelle, écrite en 1829, se déroule en 1812.

 

 

Commune de Paris 

« Le murmure de cette révolution qui passe, tranquille et belle, comme une rivière bleue... »    Jules Vallès

 

 

Compagnies de commerce

VOC 1620-1795

 

 

Communisme

« Le salaire tombait aussi sûrement que le soleil se lève. »  Janusz Weiss, satiriste polonais

 

« Il est vrai que pendant le communisme nous étions tous égaux, tous la même merde ! »   ibid.

 

 

Comptabilité nationale

Les premiers calculs de Comptabilité nationale datent de 1924 : Arthur Lyon Bowley et Josiah C. Stamp, National Income, Braudel, 1979

 

 

Concision

George Bernard Shaw, empruntant à Blaise Pascal, ou à Voltaire, s'excusa un jour d'avoir écrit une longue lettre parce qu'il n'avait pas eu le temps d'en écrire une courte !

 

 

Confiance

« Comme il existe un certain degré de dépravation dans l'homme qui demande une dose de méfiance et de circonspection, il y a aussi d'autres qualités dans la nature humaine qui justifient une part d'estime et de confiance. »

James Madison

 

 

Confucius

Quand le savoir se répand

La volonté devient sincère

 

Quand la volonté est sincère

L'esprit pense correctement

 

Quand l'esprit pense correctement

Le moi est cultivé

 

Quand le moi est cultivé

Le clan est en harmonie

 

Quand le clan est en harmonie

Le pays est bien gouverné

 

Quand le pays est bien gouverné

La paix se répandra sur la terre.

Kong Fu-tseou, Le grand apprentissage

 

 

Congés

Un avantage peu souligné des pays protestants en Europe est l'excès des jours de congé pour célébrer les Saints dans les pays catholiques, ce qui nuit évidemment à la production. Les protestants suppriment sans ambage toutes ces fêtes, en Angleterre, en Allemagne, en Hollande, etc., alors que les pays catholiques comme la France ont plus de mal à les réduire : ainsi Colbert parvient à les diminuer en 1666, mais il en reste encore 92 dans l'année !

 

 

Congress

“We're also visitors today in the home of 68 endangered species and the only place on earth where crocodiles and alligators live side by side. We're kind of hoping that's the way it gets to be in the United States Congress.”  President BUSH, in the Everglades, mai 2001.

 

 

Conseiller

« La règle numéro 1 du conseiller en communication, c’est de mettre les voiles avant l’annonce des résultats. Parce que si ton candidat est battu, il va vouloir ta peau, et s’il est élu, ses adversaires vont te faire ta fête. » Andreï Kourkov, Le Pingouin

 

 

Benjamin Constant

« Je n'avais point de passeport, mais dans cet heureux temps, il n'y avait point toutes les difficultés dont chaque démarche a été hérissée, depuis que les Français, en essayant d'être libres, ont établi l'esclavage chez eux et chez les autres. »   Benjamin Constant, Le Cahier rouge, 1811

 

 

Coolidge

Calvin Coolidge, chanceux, il part en mars 1929 (président 1924-28), laissez faire et conservatisme (Coolidge prosperity). Harding, 1920-1924, Hoover, 1928-32, Wilson, 1914-1922

The chief business of American people is business

The man who builds a factory builds a temple

Veto à l’aide aux paysans et au bonus des vétérans

Si vous ne dites rien, vous êtes sûr qu’on ne va pas le répéter…

Neuf sur dix des problèmes vont aller dans l’ornière avant de vous atteindre

Le problème de cette philosophie, dit Hoover, c’est le dixième, lorsqu’il vous atteint sans préparation (ex. l’orgie de folie spéculative, Hoover)

Coolidge, mort en 1933 : Comment on pouvait le savoir ?

1928 : le pays devrait regarder le présent avec satisfaction et envisager l’avenir avec optimisme

Mars 1929 : À leur cours actuel, les actions sont bon marché

 

 

Coolies

« Le travail de l'ouvrier anglais bien rétribué était en fait meilleur marché que celui du coolie, aussi mal payé soit-il, dans la mesure où sa productivité était infiniment plus grande. » (Hobsbawm, 1975)

 

 

Corruption

“Power tends to corrupt, and absolute power corrupts absolutely.” Lord Acton

 

« Lord Acton, qui vivait au XIXe siècle, avait prévu mieux que Marx l'apparition diabolique de Hitler et de Staline : "Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument." (...) À quel degré de corruption est arrivé un homme, Fidel Castro, qui a exercé le pouvoir absolu pendant quarante longues années ? »

Guillermo Cabrera Infante, écrivain cubain en exil, Le Monde, 17/11/1999

 

 

Corse

La Corse est reconquise par les chrétiens (Génois) en 1091 sur les musulmans.

 

 

Coup de foudre

« Athènes me montra mon superbe ennemi.
Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler
Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
Je reconnus Vénus et ses feux redoutables,
D'un sang qu'elle poursuit, tourments inévitables.
Par des vœux assidus je crus les détourner :
Je lui bâtis un temple, et pris soin de l'orner.
De victimes moi-même à toute heure entourée,
Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée.
D'un incurable amour remèdes impuissants
En vain sur les autels ma main brûlait l'encens :
Quand ma bouche implorait le nom de la Déesse,
J'adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse,
Même au pied des autels que je faisais fumer,
J'offrais tout à ce dieu que je n'osais nommer.
Je l'évitais partout. Ô comble de misère !
Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père.
Contre moi-même enfin j'osai me révolter :
J'excitai mon courage à le persécuter.
Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre,
J'affectai les chagrins d'une injuste marâtre ;
Je pressai son exil, et mes cris éternels
L'arrachèrent du sein et des bras paternels.
Je respirais, Œnone ; et, depuis son absence,
Mes jours moins agités coulaient dans l'innocence.
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaines précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J'ai revu l'ennemi que j'avais éloigné :
Ma blessure trop vive aussitôt a saigné.
Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C'est Vénus toute entière à sa proie attachée. »

Racine, Phèdre, Acte I, scène 3

 

« Ce fut le temps d'un battement de paupière et elle me regarda sans me voir, et ce fut la gloire et le printemps et le soleil et la mer tiède et sa transparence près du rivage et ma jeunesse revenue, et le monde était né. »

Albert Cohen, Belle du seigneur

 

 

Crise 

« La crise de 1847 est une crise de l'investissement ferroviaire. » F. Caron

 

 

Crise de 29

« Sous ma fenêtre, un homme s'est jeté du quinzième étage et s'est écrasé sur le sol, provoquant par ce fait une violente émotion et l'apparition sur les lieux d'une brigade de pompiers. » Winston Churchill, in Warshow (1930)

 

Oakies

“The scene was a small roadside cafe

 The waitress was sweeping the floor

 Two truck drivers drinking their coffee

 And two Okie kids by the door

 "How much are them candies?" they asked her

 "How much have you got?" she replied

 "We’ve only a penny between us"

 "Them’s two for a penny" she lied

 One truck driver called to the waitress

 After the kids went outside

 "Them candies ain’t two for a penny"

 "So what’s it to you?" she replied

 In silence they finished their coffee

 And got up and nodded good bye

 She called, "Hey you left too much money"

 "So what’s it to you" they replied.”

Kris Kristofferson, Here comes that rainbow again, Highwaymen, The road goes on forever

 

“Only in America, with nothing but a dream,

  Only in America, where every man's a king!”

Johnny Cash, Harley

(la formule Every Man is a King était un des slogans de Huey Long, leader populiste de Louisiane)

 

« Le libre flot du commerce multilatéral fut brisé et enfermé dans d’étroits canaux bilatéraux. »

 

Les moteurs des Bugatti Royales, voitures de luxe sans clients du fait de la crise, vont finir par équiper les autorails.

 

« De tous les mystères de la Bourse, il n'en est pas de si impénétrable que la raison pour laquelle il existe un acheteur pour quiconque veut vendre. Le 24 octobre 1929 montra que ce qui est mystérieux n'est pas inévitable. Souvent, il n'y eut pas d'acheteurs, et c'est seulement après de nombreuses chutes verticales qu'il se trouva des gens pour faire une offre d'achat. »   Galbraith (1961)

 

« Peut-être que Herbert Hoover et Henry Ford avaient raison : des salaires réels plus élevés se payent tout seuls, en ce sens que leur effet positif sur la demande globale compense leur tendance à accroître les coûts. » Ben S. Bernanke, 2000

 

« Peu après le jeudi noir, des histoires de suicides commencèrent à paraître dans les journaux avec une certaine régularité. Curieusement, et bien que certains mythes l'aient souligné, peu de gens suivirent alors la méthode classique consistant à sauter par la fenêtre d'un étage supérieur. Un candidat au suicide se jeta dans la rivière Schuylkill, mais il changea d'idée quand il toucha l'eau et il fut repêché... » J.K. Galbraith , 1961

 

« At particular times a great deal of stupid people has a great deal of stupid money and there is speculation and there is panic. »  Walter Bagehot

 

« La mémoire incroyablement courte à la fois des praticiens et des théoriciens de l'économie fournit une illustration saisissante du besoin de la société pour les historiens, ces professionnels de la mémoire chargés de rappeler à leurs concitoyens ce qu'ils souhaiteraient justement oublier. »   Hobsbawm, 1994

 

« La machine à spéculer qui fonctionne en Amérique n'est pas faite pour éviter les crises, mais pour les surmonter. »

Winston Churchill, in Warshow, 1930

 

« Il ne dépendait pas des États-Unis de ne pas dépendre à quelque degré du reste du monde. » (formule de l'entre-deux-guerres)

 

« La thésaurisation fut la loi » (Baumont).

 

« La principale cause de la grande dépression fut la guerre de 1914-1918 » Mémoires de Hoover

Miami, bourgade marécageuse en 1920, trente mille habitants, boom spéculatif jusqu’en 1927 (Coconut tree, premier film des Marx brothers), deux ouragans en septembre 1926, 400 morts, effondrement.

Visite des banquiers centraux à Benjamin Strong, 1927, Hjalmar Schacht, Charles Rist, Montagu Norman, baisse des taux pour décourager les placements européens à NY, de 4 à 3 %, mais encouragement à la spéculation, financée à crédit.

Spéculation contre la livre, sorties massives de capitaux, dévaluation de la livre, abandon de l’étalon-or, adopté en 1821, le 21 septembre 1931 : Avec le sterling, un mythe s’écroule (la Stampa de Turin), Montagu Norman fait une dépression nerveuse, il part se remettre au Canada pour ne pas voir la suite…

Une livre s’échangeait à 4,86 dollars, elle passe à trois dollars à New York le 22 septembre, c’est un hold-up, une livre est encore une livre, s’exclame un voyageur anglais…

Réussite, plus retour au protectionnisme, crise chez les partenaires comme en France.

Toutes les réserves en livres (un milliard de dollars à la BF) vont perdre de 20 à 35 % de leur valeur en or.  A Londres, sort Monkey Business des Marx Bros, Monnaie de singe…

 

Onze suicides de spéculateurs le 24 octobre.

 

Les actions de Mr Jones (Bertrand de Jouvenel) :

En 1921, actions RCA/Goodyear, 2 et 5 dollars

1924 12 et 30

1927 20 et 70

sept. 29 114 et 154

nov. 29 26 et 60

1930 12 et 35

 

 

Critique

“People ask for criticism, but they only want praise.”    Somerset Maugham

 

 

Cuba

« Castro a fait fusiller quatre fois plus de gens que Pinochet. » J.-F. Revel, Le Monde, 26/11/1999

 

 

Culture

– I should have thought London offered a fairly spirited and various life.

– London doesn't offer life at all – it offers culture. Oh, they bore me to extinction, the people I go and see, all talking of the same things and so satisfied in their narrow outlook! Just think what culture is. It means that you go to first-nights at the theatre and to private views at the Academy; you rave over Leonora Duse and read the Saturday Review; you make a point of wading through the latest novel talked of in Paris, discuss glibly the books that come out here, and occasionally meet at tea the people who write them. You travel along the beaten track in Italy and France, much despising the Cook's tourist, but really no better than a vulgar tripper yourself; you're very fond of airing your bad French, and you have a smattering of worse Italian. Occasionally, to impress the vulgar, you consent to be bored to death by a symphony concert, you go into fashionable raptures over Wagner, collect paste buckles, and take in the Morning Post.

– Spare me, cried Miss Ley, throwing up her hands; I recognize a particularly unflattering portrait of myself.

The merry-go-round, 1905

 

 

Pierre Dac

« Tous pour un, un pour tous, et 25 pour cent. »

 

« L'avenir, c'est du passé en préparation. » Pierre Dac (1898-1977)

 

 

Déclin

“When great institutions decline they do not suddenly fall over a precipice, they simply slide down the slope, a little further each year, in a genteel way, making do in their reduced circumstances, like a spinster in an Edwardian novel.” Lord Baker

 

 

Décollage

« Si le siège du décollage réside dans la zone des industries manufacturées, il serait inepte de chercher à localiser la discontinuité en étudiant les données agrégées globales comme le Revenu national... Au moment où l'industrie est devenue assez importante pour affecter les grandeurs nationales, la période excitante de la grande poussée peut très bien être dépassée depuis longtemps... L'incapacité de Rostow à tenir compte de ce point a largement affaibli son concept de décollage. »

A. Gerschenkron

 

 

Defoe

La multiplication des instruments financiers qui caractérise notre temps n'est pas vraiment nouvelle. Daniel Defoe, regrettait déjà en 1720, le temps où “there were no bubbles, no stock-jobbing, ... no lotteries, no funds, no annuities, no buying of navy-bills and public securities, no circulating exchequer bills”, cité par Braudel, 1979, t. 3, p. 323.

 

 

De Gaulle

« Parfois les militaires, s’exagérant l’impuissance relative de l’intelligence, négligent de s’en servir. »

 

Dans les années soixante, le général De Gaulle qualifie le ministre japonais des Affaires étrangères de « commis-voyageur en transistors »…

 

 

Démocrates/républicains (US)

En 1933, on constate une domination républicaine depuis la guerre de Sécession, sauf Wilson (1913-1921) et Cleveland (85-89 et 93-97)

 

 

Démocratie

« Dans la majorité se trouve le tout. » Hérodote

 

Gilles Martinet explique comment François Furet découvre à la fin de siècle que « Démocratie et marché forment un couple inséparable, bien que conflictuel en raison de l'aspiration à l'égalité que nourrit la démocratie ». « Écrire cela, dit l'historien, ce n'est pas faire l'apologie du capitalisme, mais reconnaître l'universalité ambiguë du système que nous avons cru pouvoir, à tort, dépasser. »

Le Monde, 26/2/99

 

“Democracy is supposed to give you the feeling of choice, like Painkiller X and Painkiller Y. But they’re both just aspirin.”

“Apparently, a democracy is a place where numerous elections are held at great cost without issues and with interchangeable candidates.”    Gore Vidal

 

“Surely the board knows what democracy is. Democracy is the score at the beginning of the ninth. It is an idea which hasn’t been disproved yet, a song the words of which have not gone bad. It’s the mustard on the hot dog and the cream in the rationed coffee.”

E. B. White, being asked by the Writers’ War Board, a group of prominent artists during World War II, “What is democracy?”

 

 

Démographie

« La vieillesse, accident heureux », Chaunu, sur la démographie aux Temps modernes

 

« Deux naissances pour produire un adulte. » Goubert

 

 

Densité

« En Egypte au premier siècle avant JC la densité était de 279 habitants au km2 ; en Chine, elle était de 71 à 213 selon les provinces au début du XXe siècle ; en Hollande, au XVIe siècle, la partie la plus peuplée d'Europe, la densité n'atteignait que 37. »    Eric Jones

 

 

Députés

« Un jour, dans les trois premiers mois de 1873, son tailleur lui apporta une redingote ; quand il essaya de la boutonner, il rencontra une certaine résistance. Il avait engraissé légèrement. Cette découverte le désola. Il était assez joli homme et avait des prétentions. Il s’en alla trouver son médecin.

  Je suis très inquiet, lui dit-il.

  Vous êtes malade ?

  Non, mais j’engraisse.

  Faites-vous de l’exercice ?

  Pas du tout. Je passe mes journées assis dans la salle de spectacle de Versailles (l’Assemblée nationale), et mes soirées assis dans les salles de spectacle de Paris.

  Vous pouvez, le matin, sortir et marcher.

  Le matin, je dors. Je n’ai jamais pu me lever avant dix ou onze heures. J’ai un grand besoin de sommeil.

  Il faut prendre l’air et marcher, marcher beaucoup, au moins trois ou quatre heures par jour. Il n’y a pas d’autre remède contre les premières atteintes de l’obésité. Marchez le matin, ou marchez le soir, puisque, dans la journée, vous êtes impérieusement retenu par les séances de la Chambre.

Marcher le matin, et pour cela sacrifier son sommeil, jamais !

Marcher le soir, et pour cela sacrifier R., jamais non plus !

M. sacrifia les séances de la chambre. Il alla cependant toujours à Versailles ; ces petits voyages en chemin de fer avaient eu l’approbation de son médecin… C’était, sachez-le bien, une existence très saine que celle de nos législateurs, lorsque les chambres siégeaient à Versailles. La statistique a établi, de façon péremptoire, que la mortalité parlementaire s’est beaucoup élevée depuis le retour à Paris…

M. continuait donc d’aller à Versailles ; seulement, une fois arrivé, il ne faisait que traverser le palais ; il se montrait un peu, errait, pendant une dizaine de minutes, à travers les gradins, distribuait une cinquantaine de poignées de main, puis s’en allait faire dans le parc d’immenses promenades. Son nom pourtant figurait dans tous les votes ; c’était le point essentiel ; il avait dit à son voisin de droite, qui, lui, ne s’absentait jamais :

– Quand il y aura un scrutin, faites pour moi comme pour vous.

M., grâce à ce régime d’entraînement, se trouva, au bout de six mois, fort à l’aise dans sa redingote. Il avait maigri. Voilà donc quelle était sa vie,et pourquoi les travaux législatifs lui semblaient légers, et comment il était fort disposé à continuer ses promenades de santé dans le parc de Versailles, lesquelles promenades, annuellement, lui rapportaient… ou plutôt rapportaient à R. une dizaine de milliers de francs ; en effet un jour qu’elle avait consenti à congédier un petit blondin qui inquiétait M., celui-ci, dans un élan de reconnaissance, avait abandonné à la jeune actrice du Palais-Royal son traitement de député… Elle était devenue partie prenante au budget. Aussi conseillait-elle à M. de ne pas renoncer à la vie politique et de soutenir énergiquement la lutte dans l’arrondissement de Saint-Chamand. »

Ludovic Halévy, Trois coups de foudre, 1881 (extrait)

 

 

Dette

À propos de la dette publique croissante, David Hume écrivait vers 1750 : « Ce ne peut être que l'une de ces deux catastrophes, ou la nation détruira le crédit public, ou le crédit public détruira la nation », cité par Braudel, 1979, t. 3, p. 324

 

 

Développement

« Si les pays riches abandonnaient leurs mesures protectionnistes, le gain pour les pays les plus défavorisés d’ici 2005 serait de l’ordre de sept cents milliards de dollars, soit quatorze fois le total des aides annuelles qui leur sont accordées, selon une étude des Nations Unies. Une des conditions du développement est l’investissement international, difficile à obtenir dans des pays où règnent la corruption et parfois la guerre. En somme, c’est davantage de mondialisation et pas le contraire qui permettrait aux pays du Sud de s’en sortir. »

Florin Aftalion, à propos du livre d’André Fourçans, La mondialisation racontée à ma fille, Seuil, 2001, dans Commentaire, n° 95, automne 2001.

 

« On me reproche de battre mes enfants, mais que dois-je faire lorsqu'ils pleurent parce qu'ils ont faim ? Je les frappe pour qu'ils arrêtent de pleurer. »  La voix des pauvres, Banque mondiale, mars 2000

 

« From Amartya Sen to Deirdre McCloskey, economists in the contemporary scene perceive a need to get closer to real humans and their problems of adjustment in a market society. Perhaps the time is ripe to reintroduce social work, which still knows something about the poverty of humans, to economics, which still knows something about the wealth of nations. »

Stephen T. Ziliak, JEH, 60(4), dec. 2000, à propos du livre The Professionalization of Poverty: Social Work and the Poor in the Twentieth Century, Nelson Reid et Gary Lowe ed., New York: Aldine de Gruyter, 1999 

 

« Pour comprendre combien nos idées sont importantes comparées à nos biens tangibles plus familiers, imaginons que tous les objets fabriqués par l'homme soient détruits à part les livres. Demandons-nous en combien de temps nous retrouverions nos niveaux de vie habituels. Maintenant supposons que tous nos objets soient préservés, mais que les livres soient détruits, et que toutes les connaissances stockées dans nos ordinateurs et dans nos cerveaux soient effacées – même les idées fondamentales comme l'alphabet ou le système numérique. Dans ce deuxième cas, nous aurions toujours des objets utiles comme les maisons, mais nos perspectives économiques seraient sombres. »     Paul Romer

 

“If we learn anything from the history of economic development, it is that culture makes all the difference.”   David Landes, The Wealth and the Poverty of Nations: Why Some Are So Rich and Some So Poor, Norton, 1998, p. 56

 

« (Les théoriciens de la dépendance) ont une propension morbide à rejeter la faute du sous-développement sur tout le monde, sauf sur les pays pauvres eux-mêmes ; en faisant cela, ils les condamnent à l'impuissance économique. Même s'ils avaient raison, il serait préférable de les faire taire. »   David Landes, The Wealth and the Poverty of Nations: Why Some Are So Rich and Some So Poor, Norton, 1998, p. 328 (ital. dans l'original).

 

« La principale condition qui favorise le développement de l'entreprise est la sécurité des personnes et de la propriété. »

W. Cunningham, Modern Civilisation in some of its Economic Aspects, Methuen, 1896

 

 

Dickens

Sydney Carton, héros de Dickens (A Tale of two Cities), qui par amour pour une femme monte à l'échafaud, sous la Révolution française, à la place de son mari.

 

« M. Gradgrind était assez dur, mais il était loin d'être aussi rude que M. Bounderby. Il n'était pas méchant, à tout prendre ; il aurait même pu rester très bon, sans une grosse erreur de calcul qu'il avait commise, bien des années auparavant, en établissant le bilan de son caractère. »

Charles Dickens, Hard Times, 1854

 

 

Dictature

« Plus un État offre de droits, plus il est démocratique, plus il offre de devoirs, moins il l'est. »   Robert Misrahi

 

 

Discussion

« Seuls les naïfs peuvent croire qu'une discussion vise à résoudre un problème ou à éclaircir une question difficile. En réalité, sa seule justification est d'éprouver la capacité des participants à désarçonner leur adversaire. L'enjeu n'est pas de vérité, mais d'amour-propre. »

Georges Picard, « Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison », Éd. José Corti, 1999 (compte-rendu dans le Monde des livres du 22/10/1999, p. V).

 

 

Benjamin Disraeli

“Never complain and never explain.”

« Un homme d'État a le devoir d'effectuer par des moyens pacifiques et constitutionnels tout ce que ferait une révolution par des moyens violents. »

“It would be a tragedy if anybody were to push Mr Gladstone into the river and a disaster if anybody were to pull him out again.”

 

 

Dos Passos

« Je veux m'élever avec le peuple et non au-dessus du peuple. »

« Tant qu'il y a une classe inférieure, j'en suis ; tant qu'il y a une classe criminelle, j'en suis ; tant qu'il y a une âme en prison, je ne suis pas libre. »

Eugene Debs (1855-1926), socialiste et syndicaliste américain, candidat à l'élection présidentielle entre 1900 et 1912, condamné à dix ans de prison en 1918 pour son opposition à la guerre (cité par John Dos Passos, 42ème parallèle, 1930)

 

 

Droits de l’homme

« D'ailleurs, n'est-ce pas des Anglais de culture européenne qui ont inventé en Amérique la déclaration des droits de l'homme ? Si, chronologiquement, les droits de l'homme sont nés en Amérique, c'est parce que les Anglais y ont fait cette révolution. Leur source, l'Habeas Corpus ou le Bill of Rights, se référaient au discours évangélique d'un Saint Thomas d'Aquin, par exemple, qui lui-même s'inspirait du mythe d'Antigone. La naissance géographique du mythe des droits de l'homme et du citoyen se situe en Amérique, mais sa genèse immédiate se trouve en Angleterre, sa genèse lointaine dans la civilisation européenne depuis Jérusalem et Athènes, et sa diffusion s'opère à partir de la France avec pour détonateur la Révolution française. Au total, malgré les tyrannies et les consentements à l'esclavage qui n'ont pas épargné l'Europe, il y a cette idée toujours présente qu'au cœur de chaque homme, serait-il prisonnier, il y a le droit à la liberté. C'est ça qui, fondamentalement, crée le lien et fait histoire commune. »

Charles-Olivier Carbonell, Le Monde, 1/2/2000, voir aussi Charles-Olivier Carbonell, dir., Une histoire européenne de l'Europe, Mythes et fondements, Privat, 2000 ; et C.-O. Carbonell, dir., D'une renaissance à l'autre, Privat, 2000

 

 

Duby

« Les hommes d'Église dénoncent ces « usuriers », ces « rongeurs de pauvres », comme le dit Guibert de Nogent, qui emplissent leur bourse de « gains affreux » et accumulent des « montagnes » de métaux précieux. »

« Le modèle culturel de la chevalerie "proposait en exemple, comme seule attitude digne de l'homme parfait, un certain comportement à l'égard de la richesse : ne pas produire mais détruire ; vivre en seigneur, de la possession de la terre et du pouvoir sur les hommes, sources des seuls revenus qui ne fussent pas tenus pour ignobles : dépenser follement dans la fête. »

« Une éthique de l'oisiveté cavalière et du gaspillage, le mépris de cet argent... (qu'on tient) pour une souillure de l'âme. »

Georges Duby, Guerriers et Paysans, Gallimard, 1973

 

 

Dumas

« La longueur ou la brièveté d'une matière n'est point soumise à une mesure matérielle : ou l'œuvre est intéressante, et eût-elle vingt volumes, elle semblera courte au public ; ou elle est ennuyeuse, et eût-elle dix pages seulement, le lecteur fermera la brochure et la jettera loin de lui avant d'en avoir achevé la lecture. »   A. Dumas

 

« L'Église et la Royauté, ces deux envoyés des ténèbres. » A. Dumas, La San Felice

 

 

René Dumont 

« On venait me chercher avec des motards à l'aéroport, mais quand je repartais, je devais prendre l'autobus. »

René Dumont, ("un « juste » certainement, mais un brin désuet avec sa dégaine de tiers-mondiste socialisant reconverti écolo ?" (Jean-Paul Besset, le Monde, « Le siècle de René Dumont », 17/3/2000)

 

 

École

« La loi Guizot de 1833 impose aux communes l'entretien d'une école primaire, et laisse la faculté aux conseils municipaux d'accorder la gratuité aux familles les plus pauvres. » Bichot, 1992

 

 

Économie

« Pourquoi est-ce que tant de gens s’accrochent si fermement à la notion de marchés efficaces ? Andrew Lo, un économiste du MIT, suggère qu’ils doivent souffrir d’un "désordre psychologique singulier connu sous le nom de jalousie de la physique"… Nous serions ravis d’avoir trois lois qui expliquent 99 % du comportement économique, mais à la place nous avons 99 lois qui expliquent peut-être 3 % de ce comportement. Néanmoins nous discutons comme si nous avions affaire à un phénomène physique. » The Economist, A survey of international finance, 18 mai 2002

 

« Les lois de l'économie politique ne peuvent pas plus être violées que celles de la physique. »    A. Toynbee, 1884

 

 

Économie de marché

« L'industrialisation est arrivée plus tôt dans les économies de marché, où non seulement les produits mais aussi les facteurs de production pouvaient être librement vendus et achetés. »    Eric Jones, The European Miracle, Cambridge University Press, 1981

 

 

Économie-monde

« L'Angleterre est devenue la maîtresse incontestée de l'économie-monde européenne vers les années 1780-1785 », Braudel, ibid.*

 

« Bordeaux au temps de Tourny*, c'est Versailles plus Anvers. »

Fernand Braudel, 1979, t. 3, p. 297

* Marquis de Tourny (1690-1760), intendant de Guyenne, il mena de grands travaux d'embellissement à Bordeaux.

 

 

Économie sociale de marché

L'économie sociale de marché en Allemagne selon Karl Schiller : « autant de concurrence que possible, autant de planification que nécessaire ».

 

 

Économies d’échelle

« Les économies d'échelle dans la construction d'une nation ont été poussées si loin que des États-nations homogènes de faible taille peuvent maintenant survivre et trouver des niches dans un marché mondial plus libre. »

Gary S. Becker, "Why So Many Mice Are Roaring", Business Week, 7 nov. 1994

 

 

Économistes

« Si les économistes pouvaient arriver à se faire considérer comme des gens humbles et compétents, à l'égal des dentistes, ce serait merveilleux. »  John Maynard Keynes

 

“One is not likely to be a good economist if he is nothing else”, John Stuart Mill

 

 

Éducation

« Les choses positives, dates, chiffres, grammaires, détails à retenir par cœur, bien qu'elles soient sèches, sont la matière première dont est faite toute connaissance scientifique ; comme la basilique de Saint-Pierre de Rome ou la cathédrale de Reims sont un ensemble de pierres dures, sèches, et dont aucune à part n'offre un intérêt particulier. »

 

« Mais, avant tout, Hérodote, Xénophon, Thucydide, Démosthène et le divin Platon, Homère — tels étaient les Grecs que nous lisions. Et Cornelius Nepos, César, Tite-Live, Salluste, Tacite, Ovide, Virgile, Catulle, Horace, les Romains.

Prends une histoire de la civilisation, de la science, de l'art, de la littérature, ces étoiles là y brillent ; elles y brillent depuis des siècles ; elles y brilleront encore des milliers d'années. Si tu n'apprends pas aujourd'hui à les connaître, tu ne les connaîtras jamais. Tu perds l'éternité pour toute ta vie. Comme j'aimerais avoir ici maintenant mon Virgile, mon Horace, mon Homère, mon Platon !

Combien sont redevenues vivantes pour moi telles odes d'Horace ! Elles me reviennent la nuit, dans mes nuits si longues, si longues, et me tiennent compagnie. »

Karl Liebknecht, lettre de prison à son fils à propos de l'école, 11 décembre 1917

Lettres du Front et de la Geôle, 1916-1918, Librairie de l'Humanité, 1924

 

 

Eichmann

"Si seulement les juges avaient osé s'adresser à l'accusé en ces termes... : « Vous avez dit que vous avez contribué à la solution finale par hasard, que n'importe qui ou presque aurait pu prendre votre place, de sorte que, selon vous, presque tous les Allemands sont, de manière potentielle, également coupables. Vous entendiez par là que si tout le monde ou presque est coupable, alors personne ne l'est... Devant la loi, la culpabilité et l'innocence sont des faits objectifs. Et vous ne seriez pas moins coupable si 80 millions d'Allemands avaient fait comme vous... Nous ne nous intéressons qu'à vos actes... Supposons donc, pour les besoins de la cause, que seule la malchance a fait de vous un instrument consentant de l'assassinat en série. Mais vous l'avez été de votre plein gré ; vous avez exécuté, et donc soutenu activement une politique d'assassinat en série. Car la politique et l'école maternelle ne sont pas la même chose : en politique obéissance et soutien ne font qu'un. Et parce que vous avez soutenu et exécuté une politique qui consistait à refuser de partager la terre avec le peuple juif et les peuples d'un certain nombre d'autres nations – comme si vous et vos supérieurs aviez le droit de décider qui doit et qui ne doit pas habiter cette planète –nous estimons que personne, qu'aucun être humain, ne peut avoir envie de partager cette planète avec vous. C'est pour cette raison, et pour cette raison seule, que vous devez être pendu. »"

Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, Gallimard, 1996

 

 

Einstein

« On ne peut résoudre les problèmes avec ceux qui les ont créés. » Albert Einstein

 

« Lorsque les Einstein revinrent en Californie en 1937, ils me rendirent visite. Il me serra affectueusement dans ses bras et m’avertit qu’il avait avec lui trois musiciens. « Nous allons jouer pour vous après le dîner. » Ce soir-là, Einstein fut un des exécutants d’un quartette de Mozart. Bien que son archet ne fût pas trop assurée et que sa technique manqua de souplesse, il jouait néanmoins avec extase, fermant les yeux et se balançant. Les trois musiciens, qui n’étaient guère enthousiasmés par la participation du professeur, suggérèrent discrètement qu’il devrait se reposer un peu pendant qu’eux-mêmes joueraient un autre morceau. Il acquiesça et vint s’asseoir avec nous pour écouter. Mais lorsqu’ils eurent joué plusieurs morceaux, il se tourna vers moi et me chuchota : « Quand est-ce que je rejoue ? » Une fois les musiciens partis, Madame Einstein, quelque peu indignée, affirma à son mari : « Tu jouais mieux qu’eux tous réunis ! » »

Charlie Chaplin, Histoire de ma vie, 1964

 

“Common sense is the collection of prejudices someone has acquired by the age of 18.” Albert Einstein

 

 

Eisenstein

« Le film d’Eisenstein, Ivan le Terrible, que je vis après la Seconde Guerre mondiale, est pour moi le sommet de tous les films historiques. Il traite l’histoire de façon poétique, ce qui est un excellent procédé. Quand je me rends compte à quel point des événements récents ont été déformés, l’histoire en tant que telle ne fait qu’éveiller mon scepticisme. Alors qu’une interprétation poétique donne l’atmosphère générale de la période en question. Après tout, il y a plus de faits et de détails valables dans les œuvres d’art qu’il n’y en a dans les livres d’histoire. » Charlie Chaplin, Histoire de ma vie, 1964

 

Sur Eisenstein, voir : Eisenstein: A Life in Conflict de Ronald Bergan, Little & Brown, 1998

 

 

Émigrés

« Messieurs les émigrés sont-ils les seuls qui aient éprouvé des pertes et des malheurs? Tous les intérêts n'ont-ils pas été froissés par la Révolution? Les créanciers de l'État, les capitalistes n'ont-ils pas été remboursés avec un papier-monnaie qui a péri dans leurs mains ? »

Commission chargée en 1814 de la restitution des biens des émigrés 

 

 

Énergie

James Boswell, l'ami du grand écrivain Samuel Johnson, qui visitait les fabriques de Boulton et Watt à Soho, déclara qu'il n'oublierait jamais la formule de Boulton : « Je vends ici, Monsieur, ce que le monde recherche le plus, de la puissance. » cité par Heilbroner, 1989

 

 

Enfer

“Hell is empty, and all the devils are here.”

Ariel, La Tempête, Shakespeare

 

 

Engels

« Toutes ces nations de libres barbares paraissent de loin très fières, nobles et glorieuses ; mais approchez-vous-en, et vous constaterez que, tout autant que les nations civilisées, elles sont dominées par l’avidité du gain, et ne font qu’y employer des moyens plus grossiers et plus cruels. Et tout compte fait, le bourgeois moderne, que suivent la civilisation, l’industrie, l’ordre, et au moins un relatif progrès intellectuel, est préférable au seigneur féodal ou au pillard errant, avec l’état social de barbarie auquel ils appartiennent. »

Friedrich Engels, dans Friedrich Engels et Karl Marx, Basic Writings on Politics and Philosophy, ed. Lewis S. Feuer, Anchor Books, 1959

 

 

Entrepreneur

« L'entrepreneur est quelqu'un qui achète à des prix certains et revend à des prix incertains. »    Richard Cantillon

 

 

Erreur

« Une erreur peut devenir exacte selon que celui qui l'a commise s'est trompé ou non. »   Pierre Dac (1898-1977)

 

 

Étalon-or

« Nous répondrons à ceux qui réclament l'étalon-or en leur disant : vous ne ceindrez pas le front du travailleur de cette couronne d'épines, vous ne crucifierez pas le genre humain sur une croix d'or. »

« Le jeune orateur du Pelatte », William Jennings Bryan, homme politique du Nebraska et grand orateur, défenseur de l'argent et du bimétallisme aux États-Unis dans les années 1900-1920, cité par John Dos Passos, 42ème parallèle, 1930

 

 

États-Unis

“America is new in its form and principles.” Thomas Jefferson

 

USA is the slice of a continent. USA is a group of holding companies, some aggregations of trade unions, a set of laws bound in calf, a radio network, a chain of moving picture theatres, a column of stock quotations rubbed out and written in by a Western Union boy on a blackboard, a public library full of old newspapers and dog eared history books with protests scrawled on the margins in pencil. USA is the world's greatest river valley fringed with mountains and hills. USA is a set of bigmouthed officials with too many bank accounts. USA is a lot of men buried in their uniforms in Arlington Cemetery. USA is the letters at the end of an address when you are away from home. But mostly USA is the speech of the people.”   John Dos Passos, USA, 1938

 

« Je me sentais libéré, comme toujours en Amérique, une sensation qui, je crois, avait à voir avec l'étendue même du pays, comme si l'élargissement de tout se répandait dans l'esprit et mettait des espaces entre les problèmes quotidiens. »   Dick Francis, The Danger, 1983

 

Trotski, réfugié en 1932 sur l’île de Prinkipo, près d’Istanbul, donne une interview au New York Times, au plus fort de la grande crise du capitalisme américain :

Q. Comment voyez-vous la position des États-Unis dans la situation mondiale actuelle ?

R. Je pense qu’un des résultats de la crise actuelle sera la prédominance de plus en plus marquée du capitalisme américain sur le capitalisme européen. De la même manière, on voit que le résultat de chaque crise est l’accroissement de la prédominance de la grande entreprise sur la petite, du trust sur la firme isolée. Néanmoins cette croissance inévitable de l’hégémonie mondiale des États-Unis développera ultérieurement de profondes contradictions dans l’économie et dans la politique de la grande république américaine. En imposant la dictature du dollar sur le monde entier, la classe dirigeante des États-Unis introduira les contradictions du monde entier dans les fondements de sa propre domination. L’économie et la politique des États-Unis dépendent de plus en plus directement des crises, des guerres et des révolutions dans toutes les parties du monde. La position d’observateur ne peut être maintenue longtemps de manière formelle. Je pense que l’Amérique créera le système militariste le plus colossal sur terre, sur mer et dans les airs qu’on puisse imaginer. L’émergence décisive de l’Amérique de son vieux provincialisme, la lutte pour les marchés, la croissance des armements, une politique mondiale active, l’expérience de la crise actuelle, tout cela produira inévitablement de profonds changements dans la vie intérieure des États-Unis. L’apparition d’un parti des travailleurs est inévitable. Il se peut qu’il commence à se développer avec un tempo américain, conduisant à la liquidation d’un des deux vieux partis, de même que les libéraux ont disparu en Angleterre. En résumé, on pourrait dire que l’Union soviétique sera américanisée techniquement, que l’Europe sera soviétisée ou qu’elle sombrera dans la barbarie, et que les États-Unis seront politiquement européanisés.

New York Times, 5 mars 1932

NB Ce que veut dire Léon avec son « politiquement européanisée » est que l’Amérique connaîtra la virulence des conflits de classe qui secouent le Vieux Monde, à la place de la situation qu’il observe, caractérisée par un consensus relatif sur les structures économiques et sociales.

  

La faiblesse actuelle des transports en communs dans les villes américaines est liée à l’étendue des villes, l’éclatement des suburbs, les distances à parcourir, qui rendraient impossible et trop coûteuse la mise en place de systèmes collectifs efficaces. Il n’en a pas toujours été ainsi : avant l’avènement de l’automobile, les États-Unis avaient des transports en commun urbains très développés, notamment sous forme de tramways électriques. Aucun pays n’avait l’équivalent de ces réseaux s’étendant à des dizaines de km du centre. Par exemple, la taille du réseau de trams à Berlin, le plus important d’Europe en 1900, en aurait fait le 22ème seulement des grandes villes américaines. À Chicago, Charles Tyson Yerkes, un ingénieur de l’urbanisme, avait donné à la ville le meilleur système de transports publics du monde, à tel point que la ville de Londres fit appel à lui pour construire une nouvelle ligne (Northern Line) et gérer son système de métro.

 

Les hispaniques, venant notamment des Caraïbes et du Mexique, se réapproprient peu à peu, aux États-Unis, des terres que leurs ancêtres ont dû abandonner aux Anglo-Saxons. Comme le remarque Julien Gracq : « L'innocuité de la toponymie qu'une colonisation ancienne abandonne derrière elle en se retirant n'est jamais garantie. L'immigration hispanophone remonte aujourd'hui, en les réoccupant une à une, comme autant de pierres d'attente, les échelles du Pacifique qui s'appellent San Diego, Los Angeles, Santa Barbara, San Francisco. Peut-être les États-Unis regretteront-ils un jour d'avoir laissé à leurs territoires fédérés tant de noms indiens, espagnols ou français ? Et les pionniers d'Eretz Israël — tête chercheuse d'un peuple insigne par la ténacité de sa mémoire historique — n'ignorent certainement pas la longue mémoire dormante (mais qui peut se réactiver) embusquée dans des lieux une fois baptisés. » Textes inédits, Le Monde, 5/2/2000.

 

« Les États-Unis sont comme un vaste Ohio. » Donald Richie, The Inland Sea

 

Jean Gottman invente en 1961 le terme megalopolis pour désigner la conurbation qui va de Boston à Washington sur la côte est des États-Unis.

 

Sur Arthur Raymond, créateur du fameux avion Dakota, mort en 1999 à 99 ans, voir The Economist, 10 avril 1999.

 

En gros, les républicains représentent les affaires, les industries, le big business, tandis que les démocrates une coalition hétéroclite entre les intellectuels, les professions libérales, le Sud, les syndicats, les catholiques, les juifs, les Noirs, et le small business.

 

« Tout le monde spécule et on spécule sur tout », voyage aux Etats-Unis, 1835. « Les États-Unis sont devenus une immense rue Quincampoix. » Michel Chevalier

 

Deux principes de base guident la politique américaine, le testament de Washington et la doctrine de Monroe.

 

 

Europe

« Dans aucun pays du continent, un Européen ne peut se sentir totalement exilé. »   Edmund Burke

 

« C’est la diversité de l’Europe qui fait son unité. » F. Braudel

 

« Notre noble continent, découpé avec tant de finesse... » Thomas Mann, La Montagne magique, ch. V

 

Henri Pirenne explique le développement de la navigation et du commerce en Europe par « la profonde découpure des côtes, l'abondance des havres, l'attirance des îles ou des rivages qui se profilaient à l'horizon... » (Les villes au Moyen Âge, PUF, 1971)

 

 

Exhaustivité 

« Seul ce qui est exhaustif est intéressant. »

La montagne magique, Thomas Mann

 

 

Expérience

L’expérience est un peigne pour les chauves (proverbe chinois)

 

“...From the earliest times the old have rubbed it into the young that they are wiser than they, and before the young discovered what nonsense this was they were old too, and it profited them to carry on the imposture.”   (Depuis l'origine des temps, les vieux ne se font-ils pas passer auprès des jeunes pour les plus sages, et le jour où les jeunes commencent à en douter, ne sont-ils pas eux-mêmes déjà vieux et disposés à profiter de la légende ?)  W. Somerset Maugham

 

 

Facteurs de production

« La sainte trinité des facteurs de production selon Adam Smith : la terre (ressources naturelles), le travail et le capital. »   N. Von Tunzelmann

 

 

Faiblesse

“But - but it seems so weak, said Josephine, breaking down.

But why not be weak for once, Jug? argued Constantia, whispering quite fiercely. If it is weak.... Why shouldn't we be weak for once in our lives, Jug? It's quite excusable. Let's be weak – be weak, Jug. It's much nicer to be weak than to be strong.”

Katherine Mansfield (1888-1923), The Daughters of the Late Colonel, Penguin 60s, The Escape and other stories, 1995

 

 

Faits

“Now, what I want is Facts. Teach these boys and girls nothing but Facts. Facts alone are wanted in life. Plant nothing else, and root out everything else. You can only form the minds of reasoning animals upon Facts: nothing else will ever be of any service to them. This is the principle on which I bring up my own children, and this is the principle on which I bring up these children. Stick to Facts, sir!”   Charles Dickens, Hard Times, 1854

 

 

Fascisme

« La première vague démocratique nous a valu le charnier révolutionnaire et napoléonien numéro 1. La seconde nous a valu le charnier de 1870-1871. La troisième nous a valu le charnier de 1914. Du côté chair et sang, la chose est jugée par plusieurs millions de jeunes cadavres accusateurs. »

Léon Daudet, L'Action française, 1922

 

 

Fatalité

« C'est la faute à la fatalité. »

Charles Bovary, dans Madame Bovary de Gustave Flaubert

 

 

Féminisme

« Les suffragettes ne méritaient que le fouet et le harem. » Colette

 

Julie Daubié est en 1861 la première femme à avoir le droit, obtenu de haute lutte, de passer le baccalauréat

 

 

Fénelon

« Faites ... comme on fait ici : recevez bien et facilement tous les étrangers ; ... si vous leur rendez le commerce moins commode et moins utile, ils se retirent insensiblement et ne reviennent plus, parce que d'autres peuples, profitant de votre imprudence, les attirent chez eux et les accoutument à se passer de vous. »

Fénelon, Les Aventures de Télémaque, 1699

 

 

Fenêtres

« La première cheminée du monde, ou plutôt la plus ancienne qui existe encore, date du XIIe siècle et se trouve à Southampton dans la maison du roi (King's House). Les plus vieilles fenêtres de verre se trouvent dans la basilique de Saint-Denis, datant du XIIe siècle... Ces progrès ne se diffuseront vers les classes populaires (yeomen) qu'au XVIe siècle. »

 

 

Ford

Henry Ford se plaignait au début du siècle que lorsqu’il embauchait deux bras, il avait aussi avec un être humain !

 

« ...Réduire pour l'ouvrier la nécessité de penser... »

Henry Ford, extrait de Ma vie et mon œuvre, 1925

 

« La marche à pied n'est pas une activité rémunératrice » Henry Ford

 

 

Français 

« Des petits paysans assis sur leur magot. » Keynes.

 

 

France

« Au début du XVIe siècle, la France est bien redevenue "le premier et de beaucoup de tous les États d'Europe"... En Italie... quand un document signale Il Re sans plus, il s'agit du Roi Très Chrétien, le roi par excellence. Cette surpuissance emplit de crainte les voisins et les rivaux..."   Braudel, 1979, t. 3, p. 276

 

« L'économie française a été blessée par la Révolution; elle a continué à boitiller pendant la première moitié du XIXème siècle, et a récupéré au moment du second empire mais sans assez recouvrer ses forces pour affronter la guerre de 1870 et la dépression de 1873. Alors l'homme malade a eu une période de bonne santé des années 1890 jusqu'à la première guerre mondiale, mais a dû retourner au lit après 1918, et il n'a pu se remettre sur ses pieds que dans les années cinquante. »

Robert Aldrich, 1987

 

 

France, littérature

« Trois écrivains réunissent les qualités fondamentales de l'âme française. Il s'agit de Rabelais, pour sa gauloiserie, que l'on peut définir comme ce type de grivoiserie qui se refuse à appeler les choses tout bêtement par leur nom ; La Fontaine pour son bon sens qui n'est rien d'autre que le gros bon sens commun ; et Corneille, pour son panache. La traduction des dictionnaires fait référence au plumet que portaient les chevaliers sur leurs heaumes, mais dans son emploi métaphorique, le mot signifie dignité et bravade, forfanterie et héroïsme, gloriole et fierté. C'est pour le panache qu'à Fontenoy les Français dirent aux officiers du roi George II: « Tirez les premiers, messieurs les Anglais ! » C'est le panache qui à Waterloo tira de ce mal embouché de Cambronne ces mots : « La Garde meurt mais ne se rend pas ! » Et c'est encore le panache qui poussa, dans un geste superbe, un poète français, dénué de toutes ressources, à distribuer autour de lui le montant du prix Nobel qu'il venait de recevoir. »

Somerset Maugham, Apparence et réalité, Nouvelles complètes, Presses de la Cité, Omnibus, 1992

 

 

France, entre-deux-guerres

En France, 1919-1924, la chambre bleu horizon, bloc national

1924-1926 Cartel des gauches, fuite des capitaux, échec de Edouard Herriot (le mur de l’argent)

1926-1932, les modérés au pouvoir. Raymond Poincaré, 66 ans, au pouvoir, président du Conseil, ministre des Finances à 34 ans avant la guerre en 1894 (ce n’est pas une situation pour un jeune homme, sa mère…).

Franc Poincaré, 1928, Charles Rist le convainc de ne pas revenir au niveau de 1914, dévaluation de fait, réussite économique

1929 Aristide Briand, chute trois mois après

Nov. 1929, André Tardieu, droite, premier au concours général, premier à Normale Sup, programme de Grands travaux, grâce au pactole accumulé du Franc Poincaré : « Je fais la politique de la prospérité ».

Paul Reynaud, ministre des Finances, réputé ignare : « La gens Havas »…

1930 Assurances sociales, gratuité de la 6ème, retraite aux anciens combattants

1931-32 Laval, droite, président du Conseil, à nouveau en 1935-36

1932-36 Herriot, radical-socialiste, Daladier, Chautemps (deux mois), Sarraut (moins d’un mois), Daladier (une semaine), Doumergue

Après le moratoire Hoover, juillet 1931, succédant au plan Dawes, au plan Young, les réparations sont abandonnées à la conférence de Lausanne, en 1932, la France refuse en conséquence de payer les dettes américaines : sur 132 milliards de marks-or de réparations demandées (dont 52 % pour la France), l’Allemagne a payé 23 milliards, dont 9 à la France.

Briand lance en 1931 un projet d’Union européenne.

19 avril 1933 Le dollar est détaché de l’or, un an et demi après l’Angleterre ; il ne reste que la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, l’Italie et la France (réévaluation de 30 %/$), le bloc-or. Devant la déflation ou la dévaluation, on choisit la déflation. La dévaluation est considérée comme une banqueroute, une faillite de l’Etat, une escroquerie. Gaston Doumergue, président du conseil : « Notre petit franc vaut de l’or, nous devons tout faire pour qu’il garde sa valeur. »

Charles Rist : « Dans la tempête, un roc isolé est préférable à des îles flottantes ».

1934 8 janvier, suicide de Stavisky

1934, émeutes nationalistes du 6 février, 20 morts, chute de Daladier, gvt Doumergue, Herriot, Tardieu

Décembre 1934 Citroën dépose son bilan, les actions sont passées de 2100 F en 1929 à 52 F… Michelin rachète, André Citroën part et meurt peu après. Il laisse la 7 CV traction, sortie en 1935, un triomphe de 15 ans…

1934 Le planisme, Henri de Man, programme de la CGT, nationalisation du crédit et des industries clés, idem programme commun de la gauche de 1980. Le PC s’y oppose, contre les nationalisations à l’époque (la CGTU est communiste – scission en 1922 –, la CGT socialiste, unification en mars 36)

1936 Alliance parti radical, Daladier, parti socialiste, Blum, parti communiste, Thorez, Front populaire

1938 Daladier au pouvoir, fin du Front populaire, Union nationale avec la droite (Paul Reynaud), sept. 1938, accords de Munich avec Hitler, dévaluation, reprise économique, renforcement de l’exécutif, chambre docile, effort de réarmement

 

 

Benjamin Franklin

Benjamin Franklin est l'un des premiers à avoir étudié le Gulf Stream alors qu'il était Contrôleur général des postes en 1769 pour les colonies britanniques d'Amérique, comme le rapporte Jones :

« La chambre de commerce de Boston s'était plainte du retard des paquets venant d'Angleterre. Après enquête il apprit que les bateaux acheminant le courrier utilisaient la route directe, itinéraire plutôt stupide car ils prenaient le courant transatlantique de face. Comme Franklin l'apprit du capitaine Timothy Folger de Nantucket, les baleiniers américains connaissaient une meilleure voie. En traversant le Gulf Stream à la poursuite des baleines, ils croisaient parfois les navires-courriers avec qui ils avaient des échanges. Selon Folger : "Nous les avons informés qu'ils étaient face à un courant contraire de trois nœuds et leur avons conseillé de le couper, mais ils étaient trop avisés pour suivre les conseils de simples pêcheurs américains". Sous des vents légers, les courriers étaient davantage ramenés en arrière par le courant que le vent ne les faisait avancer, et comme le notait Folger, même avec des vents portants plus forts, la soustraction de 70 milles par jour sur leur route était importante. Franklin commença alors des recherches en mer pour localiser le Gulf Stream en utilisant un thermomètre... »

Eric Jones, The European Miracle, Cambridge, 1981

 

« La prospérité des hommes est moins le résultat de grandes découvertes heureuses (elles se produisent très rarement), que de petits progrès réalisés tous les jours. »

Benjamin Franklin

 

 

Front populaire

« Enfin, les difficultés commencent. »

Alexandre Bracke, socialiste, 1936

 

« Nous le sentons, le 14 juillet 1936, il s’est accompli quelque chose d’aussi grand que le 14 juillet 1789. »  Albert Bayet

Contradiction de 36 : limiter l’offre avec les 40 heures (de 48 à 40 heures) – « une loi de trahison nationale » selon Robert Marjolin, en 1938 –, augmenter la demande avec les hausses de salaires, résultat l’inflation et la dévaluation (« ajustement » de la devise).

« De brillantes perspectives s’ouvrent à l’économie française maintenant qu’a sauté la chaîne d’or qui l’amarrait. » Alfred Sauvy

 

En 1937, la production en France reste inférieure de 25 % à celle de 1929, alors qu’elle lui est supérieure de 19 % en Allemagne, de 25 % en GB et de 45 % en Suède.

 

31 août 1937 création de la SNCF

 

13 avril 1938, fin du Front populaire, retour de Daladier

29 septembre 1938, Munich, tout céder à Hitler sur les Sudètes annexés (3,5 millions d’Allemands), 500 000 Parisiens acclament Daladier : « Vive la paix ! ».

« Après les Sudètes, je déclare au monde que je n’aurai plus aucune demande territoriale à formuler. » Hitler

 

Frente crapular, expression de la droite en France pendant la guerre civile espagnole, à propos du Frente popular

 

 

Futurisme

« Nous déclarons que la splendeur du monde s'est enrichie d'une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse. Une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l'haleine explosive..., une automobile rugissante, qui a l'air de courir sous la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace. »

F.T. Marinetti, Manifeste futuriste, 1909

 

 

Varian Fry

Au tout début de l'Occupation, environ 1500 artistes, savants et intellectuels menacés de déportation furent sauvés par un jeune Américain, Varian Fry, envoyé à Marseille par une association privée, le Emergency Rescue Committee. Eleanor Roosevelt, ainsi que des exilés européens célèbres comme Thomas Mann et Jules Romains, participèrent à l'action ayant permis de récolter les fonds aux États-Unis. En France, il fut aidé dans le Midi par la mafia corse et des gens comme Gaston Deferre ou Jean Giono et réussit à ouvrir une route de fuite par Banyuls, l'Espagne et le Portugal. Heinrich Mann, Alma Malher, l'épouse de Gustav Malher, Hannah Arendt, Marc Chagall, des surréalistes fameux comme André Breton, Max Ernst et André Masson, et des centaines d'autres purent ainsi échapper aux recherches de la Gestapo.

Andy Marino, A Quiet American: The Secret War of Varian Fry, St Martin's Press, 2000

 

 

Fukuyama

“The unfolding of modern natural science guarantees an increasing homogenisation of all human societies.”

Francis Fukuyama

 

 

Gandhi

Gandhi, malgré son éducation occidentale, s'habillait d'une étoffe et portait un fuseau pour indiquer son refus de l'industrialisation. Il se réclame, dans sa non-violence, de Léon Tolstoï et de John Ruskin.

 

 

Gengis Khân

« Le plus grand plaisir du monde est de réduire ses ennemis et les chasser devant soi, de voler leurs richesses et de voir leurs proches baignés de larmes, de monter leurs chevaux et de prendre leurs femmes et leurs filles. » 

 

 

Génocide

« Il n'y a plus de Vendée. Je viens de l'enterrer dans les marais de Savenay. J'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux et massacré les femmes. Je n'ai pas de prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé. »

Général Westermann à la Convention, 23 décembre 1793

 

 

Gens du monde 

« Sa présence d'esprit lui revint bientôt, et elle le regarda à son tour avec ce regard à la fois distrait et observateur que les gens du monde prennent quand ils veulent. »   Prosper Mérimée, La double méprise, 1833

 

“Lady Hodmarsh and the duchess immediately assumed the cringing affability that persons of rank assume with their inferiors in order to show them that they are not in the least conscious of any difference in station between them.”   (Lady Hodmarsh et la duchesse prirent immédiatement cet air d'amabilité forcée que les personnes de qualité se donnent vis-à-vis de leurs inférieurs pour laisser croire qu'elles oublient les distances.)   Somerset Maugham, Cakes and Ale, 1930, trad. E.R. Blanchet, La ronde de l'amour, Christian Bourgois éd.

 

 

Gestapo

« Les relations entre la Gestapo et la police française ne furent jamais plus cordiales qu'à l'époque du gouvernement de Front populaire de Léon Blum. »

Hannah Arendt, L'impérialisme, 1951, Les Origines du totalitarisme, 2ème partie, p. 267/268, Seuil/Fayard, 1984

 

 

Gilded Age

À son fils, qui lui demandait la permission de s'engager dans la guerre de Sécession aux côtés du Nord, Thomas Mellon, magnat de l'aluminium à Pittsburgh, répond : « Ne fais pas ça. Il n'y a que les cornichons qui s'engagent. Ceux qui peuvent achètent des remplaçants et il n'y a pas de honte à ça... Ce n'est pas tant pour le danger que pour les maladies, la paresse et les mauvaises habitudes... J'avais espéré que mon fils serait un homme d'affaires intelligent et adroit, et qu'il n'aurait pas l'ineptie de se laisser détourner de son devoir par les déclamations sonores de discours creux. »

V. P. De Santis, L'Ère industrielle, dans C.N. Degler et alii, Histoire des États-Unis, Economica, 1982

 

 

Goldsmith

“The dog it was that died.”

An Elegy on the death of a mad dog, Oliver Goldsmith (1728-1774)

 

 

Goethe

« Celui qui ne peut rendre compte des trois mille ans qui l'ont précédé, qu'il reste à errer dans l'obscurité et à vivre au jour le jour. »  Gœthe

 

 

Goulag

« Pour quels motifs, quand on n’avait commis ni délit ni crime, était-on précipité dans cet enfer ? Pour "propagande antirévolutionnaire". Par exemple, dire du bien d’un auteur russe publié à l’étranger : dix ans de camp. Chalamov avait eu lui-même une telle rallonge de peine pour avoir cité Bounine comme un "classique". Se plaindre que les queues pour obtenir du savon sont trop longues : cinq ans de camp. Mais, "selon la bonne habitude russe, selon le caractère particulier au Russe, celui qui en prenait pour cinq ans se réjouissait de ne pas en avoir eu dix. Si on en prenait pour dix ans, on était content que ce ne fût pas vingt-cinq. Et celui qui était condamné à vingt-cinq ans pleurait de joie de ne pas avoir été fusillé." Pour être fusillé, il suffisait de se taire quand on criait hourra pour Staline !, ou de ne pas respecter les normes de travail, tâche presque impossible pour des hommes à bout de forces. »

Récits de la Kolyma, Varlam Chalamov, Verdier, 2003, compte rendu de Dominique Fernandez

 

« Au Goulag, ce crématoire blanc, Jacques Rossi rencontre Karl, un Allemand, ex-kominternien, auquel il confie une recette pour s'en sortir :

– Pendant les séances de torture, je pousse les hurlements les plus terribles quand ils me frappent à un endroit moins sensible, et j'essaie de garder le silence quand ça fait le plus mal.

Karl le fixe du regard et rétorque :

– Tu as trompé les autorités soviétiques ! »

[…]

« Un jour, dans la toundra glacée, marchant dans une colonne de prisonniers, il aperçoit un corps mutilé, qui gît. C'est une vache. Le terme désigne, dans le jargon du Goulag, le jeune détenu naïf, entraîné dans une évasion par un groupe d'anciens qui le tuent ensuite pour s'alimenter. Le cadavre sert de réserve de nourriture. »  

Jacques Rossi, rapporté par N. Nougayrède, Le Monde, 19 mars 1999

 

"Dans les années 1920-1930, raconte Jacques Rossi, les « jeunes » du Komintern connaissaient tous une phrase attribuée à Félix Dzerjinski, fondateur de la Tcheka, la police politique bolchevique : « Pour la révolution, je suis prêt à nettoyer les chiottes s'il le faut. » Et une autre, de Lénine : « L'éthique, c'est tout ce qui sert les intérêts de la classe prolétarienne. » L'espionnage et les dénonciations qui pouvaient l'accompagner n'étaient, dans ce contexte, « rien que de normal » dit-il : « Travailler pour les services de renseignement soviétique était pour nous le nec plus ultra »."   Rapporté par N. Nougayrède, Le Monde, 19/3/1999, voir aussi J. Rossi, Le Manuel du Goulag, Le Cherche-Midi, 1997, et Fragments de vie, Elikia, 1995

 

 

Grèce 

« Les articles difficiles à obtenir, ici ou là, dans le reste du monde, peuvent tous être achetés facilement à Athènes. »   Isocrate (-436/-338), Panégyrique

 

« Les Grecs n'ont pas eu les Grecs pour les précéder. » Christian Meier, La naissance du politique, Gallimard, 1996

 

 

Grève

Grève générale en Angleterre en 1926, les briseurs de grève s’improvisent, ex. du conducteur improvisé de train pour Manchester, qui déraille (Sir Philip Gibbs).

 

Faire grève : se rassembler place de grève

 

 

Gropius

“The grain silos of Canada and South America, the coal bunkers of the leading railroads and the newest work halls of the North American industrial trusts can bear comparison, in their overwhelming monumental power, with the buildings of ancient Egypt.”

(Les silos à grains du Canada et de l'Amérique du Sud, les entrepôts de charbon des grandes voies ferrées et les plus récentes usines des trusts industriels nord-américains supportent la comparaison dans leur puissance monumentale écrasante, avec les édifices de l'Égypte ancienne)

Walther Gropius, 1913

 

 

Guano

“Peru was carried from caudillesque chaos to civilian, free-trading boom on a tide of stinking guano.”

Alan Knight, in Andrew Porter ed., The Oxford history of the British empire, III: the nineteenth century, Oxford University Press, 1999

 

 

Guerre

« La guerre coûterait autant que toute la masse monétaire circulant dans le royaume ; elle nous obligerait, comme une fois jadis, à frapper du cuir en guise de monnaie. Je m'en contenterais bien pour ma part. Mais si le Roi allait guerroyer en personne et tombait, ce qu'à Dieu ne plaise, dans les mains de l'ennemi, comment payer sa rançon ? Si les Français ne veulent que de l'or pour leurs vins... accepteraient-ils du cuir en échange de notre Prince ? »

Thomas Cromwell, ministre de Henri VIII, discours aux Communes en 1523 pour dissuader le roi de se lancer dans la guerre (cité par Braudel, 1979, t. 3, p. 302).

 

“It is as well that war is so terrible, or we would grow too fond of it.”

C'est aussi bien que la guerre soit si terrible, car autrement on s'y attacherait trop.

Robert E. Lee (après la bataille de Fredericksburg, 1863)

 

 

Guerre de trente ans

Les traités de Westphalie (1648) mettent fin à la guerre de trente ans (1618-48) et consacrent le morcellement de l'Allemagne. Les grands vainqueurs sont : la Suède (elle garde ses conquêtes territoriales comme la Poméranie occidentale et Brême), la France (qui obtient l'Alsace et les Trois Évêchés), le Brandebourg (qui s'étend à la Poméranie orientale et se confondra avec la Prusse après 1701), les Provinces-Unies (dont l'indépendance est acceptée par l'Espagne) et la Suisse (indépendance acquise vis-à-vis de l'Empire) ; les perdants sont les Habsbourg (Espagne et Saint-Empire).

 

 

Guerre mondiale (Deuxième)

« Un GI de la 7ème armée, installé dans l’appartement privé de Hitler le 2 mai 1945, avait écrit à sa mère sur le papier à lettre du Führer, biffant simplement ce nom sous l’aigle de la croix gammée pour lui substituer le sien, et entamant une terrible description du camp de Dachau, qu’il venait juste de visiter. »

« Plumes de guerre », A. Cojean, Le Monde, 7/8 décembre 2003

 

 J.M. Roberts, dans une Histoire du XXe siècle récente (« Twentieth Century, The History of the World, 1901 to the Present », 1999), sur l’isolationnisme US : « In 1939, legislation had been passed by the United States Congress allowing foreign governments to buy arms if they paid for them in cash and took them away in their own ships or towed them across an American border. That was as far as American public opinion would go at that point; it was a step away from complete isolation, but a long way from intervention in Europe’s quarrels. A straw in the wind that may in retrospect be thought just as significant, though, was the beginning of a privileged confidential correspondence between the American president and Winston Churchill in October the same year. at least from that winter, when he won his third presidential election, Franklin Roosevelt believed that in the interests of the United States, Great Britain had to be supported both up to the limits his own public support and the law of neutrality would permit and a little beyond them both at times. A crucial step was the an American Lend-Lease Act in March 1941 which authorized  the president to lend or lease defence materials to any country whose security in his judgment appeared to be in the interest of the national defence of the United States. In effect, this meant that goods and services were to be provided to the Allies without immediate payment… After the invasion of the Soviet Union came a meeting on a British battleship between Roosevelt and Churchill which resulted in a statement of shared principles termed the Atlantic Charter. In it, one nation at war and another formally at peace spoke of the needs of a post-war world ‘after the final destruction of the nazi tyranny’. Such language was far from what American opinion would have tolerated eighteen months earlier. By the summer of 1941, Hitler knew that to all intents and purposes the United States was an undeclared enemy. »

 

USA : de 1939 à 1945, le PNB passe de 91 à 215 milliards de $

 

 

Guillaume d'Orange (les quatre Guillaume d’Orange)

La principauté d'Orange se situe dans le Midi de la France, autour de la ville du même nom, colonie romaine sous Auguste, elle devient une principauté indépendante au XIIIe siècle. Par le jeu des alliances, elle revient au XVIe siècle à la branche hollandaise de la famille des Nassau. Louis XIV fait raser le château des princes d'Orange en 1673 et la principauté est rattachée à la France en 1678 à la paix de Nimègue, paix qui met fin à la guerre de Hollande et marque l'apogée du Roi-Soleil.

Le duché de Nassau est situé en Allemagne occidentale, capitale Wiesbaden, aujourd'hui Land de Hesse. Le duc de Nassau acquit la principauté d'Orange en 1530.

· Guillaume II d'Orange-Nassau (1626-1650), Stathouder de Hollande de 1647 à 1650, petit-fils de Guillaume le taciturne, fils de Frédéric-Henri d'Orange-Nassau (1584-1647) à qui il succède. Frédéric-Henri lutte contre les Espagnols et encourage les sciences et les arts (Rembrandt, Descartes). Son frère, Maurice de Nassau, prince d'Orange (1567-1625), fils de Guillaume le Taciturne, est Stathouder de 1584 à 1625, il remporte une série de victoire sur l'Espagne et donne son nom à l'île Maurice, colonie hollandaise jusqu'en 1710, avant de passer à la France sous le nom d'Île de France, puis à l'Angleterre (1810). 

 

 

Haïti, Saint Domingue

St Domingue (Espagne) + Haïti (France) = Hispanolia, partage de 1697. La partie espagnole est cédée à la France en 1795 jusqu'à 1814, hormis la révolte de 1801-1802 de Toussaint Louverture. En 1814 l'Est retourne à l'Espagne, Haïti devient indépendant.

 

 

Hasard

En laissant des singes taper sur une machine à écrire suffisamment longtemps, on finirait par obtenir toute l'œuvre de Shakespeare. En fait, il a été calculé que "dix milliards de singes tapant jour et nuit durant tout l'âge de l'univers à raison de dix caractères par seconde auraient une chance sur... dix puissance 164 345 d'écrire Hamlet" (Kittel et Kroemer, Thermal Physics, W.H. Freeman and Cy, San Francisco, 1980, p. 53) D. Cosandey, 1997

 

 

Hearst

Surtaxe progressive sur le revenu jusqu’à 75 %, au dessus de 5 millions de dollars : « C’est du communisme ! » William Randolph Hearst

 

 

Hérisson d’Eschyle

« De même que le proverbial hérisson d'Eschyle, les gouvernements hanovriens ne savaient que les choses importantes, comme le fait que la sécurité, le commerce et la puissance militaire comptaient vraiment. » P. O'Brien, 1991

 

 

Héros

“Pity a country without heroes!”  Bertolt Brecht, Galileo Galilei

 

 

Hirschman

« On dit que les ressources produisent la croissance économique, mais c'est plutôt l'inverse qui est vrai : c'est la croissance qui produit des ressources. »   A.O. Hirschman

 

 

Histoire

“Events in the past were once in the future.” (Les évènements du passé ont été autrefois dans le futur.)  Sir Raymond Carr, Warden of Saint Anthony's College, Oxford

 

« L’histoire n’apprend rien, elle punit seulement ceux qui n’ont pas compris ses leçons. »

Vassily Kliuchesky, cité par Robert Heilbroner dans XXIst Century Capitalism, New York: Norton, 1993

 

“The best way to understand a problem is to ask: How and why did we get where we are?”   David Landes, The Wealth and the Poverty of Nations: Why Some Are So Rich and Some So Poor, Norton, 1998, p. xxi

 

“History does not consist of single events.” Peter Temin

 

« L'histoire serait une excellente chose, si seulement elle était vraie. » Léon Tolstoï, 1908, cité par Isaiah Berlin, The Hedgehog and the Fox, Weidenfeld & Nicolson, 1978

 

Restituer le passé tel qu'il était vraiment (« wie es eigenlitch gewesen ist »)

L'histoire devrait être écrite « comme elle a réellement été » (wie es eigentlich gewesen ist)

Léopold von Ranke

 

« Le ciel accorde rarement plus d'un don à la fois, et ceux qui aiment l'histoire n'ont en général pas de goût pour les mathématiques. »   Terence Gorman, économètre à Oxford

 

« Je ne vois personne en dehors d'une tête creuse qui puisse maintenant penser qu'il connaît quoi que ce soit à l'histoire à moins qu'il ne comprenne l'économie. »    Ezra Pound

 

 

Histoire économique

« L'histoire économique ? Vous n'allez pas faire fortune, mais au moins vous allez rencontrer des gens sympathiques et vous allez lire un sacré tas de livres intéressants ! »   Frank B. Tipton, Histoire économique, Mentha, 1992

 

 

Hitler

« Mais j’aurai encore à conduire le grand affrontement avec les USA. Si seulement j’ai assez de temps, il n’y aurait rien de mieux pour moi que de me tenir aussi à la tête de mon peuple dans ce combat décisif. »

Hitler, rapporté par Albert Speer à Spandau, dans Les Carnets secrets (1976)

 

 

Homère

« Dans la paix, les fils ensevelissent les pères, dans la guerre les pères ensevelissent les fils. »

 

« La progressive humanisation des dieux orgueilleux de l'Iliade d'Homère dans les dieux moins injustes de l'Odyssée fut le début d'une expansion quasi divine du potentiel humain. »

Luigi Zoja, "Growth and Guilt", Routledge, 1995

 

 

Homme ordinaire

“The ordinary is the writer's richest field. Its unexpectedness, its singularity, its infinite variety afford unending material. The great man is too often all of a piece; it is the little man that is the bundle of contradictory elements. He is inexhaustible. You never come to the end of the surprises he has in store for you.”    Somerset Maugham, The Summing up, 1938

 

 

Honneur

Duel entre Alexander Hamilton et Aaron Burr (vice-président de Thomas Jefferson) en 1804, qui se termine par la mort du premier. Hamilton passe sa nuit à mettre par écrit toutes les raisons rationnelles de ne pas se battre avec Burr. Mais finalement toutes ces raisons ne peuvent contrebalancer la perte de l'honneur qui s'ensuivrait, et son code moral le pousse à la mort.

 

 

Herbert Hoover

« Hoover, un homme qui n’avait jamais connu l’échec… » Sherwood Anderson, Hoover, secrétaire du commerce de Coolidge.

Hoover, mélange du système américain : le rugged individualism, individualisme vigoureux, plus la coopération volontaire, des groupes, entreprises, associations. (Heffer)

1922 Tarif Fordney-McCumber, niveau d’avant la guerre

1930 Tarif Hawley-Smoot

Hoover cède à la pression des industriels, malgré la pétition d’un millier d’économistes, et signe le tarif en 1930.

Commentaires défavorables, et prémonitoires, de Walter Lippmann (1889-1974), journaliste, économiste et écrivain new-yorkais (New York Herald Tribune) sur le manque de caractère du président, le Great Engineer. Hoover had failed the first great test of his capacity for political leadership. The Great Engineer was showing himself to be a peculiarly artless politician.

Hoover : conservateur, fondamentaliste chrétien, dans l’ordre social et économique, et même à la pêche…

L’individualisme vigoureux (rugged individualism), ou le système de l’individualisme américain, selon Herbert Hoover :

« Grâce à l’éducation dispensée gratuitement à tous, nous fournissons des possibilités d’entraînement aux coureurs. Nous les faisons partir sur la même ligne ; le gouvernement joue le rôle d’arbitre de la loyauté de la course. Le vainqueur est celui qui s’est préparé le plus consciencieusement et qui a fait preuve des plus grandes capacités et du plus grand caractère.

Le socialisme ordonne à tous de finir la course à égalité. Il retient le coureur rapide et aligne sa foulée sur celle du plus lent.

L’anarchie ne fournirait ni entraînement ni arbitre.

Le despotisme choisit ceux qui doivent courir et ceux qui doivent gagner. »

Herbert Hoover, The New Day, Campaign Speeches of Herbert Hoover, Stanford University Press, 1928

 

 

Houellebecq

Ces siècles de douleur qui sont notre héritage

Nous pouvons aujourd'hui les tirer de l'oubli

Quelque chose a eu lieu comme un second partage

Et nous avons le droit de vivre notre vie.

Michel Houellebecq, Les particules élémentaires, Flammarion, 1998

 

 

Hugo

« La chose simplement d’elle-même arriva,

  Comme la nuit se fait lorsque le jour s’en va. »

Les Misérables

 

« Avec ce génie particulier de la femme qui comprend l’homme mieux que l’homme ne se comprend. » Les Misérables

 

« Napoléon, se voyant regarder avec une certaine curiosité par ce vieillard, se retourna et dit brusquement : "Quel est ce bonhomme qui me regarde ? Sire, dit M. Myriel, vous regardez un bonhomme, et moi je regarde un grand homme. Chacun de nous peut profiter." »

Les Misérables

 

« Et l'on s'exterminait, ma foi, comme on pouvait. »

« On eût dit des lions se dévorant entre eux. »

La légende des siècles, Le cimetière d'Eylau

 

 

Idéalisme

« I heard somebody open and shut the gate to the barn lot, but I didn't look around. If I didn't look around it would not be true that somebody had opened the gate with the creaky hinges, and that is a wonderful principle for a man to get hold of. I had got hold of the principle out of a book when I was in college, and I had hung on to it for grim death. I owed my success in life to that principle. It had put me where I was. What you don't know don't hurt you, for it ain't real. They called that Idealism in my book I had when I was in college, and after I got hold of that principle I became an Idealist. I was a brass-bound Idealist in those days. If you are an Idealist it does not matter what you do or what goes on around you because it isn't real anyway. »

Robert Penn Warren, All the king's men, 1946

 

 

Idéogrammes

L'écriture chinoise par idéogrammes est symbolique et non phonétique comme les écritures occidentales, arabes, indiennes ou l'hébreu. Elle n'est pas liée à une langue et peut donc se lire indifféremment par des gens qui ne parlent pas la même langue, chaque symbole correspond à un concept et non à la prononciation d'un mot. Il y a en Chine des langues aussi éloignées entre elles que les langues latines, germaniques ou slaves en Europe, mais tout ceux qui savent lire peuvent comprendre un texte écrit.

 

 

Impérialisme

« Vous êtes une civilisation perdue ! » cria l’anthropologue au chef indien.

« Ça nous est égal d’être perdus » répondit le chef. « C’est d’être trouvés qui nous effraie… »

 

« Poussés hors de chez eux par de fabuleuses opportunités foncières, les Britanniques se sont retrouvés dans les terres des bisons, des kangourous et des kiwis… » Greg Clark

 

“The world’s first narco-military empire.” David Washbrook, à propos de l’empire colonial britannique, et de son commerce de l’opium de l’Inde vers la Chine au XIXe siècle, ibid.

 

 

Industrialisation

Alexander Hamilton, le père de l'industrialisation américaine lança le projet (qui ne fut jamais réalisé) d'une ville industrielle géante en Nouvelle Angleterre, pour prouver que l'Amérique pouvait s'industrialiser sans passer par les maux et les tares de la révolution industrielle anglaise.

 

« C'était une ville de briques rouges, ou plutôt de briques qui eussent été rouges si la fumée et les cendres l'avaient permis ; mais, telle qu'elle était, c'était une ville d'un rouge et noir peu naturels qui rappelaient le visage enluminé d'un sauvage. C'était une ville de machines et de hautes cheminées, d'où sortaient sans trêve ni repos d'interminables serpents de fumée qui se traînaient dans l'air sans jamais parvenir à se dérouler. Elle avait un canal bien noir et une rivière qui roulaient des eaux empourprées par une teinture infecte, et de vastes bâtiments percés d'une infinité de croisées, qui résonnaient et tremblaient tout le long du jour, tandis que le piston des machines à vapeur s'élevait et s'abaissait avec monotonie, comme la tête d'un éléphant atteint de folie mélancolique. Elle renfermait plusieurs grandes rues qui se ressemblaient toutes, et une foule de petites rues qui se ressemblaient encore davantage, habitées par des gens qui se ressemblaient également, qui sortaient et rentraient aux mêmes heures, faisant résonner les mêmes pavés sous le même pas, pour aller faire la même besogne ; pour qui chaque jour était l'image de la veille et du lendemain, chaque année le pendant de celle qui l'avait précédée ou de celle qui allait suivre. »

La ville industrielle, Coketown, décrite par Charles Dickens dans Les Temps difficiles (Hard Times), 1854, trad. W. Hughes, Hachette, 1909

 

 

Ingérence

« La non-ingérence n'est applicable qu'aux démocraties ; face aux autres régimes, elle est synonyme de non-assistance à personne en danger. »   J.-F. Revel, « Le Devoir d'ingérence », L'Express, juin 1979

 

 

Institutions

« Les économistes ont compris depuis longtemps que la réussite économique à long terme dépend des règles du jeu appliquées dans la société. Mais parce que ces règles sont incluses dans le système politique, il y a une relation directe entre la politique, les institutions et l’économie, ce qu’on peut appeler « le dilemme politique fondamental » de l’économie. Les économistes préconisent souvent un État minimal – c’est-à-dire qui définisse et garantisse les droits de propriété, qui fournisse quelques bien publics essentiels comme la défense, la mise en œuvre des contrats ou la stabilité macroéconomique. Le dilemme fondamental est qu’un gouvernement assez fort pour faire tout cela a aussi la force et le désir de faire bien plus, même de confisquer la richesse de tous les citoyens. La question clé est alors : qu’est-ce qui détermine le fait que cela se passe ainsi dans certains pays et pas dans d’autres ? La réponse repose en partie dans les institutions politiques, qui offrent le forum où s’établissent les règles du jeu économique. »

Douglass C. North et Barry R. Weingast, “Institutional Analysis and Economic History”, JEH, 60(2), juin 2000

 

« Le bien-être d’une société humaine dépend des flux de biens et services qui dépendent eux-mêmes de la productivité du système économique. Adam Smith a expliqué que la productivité du système productif dépend de la spécialisation (il parlait de la division du travail), mais la spécialisation n’est possible que s’il y a échange – et plus les coûts d’échange (les coûts de transaction, si vous préférez) sont bas, plus la spécialisation sera approfondie et plus la productivité du système économique sera importante. Or, les coûts d’échange dépendent des institutions d’un pays : son système légal, son système politique, son système social, son système éducatif, sa culture, etc. En effet, ce sont les institutions qui déterminent les performances d’une économie, et c’est ce qui confère son importance à l’économie néoinstitutionnelle. » Ronald Coase, « L’économie néoinstitutionnelle », Revue d’économie industrielle, n° 92, 2e et 3e trimestres 2000

 

« L’expérience de chaque homme se recommence. Seules les institutions deviennent plus sages ; elles accumulent l’expérience collective et, de cette expérience et de cette sagesse, les hommes soumis aux mêmes règles, verront non pas leur nature changer, mais leur comportement graduellement se transformer. »

Henri Frédéric Amiel (1821-1881)

 

« La révolution en science économique dans les vingt dernières années a transformé en pratique courante les problèmes de l'information, les coûts de transaction, les comportements opportunistes et bien d'autres aspects. Selon toute vraisemblance, cette révolution sera plus significative et durable que, par exemple, la révolution keynésienne... Cette conception ne nous donne pas la simplicité et l'harmonie d'un système newtonien comme celui de l'économie de l'équilibre général, mais il présente plutôt la complexité d'un catalogue de l'écologie planétaire. »

Peter Murrell, Banque mondiale, conférence annuelle sur l'économie du développement, 1989

 

« Il est à la fois possible et souhaitable de combiner l'économie institutionnelle et la théorie, et le moment est venu de faire précisément cela. »   O.E. Williamson, The Institutions and Governance of Economic Development and Reform, Banque mondiale, conférence annuelle sur l'économie du développement, 1989

 

« La Nouvelle Économie Institutionnaliste ne consiste pas en priorité à donner des réponses aux questions traditionnelles de la science économique - l'allocation des ressources et leur degré d'utilisation. Elle consiste plutôt à répondre à de nouvelles questions, pourquoi les institutions économiques sont apparues sous une certaine forme au lieu d'une autre; Elle se mélange à l'histoire économique, mais apporte un raisonnement nanoéconomique plus aiguisé. »

Kenneth Arrow, in G.Feiwell ed., Arrow and the Foundations of the Theory of Economic Policy, NY U. Press, 1987

 

« J.R. Commons propose en 1924 et 1934 que la transaction soit l'unité de base de l'analyse économique. »  O.E.Williamson, Legal Foundations of Capitalism, 1924 ; Institutional Economics, 1934

 

"En 1962, on soutenait devant Arthur Lewis que l'ensemble des normes culturelles et des institutions indiennes, comme le système des castes, constituait une puissante et peut-être impénétrable barrière au développement économique. Sir Arthur contesta ce point de vue : « L'amour de l'argent, dit-il, est un puissant dissolvant institutionnel. Beaucoup de pays ont bien des attitudes et des institutions qui gênent la croissance, mais ils s'en débarrasseront quand les gens découvriront qu'elles empêchent les occasions de gain (economic opportunity) »."

John Nellis, « Comment on 'The Role on Institutions in Development' by Van Arkadie », Conférence annuelle de la Banque mondiale sur l'économie du développement, 1989

Institutions

 

« On dit souvent qu'après soixante-dix ans de communisme les pays de l'ancienne Union soviétique n'ont plus de culture civique, et cela prend très longtemps – peut-être sept cents ans – pour en forger une. »  Ronald Coase

 

« Les événements récents en Europe de l'Est montrent bien l'intérêt de la prise en compte des facteurs institutionnels dans le corpus de l'économie orthodoxe. On conseille aux ex-pays communistes d'évoluer vers le marché, et leurs dirigeants le souhaitent, mais sans les institutions appropriées, aucune économie de marché ne peut avoir un sens. Si nous en savions plus sur notre propre économie, nous serions en meilleure position pour leur donner des avis. »  Ronald Coase, adresse au jury du prix Nobel, 1991

 

 

Insularité

Exemple d'économies dues à l'insularité : les villes britanniques ne sont pas fortifiées, contrairement à celles du continent, pour des raisons liées à la meilleure sécurité interne, ce qui permet des économies considérables en infrastructures, d'éviter des investissements inutiles (Braudel).

 

 

Intellectuels

« Dans l’histoire des 80-90 dernières années, l’exception a été ces moments où les intellectuels ont pris conscience de l’oppression. La norme, c’était plutôt les compagnons de route, l’aveuglement à Hitler et à Staline. La norme, c’était de penser que Dreyfus était coupable. Le stalinisme a pu prospérer parce que tant d’intellectuels s’en satisfaisaient. En ce moment, nous sommes dans un période "normale". Le point de vue qui prévaut, de manière écrasante, c’est que si des millions de gens s’engagent dans des mouvements radicaux islamistes, c’est parce que des colons israéliens occupent les terres des Palestiniens. Dans dix ans, nous aurons honte. » Paul Berman, Les habits neufs de la terreur (Terror and Liberalism), Hachette, 2004

 

 

Invention

« L'invention est une pièce qui se joue sur une scène encombrée. » M.Polanyi

 

 

Irlande

Sur l'Irlande, exportatrice de viandes puis de blé au XVIIIe alors que la moitié des habitants meure de faim, voir Braudel, t. 3, p. 320. Exportation du nécessaire au lieu du superflu, cf. PVD au XXe siècle.

« L'Irlande trop proche de l'Angleterre pour lui échapper, trop vaste pour être assimilée, a été sans fin victime de sa position géographique... », Braudel, cf. Mexique et USA

 

 

Islam

« Le Coran avait limité à deux, trois ou quatre épouses le lien matrimonial (sourate 4, verset 3). Il s’agissait alors de mettre à l’abri du besoin les femmes seules, répudiées, ou les veuves, et l’équité entre les femmes, sur les plans matériel et sexuel, y était prescrite : « Si vous craignez de ne pas être équitable, n’épousez qu’une seule femme. » Aujourd’hui, pour la psychanalyste Wahiba Amiri-Afrit, la polygamie n’est plus qu’un moyen pour l’homme de se rassurer sur son pouvoir, de garder en éveil son désir, et pour la femme, une obligation constante de séduire. » Henri Tincq

 

« Vos femmes sont pour vous un champ de labour. Allez à votre champ comme vous le voudrez. »

Coran, sourate 2, verset 223

 

« Vous rappelez-vous que Mohammad a promis les richesses du paradis dans l'autre monde à ceux qui tomberaient l'épée à la main pour la cause de l'Islam ? Ces derniers goûteront le plaisir de fouler l'herbe des prairies et des champs, s'allongeront au bord des ruisseaux murmurants. Les fleurs s'épanouiront autour d'eux et ils respireront leur parfum enivrant. Ils se nourriront de mets délicieux et de fruits choisis. Des jeunes filles aux yeux noirs et aux membres magnifiques les serviront dans des pavillons de cristal. Et en dépit des bontés qu'elles auront pour eux, elles conserveront leur pudeur et une éternelle virginité ! Elles leurs offriront dans des flacons d'or un vin qui ne leur montera pas à la tête. Et les jours de l'éternité s'écouleront pour eux dans l'abondance et dans une jouissance sans fin ! »

Vladimir Bartol, Alamut, 1938

 

« (La Révolution française), le premier grand mouvement d'idées dans la chrétienté d'Occident qui ait eu un effet réel sur le monde de l'Islam. » B. Lewis

 

 

Japon

« Le Japon et la Grande-Bretagne sont à première vue des exemples parfaits pour une comparaison internationale. Des archipels idéalement situés pour échanger avec leurs voisins continentaux et le monde tout entier, des puissances navales défendues par la mer et disposant des ressources pour construire un empire, des innovateurs industriels ayant un potentiel d'exportation énorme, à la fois pour les biens et pour les idées, des sociétés relativement unies et homogènes bénéficiant d'un capital humain favorable, ils furent tous deux des pionniers en leur temps respectif, des leaders de l'économie mondiale et des grandes puissances politiques et militaires...

Alors que la Grande-Bretagne était en 1900 à la tête du plus grand empire que le monde ait jamais vu, le premier exportateur de biens et de services, le banquier, l'investisseur, le transporteur de la planète, avec la plus grande flotte et la plus grande armée, capable de porter ses coups n'importe où sur le globe, le Japon était encore dans l'adolescence comme puissance industrielle et militaire. Mais en 1990, par un surprenant retournement de fortune, le Japon était devenu la seconde économie dans le monde, avec des excédents commerciaux et des investissements extérieurs massifs, capable de menacer les fondations de l'économie mondiale et la stabilité économique de l'Ouest s'il entrait en crise, tandis que la Grande-Bretagne avait perdu son empire et le leadership mondial, et était devenue un membre de l'Union européenne à revenu moyen, pour ne pas dire médiocre. »

Harold Perkin, Journal of Economic History, Summer 1999, à propos du livre de Kenneth D. Brown, Britain and Japan: A Comparative Economic and Social History since 1900, New York : Manchester University Press, 1998

 

« Quand un premier ministre japonais dit qu'il fera de son mieux pour réaliser une certaine politique, les Américains se félicitent d'avoir remporté une victoire, mais ce que le premier ministre voulait dire en réalité, c'est non »..." Ole Elgstrom

 

Selon Temin (1997), le Kanban system (just in time), dont on a tant parlé, aurait été copié dans les supermarchés américains.

 

« Les Japonais qui deviennent des hommes d'affaires ou des hauts fonctionnaires ont fréquemment été marxistes au début de leur vie. Il ne s'attendent pas vraiment à une révolution, mais l'influence marxiste a une conséquence importante: elle libère la manière japonaise de penser l'économie et la politique, de la notion de dichotomie sociale, et même de conflit, entre l'État et l'économie de marché, un conflit théorique qui est par contre fortement ancré dans la pensée économique en Grande Bretagne ou aux États-Unis. Au Japon, l'État est en vérité, comme Marx l'affirmait, le comité exécutif de la classe des capitalistes, ce qui paraît normal et naturel. Il en résulte une coopération entre l'industrie et le gouvernement... impensable, et même probablement considérée comme subversive, dans la tradition britannique ou américaine. »

John Kenneth Galbraith, Economics in Perspective: A Critical History, Houghton Mifflin, 1987

 

« Une société fermée et mercantiliste où le gouvernement et l'industrie travaillent main dans la main pour empêcher toute compétition étrangère sérieuse sur le marché domestique, tout en poursuivant une guerre économique de conquête sur les marchés extérieurs. » T. Denomme, vice-président de Chrysler, Washington Post, 10 mai 1995, à propos du Japon

 

 

Thomas Jefferson

« Le prix de la liberté, c'est la vigilance éternelle. »

 

“State a moral case to a ploughman and a professor. The former will decide it as well and often better than the latter because he has not been laid astray by artificial rules.”

 

 

Journalistes

« Les journalistes sont des observateurs, tout comme les romanciers. Les romanciers tentent de parvenir à la vérité en racontant tout un tas de mensonges ; les journalistes finissent par dire tout un tas de mensonges, en partant de la vérité. » Melvin Burgess

 

 

Juif

“Has not a Jew eyes ? Has not a Jew hands, organs,

dimensions, senses, affections, passions ? fed with the same

food, hurt with the same weapons, subject to the same

diseases, healed by the same means, warmed and cooled

by the same winter and summer, as a Christian is ? If you

prick us, do we not bleed ? if you tickle us, do we not

laugh ? if you poison us, do we not die ? and if you wrong

us, shall we not revenge ?”  (Shylock)

The Merchant of Venice, Acte III, scène 1, William Shakespeare

 

 

Juridisme

Lord Byron avait ramené des ses voyages de jeunesse un ours des Carpates qu'il avait installé dans sa chambre d'étudiant à Oxford. L'agitation créée incita les autorités universitaires à lui envoyer une lettre très ferme rappelant le règlement : aucun animal domestique n'est autorisé dans les chambres d'étudiants... Byron répondit en assurant les autorités que son ours n'était absolument pas domestique, mais parfaitement sauvage ! Le juridisme et le goût des Anglais pour les personnages excentriques firent qu'on le laissa avec son ours...

 

 

Justice

Remora justicia, quid sunt regna nisi magna latrocinia ?

(Si on écarte la justice, que sont les royaumes sinon de grands brigandages ?)

Saint Augustin (354-430), La Cité de Dieu (424)

 

 

Keynes

“If the Treasury were to fill old bottles with banknotes, bury them at suitable depths in disused coalmines which are then filled up to the surface with town rubbish, and leave it to private enterprise on well-tried principles of laissez-faire to dig the notes again..., there need be no more employment and, with the help of the repercussions, the real income of the community, and its capital wealth also, would probably become a good deal greater than it actually is. It would indeed be more sensible to build houses and the like, but if there are political and practical difficulties in the way of this, the above would be better than nothing.”

Keynes, The General Theory of Employment Interest and Money, Macmillan, 1967 (p. 129)

 

Sur le rapport May, commandé par Philip Snowden en 1931, chancelier travailliste de l’Echiquier, fanatique de l’orthodoxie économique, qui recommande de baisser les salaires et les allocations chômage, créées en 1911 par Lloyd George (libéraux plus travaillistes) et d’équilibrer le budget. Déjà 2,7 millions de chômeurs dans le pays… « C’est le document le plus stupide que j’ai jamais eu la malchance de lire »…

 

« Les idées, justes ou fausses, des philosophes de l’économie et de la politique ont plus d’importance qu’on ne le pense généralement. Les hommes d’action qui se croient indépendants sont souvent les esclaves de quelque économiste passé. » Keynes

 

 

Kondratief

En Grande-Bretagne, durant le premier cycle des prix Kondratief, celui de la révolution industrielle (1787 à 1842), la phase descendante est caractérisée par des taux de croissance économique supérieurs à ceux de la phase ascendante... Il en va de même du deuxième, le cycle bourgeois ou cycle des chemins de fer (1842 à 1897), et du troisième, le cycle néomercantiliste (1907-1947). Finalement le cycle "biens de consommation durables" (1947-1998) est le seul qui soit caractérisé par une croissance plus faible dans la phase descendante, encore que pour la Grande-Bretagne, le cas soit moins net que pour les autres pays (voir Lloyd-Jones et Lewis, 1998).

 

 

Kosovo

« Il n'en reste pas moins vrai que l'intervention au Kosovo a relancé la critique contre la politique du "deux poids, deux mesures". »

Bruno Racine : « ...Quant à l'Europe, elle est engagée dans un processus d'intégration qui a atteint un degré d'avancement tel que certains comportements ne sont plus acceptables par les Européens eux-mêmes. Il y a une volonté de leur part de ne pas admettre qu'on descende sur le continent au-dessous d'un certain niveau de respect des droits de l'homme. Bon gré mal gré, les gens qui y vivent partagent le sentiment d'appartenance à une même civilisation. On est plus sévère avec Belgrade parce qu'on se sent plus proche des Serbes. »

Le Monde (14 septembre 1999)

 

 

Kronstadt

 “On 3 March, Kalinin reported the situation to Zinoviev (the Party boss of Petrograd), Trotsky, and Lenin himself. Realizing the threat inherent in this mutiny, they declared a total news blackout and deployed local Red Army units to seal Kronstadt off physically (at this time of year, the Gulf of Finland was frozen over and the island could be reached on foot across the ice). To pacify the workers in Petrograd itself, the Bolsheviks temporarily lifted some food roadblocks and sent a special shipment of clothing, shoes, and meat into the city. They also spread the lie that the uprising was a White plot led by General Alexander Kozlovsky, the artillery commander at Kronstadt (Kozlovsky was a former Tsarist general who joined the Red Army in 1917. In fact, he had been sent to Kronstadt as an artillery specialist by Trotsky himself, and had been commended for his part in the defence of Petrograd when the army of a White general named Yudenich threatened the city in 1920. During the revolt, Kozlovsky served only as the commander of Kronstadt's guns -- the real leader of the uprising was Petrichenko.). Trotsky went to Petrograd and there began assembling as many loyal Red Army troops as he could find, under the tactical command of Tukhachevsky, the leader of the Communist armies that had fought against Poland the year before. On the afternoon of 7 March, the mainland coastal forts whose guns could be trained on Kronstadt began a bombardment of the island that would last for ten days. That night, Tukhachevsky ordered a simultaneous attack from north and south by several thousand Red Army troops. It was launched in a snowstorm and the soldiers had to be forced onto the ice at gunpoint by commissars and Cheka detachments. The attack failed in the face of intense artillery and machine-gun fire from the fortress. There were at least 500 dead, 2,000 wounded, and hundreds of Red troops deserted or surrendered to the rebels. On the night of 12-13 March, Tukhachevsky tried another night attack from the south with 3,000 kursanti (fanatically loyal officer cadets from Red Army military academies). The rebels used their artillery to break up the ice in front of the attackers and they were turned back.”

http://www.islandnet.com/~citizenx/kronstadt.html

 

« Un régime effroyable d’esclavage et d’humiliation »

Les Izvestia de Kronstadt, à propos du régime bolchevik, 15 mars 1921

 

 

Krugman

« Les seuls obstacles à la prospérité du monde sont les doctrines obsolètes qui encombrent l’esprit des hommes. »

Paul Krugman, Pourquoi les crises reviennent toujours, Seuil, 2000

 

 

Kubrick

« Ce n'est pas parce qu'on est perfectionniste qu'on est parfait »

Jack Nicholson, à propos de Stanley Kubrick, après le tournage de Shining

 

 

La Bruyère

« Arrias a tout lu, tout vu, il veut le persuader ainsi, c'est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose : (...) quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies ; Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur ; je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon ambassadeur de France dans cette Cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance : il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée, lorsque l'un des conviés lui dit, c'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son Ambassade. »

Jean de la Bruyère, les Caractères, 1696, Éd. Imprimerie nationale, 1998

 

 

Laissez faire

Sur l'origine du terme Laissez faire, laissez passer, voir l'article sur Vincent de Gournay de Pascale Pitavy-Simoni dans James P. Henderson ed., The state of the history of economics, Routldege, 1997

 

« L'anarchie, plus un gendarme », définition du laisser faire selon Thomas Carlyle

 

 

Lao Zi, ou Lao Tseu (v. 570-490 av. J.-C.)

« Trente rayons convergent vers le moyeu, mais le vide entre eux crie la nature de la roue. De la glaise surgissent les jarres, mais le vide en elles crie la nature de la jarre. Les murs, avec les fenêtres et les portes qui leur sont adjointes, forment la maison, mais le vide entre eux crie la nature de la maison. »
 

 

Lecture

« La lecture, pour être salutaire doit être un exercice impliquant quelque travail . »

Ernest Renan (1823-1892), Feuilles détachées

 

 

Lettre de change

Dans L'Esprit des lois, Montesquieu explique (Comment le commerce est sorti en Europe de la barbarie) que les juifs, souffrant d'extorsions constantes de la part des rois et des seigneurs, inventent la lettre de change de façon à transférer des capitaux discrètement sans que les autorités puissent s'en saisir « par des actes soudains et arbitraires ».

cité par Eric Jones, The European Miracle, Cambridge University Press, 1981

 

 

Primo Levi

« Peut-être en lisant me suis-je inconsciemment préparé à écrire, comme le fœtus de huit mois est dans l'eau, mais se prépare à respirer. » Primo Levi, préface à La Ricerca delle radici, Einandi, 1981

 

 

Liberté

« La liberté est une plante délicate. Burke a montré qu'elle ne poussait que sur le terreau des traditions respectées. »   Pierre Chaunu

 

Gustave Courbet écrit au ministre des Beaux Arts pour refuser la légion d’honneur qu’on lui propose :

« Mon sentiment d’artiste ne s’oppose pas moins à ce que j’accepte une récompense qui m’est octroyée par la main de l’État. L’État est incompétent en matière d’art. Quand il entreprend de récompenser, il usurpe sur le goût du public. Son intervention est toute démoralisante, funeste à l’artiste qu’elle abuse sur sa propre valeur, funeste à l’art qu’elle enferme dans les convenances officielles et qu’elle condamne à la plus stérile médiocrité. La sagesse pour lui serait de s’abstenir. Le jour où il nous aura laissés libres, il aura rempli vis-à-vis de nous ses devoirs.

Souffrez donc, monsieur le ministre, que je décline l’honneur que vous avez cru me faire. J’ai cinquante ans et j’ai toujours vécu libre. Laissez-moi terminer mon existence libre ; quand je serai mort, il faudra qu’on dise de moi : celui-là n’a jamais appartenu à aucune école, à aucune Église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime, si ce n’est le régime de la liberté. »

 

 

Liberté d’expression

« Le communisme était un mensonge global, une propagande du succès qui nous faisait croire que les Fiat 500 fabriquées en Pologne gagnaient les rallyes automobiles. Aujourd’hui avec la liberté d’expression, les médias débordent de catastrophes et d’échec. »   Janusz Weiss, satiriste polonais

 

 

Liebknecht

« Les choses positives, dates, chiffres, grammaires, détails à retenir par cœur, bien qu'elles soient sèches, sont la matière première dont est faite toute connaissance scientifique ; comme la basilique de Saint-Pierre de Rome ou la cathédrale de Reims sont un ensemble de pierres dures, sèches, et dont aucune à part n'offre un intérêt particulier. »

Karl Liebknecht, lettre de prison à son fils À propos de l'école, 11 décembre 1917

Lettres du Front et de la Geôle, 1916-1918, Librairie de l'Humanité, 1924

 

 

Livre sterling

Österlingen : les gens de l'Est, les marchands allemands en France et en Angleterre au Moyen Âge ; leur monnaie est à l'origine de la livre 'sterling'. De même l'esterlin est une ancienne monnaie française.

 

 

Livres

« Un livre important est celui qui réussit à faire avancer notre connaissance sur un sujet clé en rassemblant en un tout, unique et satisfaisant, des éléments qui auparavant n'existaient que sous forme disparate. »    E.A. Wrigley

 

 

Jack London

« Même l'argent qu'ils donnent pour les enfants des pauvres, ils l'ont arraché aux pauvres. »

Jack London, Le peuple d'en bas (The People of the Abyss), Phébus, 1999

 

 

Lorraine

Lothaire Ier (795-855), Lotharingie (855-959), Lorraine ou Haute-Lotharingie (959-...)

 

 

Louis XIV

Racine, biographe attitré de Louis XIV, rapporte qu'"À un valet de chambre qui, en plein hiver lui présente une chemise glaciale, le Roi dit sans le réprimander : « Tu me la donneras brûlante à la canicule »."

F. Bluche, Louis XIV, Fayard, 1986, Hachette/Pluriel, 1994

 

 

Louis XV

« Ci-gît qui nous donna le système* en naissant

   La guerre en grandissant

   La famine en vieillissant

   Et la peste en mourant.

Épitaphe proposée par le peuple à la mort de Louis XV

* il s'agit du système de Law

 

 

Louis XVI

« Son métier l'ennuyait. »    Madelin, La révolution, 1933

 

 

Love

« The child comes home and the parent puts the hooks in him. The old man, or the woman, as the case may be, hasn't got anything to say to the child. All he wants is to have the child sit in a chair for a couple of hours and then go off to bed under the same roof. It's not love. I am not saying that there is no such a thing as love. I am merely pointing to something which is different from love but which sometimes goes by the name of love. It may well be that without this thing which I am talking about there would not be any love. But this thing in itself is not love. It is just something in the blood. It is a kind of blood greed, and it is the fate of man. It is the thing which man has which distinguishes him from the happy brute creation. When you get born your father and mother lost something of themselves, and they are going to bust a hame trying to get it back, and you are it. They know they can't get it all back but they will get as big a chunk out of you as they can. And the good old family reunion, with picnic dinner under the maples, is very much like diving into the octopus tank at the aquarium. »

Robert Penn Warren, All the king's men, 1946

 

 

Lumières

« La puissance intellectuelle, l'honnêteté, la lucidité, le courage et l'amour désintéressé des plus doués des penseurs du XVIIIème siècle reste jusqu'à nos jours sans équivalent. Leur époque constitue l'un des épisodes les plus beaux et les plus prometteurs de toute l'histoire de l'humanité. »  Isaiah Berlin

 

 

Lutte des classes

– Vous parlez comme si nous n'avions rien fait pour la classe ouvrière. Vous n'avez pas l'air de savoir que leur condition a changé depuis un demi-siècle au delà de tout ce qu'on pouvait imaginer. Les horaires de travail ont été réduits et les salaires ont augmenté. Les maisons des ouvriers sont plus confortables et les taudis en voie de disparition rapide. Ils ont des retraites et des assurances chômage. Les écoles et les hôpitaux sont gratuits et on commence à généraliser les congés payés. Je ne crois pas vraiment que le travailleur britannique ait beaucoup de sujets de plainte.

– Vous devez vous rappeler que les idées du bienfaiteur et celles du bénéficiaire sont sujettes à différer. Est-ce que réellement vous vous attendez à ce que le travailleur anglais soit reconnaissant des avantages qu'il vous a arrachés à la pointe d'un pistolet ? Pensez-vous qu'il ignore qu'il doit ces faveurs à votre peur plutôt qu'à votre générosité ?

Somerset Maugham, Christmas Holiday, 1939

 

« Centre du féodalisme au Moyen Âge, pays classique, depuis la Renaissance, de la monarchie héréditaire, la France a, dans sa grande Révolution, détruit le féodalisme et donné à la domination de la bourgeoisie un caractère de pureté classique qu'aucun autre pays n'a atteint en Europe. De même, la lutte du prolétariat révolutionnaire contre la bourgeoisie régnante y revêt des formes aiguës, inconnues ailleurs. »

Friedrich Engels, préface du 18 Brumaire de Karl Marx, 1885

 

  Toujours drap de soie tisserons

  Et n'en serons pas mieux vêtues ;

  Toujours serons pauvres et nues,

  Et toujours soif et faim aurons.

  Jamais tant gagner saurons

  Que mieux en ayons à manger.

  Du pain avons à partager

  Au matin peu et au soir moins,

  Car de l'ouvrage de nos mains

  N'aura chacune pour en vivre

  Que quatre deniers de la livre.

Chrétien de Troyes (1135-1190), Plainte des ouvrières tisseuses, Yvain ou Le Chevalier au lion, vers 5298-5308, cité par R. Fossier, Histoire sociale de l'Occident médiéval, Armand Colin, 1970

 

 

Machines

“If machines ought to take the place of living

  Then what's a substitute for bread and beans ?

  Do engines get rewarded from their steam ?”

Johnny Cash-June Carter, “The legend of John Henry's hammer”, The Essential Johnny Cash, 1955-1983, Columbia Country Classics

 

« N'étant pas de la région, ni un résident depuis longtemps, il n'a pas fait suffisamment attention au fait que la nouvelle invention jetait les anciens travailleurs au chômage... La misère génère la haine: ces misérables haïssaient les machines qu'ils accusaient de leur ôter le pain; ils haïssaient les bâtiments qui contenaient ces machines; ils haïssaient les industriels qui possédaient ces bâtiments. »

Charlotte Brontë, Shirley, 1849

 

Ricardo dans On machinery : "un progrès entraînerait probablement dans un premier temps une économie de travail, mais l'accumulation du capital, dérivée des profits supplémentaires réalisés dans ces premières étapes, devrait par la suite conduire à un accroissement de la demande de travail." Hicks

 

 

Madagascar

Après avoir proposé l'immigration à Madagascar de « 40 000 à 50 000 Français nouveaux – et choisis – au cours du demi-siècle à venir » (!), l'auteur constate : « Or, malgré l'exemple de sa paysannerie, le Malgache n'a du travail qu'une notion incomplète. Absence de besoins comme en Polynésie? Non, car ici la nature n'est pas généreuse à l'excès; mais absence de prévoyance et indolence native. Il faudra de longs efforts avant que la notion de l'obligation morale du travail entre dans les mœurs. C'est un redoutable problème moral qui est ainsi posé: la liberté du travail que nous avons proclamée ne doit pas être pour eux la liberté du suicide. Il est superflu de rappeler qu'un peuple qui ne travaille pas est mûr pour la décadence. »   G. Froment-Guieysse, Repeupler Madagascar, Le Monde, 17 novembre 1945

 

 

Main invisible

“As every individual... neither intends to promote the public interest nor knows how much he is promoting it...By directing that industry in such a manner as its produce may be of greatest value, he intends only his own gain, and he is in this, as in many other cases, led by an invisible hand to promote an end which was no part of his intention.”   Adam Smith

 

 

Malthus

« Walthus présente l'équilibre économique en terme mathématique (sic) et détermine l'existence d'un équilibre général (les marchés sont interdépendants) et stable. »

Un étudiant de 1ère année, confondant Walras et Malthus, Université de la Réunion

 

« Le philosophe Malthus est passé ici la semaine dernière. J'ai réuni pour lui un groupe plaisant de célibataires. Il n'y avait qu'une seule femme qui avait eu un enfant; mais c'est un homme d'humeur facile, et, s'il n'y a aucune apparence d'une fertilité proche, il est aimable à l'égard de chaque dame. » Sydney Smith, Lettre à un ami, 1831

 

 

Mandeville

« Le bien Commun ne diffère pas du bien Privé ; leur nature les poussant à satisfaire leur profit personnel, elles œuvrent du même coup au profit commun. »   Fable des abeilles, Bernard de Mandeville

 

 

Mal

« Tout ce qu’il faut pour que le mal triomphe, c’est que les braves gens ne fassent rien. »

Edmund Burke (1729-1797)

 

 

Marché

“For officers and all

     Do seek their own gain

  But for the wealth of the Commons

     No one taketh pain.

  And hell without order

     I may it well call

  Where every man is for himself

     And no man for all.”

Trad. : "Chacun cherche son propre gain et personne ne se soucie du bien commun. Un désordre infernal, voilà comment j'appelle un lieu où la règle est : chacun pour soi et aucun pour les autres".

Robert Crowley, auteur du XVIe siècle décrivant le fonctionnement du marché, en ville, cité par Lewis Mumford

 

 

Mariage

« Enfin, l'homme fait un choix là où nous soumettons aveuglément. Oh ! Monsieur, à vous je puis tout dire. Hé ! bien, le mariage, tel qu'il se pratique aujourd'hui, me semble être une prostitution légale. (...) Telle est notre destinée, vue sous ses deux faces : une prostitution publique et la honte, une prostitution secrète et le malheur. »

Balzac, La Femme de trente ans, 1834

 

 

Markham

 

 We all are blind until we see                                    Nous ne sommes que des aveugles

   That in the human plan,                                            Tant que nous ne réalisons pas

 Nothing is worth the making                                   Que rien ne vaut dans les projets humains

   If it does not make the man.                                    S'ils ne tiennent pas compte de l'homme.

 Why build these cities glorious                                Pourquoi construire ces glorieuses cités

   If man unbuilded goes?                                           Si l'homme n'est pas lui-même construit ?

 In vain we build a world unless                               Nous bâtissons un monde en vain

   The builder also grows.                                           Tant que le bâtisseur ne s'élève pas avec lui.

                                                           Edwin Markham

 

 

Marx

« La bourgeoisie, au cours d'une domination de classe à peine séculaire, a créé des forces productrices plus nombreuses et plus colossales que ne l'avait fait tout l'ensemble des générations passées. La mise sous le joug des forces de la nature, le machinisme, l'application de la chimie à l'industrie et à l'agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes électriques, le défrichement de continents entiers, la navigabilité des fleuves, des populations jaillies du sol : quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareilles forces productives sommeillaient au sein du travail social ? »

Karl Marx et Friedrich Engels, Le manifeste du parti communiste, 1847

 

 

Marxisme

« Marx est comme la Bible, on l'interprète dans les sens les plus opposés. » Wilhelm Liebknecht

 

« Les prévisions de Marx et d'Engels ne se sont pas vérifiées. » Vilfredo Pareto

 

 

W. Somerset Maugham

“The unfortunate thing about this world is that the good habits are much easier to give up than the bad ones.”

 

“Man has always sacrificed truth to his vanity, comfort and advantage. He lives by make-believe.”

[The Summing Up]

 

 

Mayas

"…David Roberts offre un itinéraire aussi singulier que passionnant. Son expédition dans un autre lieu de rituels, daté du IXe siècle, « la grotte du Sépulcre de pierre », est saisissante. Après avoir franchi un bassin d’entrée rempli d’eau et remonté le courant, il atteint une vaste salle où gisent des squelettes, dont celui d’une jeune femme, âgée de vingt ans. « C’est un sacrifice humain », lui explique Jamie Awe, un anthropologue du Belize. David Roberts la décrit longuement : « Jambes et bras épars, elle est étalée dans la position de sa mort, quand le prêtre lui trancha la gorge ou lui arracha le cœur, ou bien encore l’éviscéra. » Selon Jamie Awe, la présence de squelettes à cet endroit signifie qu’au début de cette époque les Mayas avaient imploré leur dieu de la pluie près des entrées, mais que, « au début du IXe siècle, quelque chose ne fonctionnait plus, la pluie n’arrivait plus ». Alors ils se sont enfoncés de plus en plus loin. Mais ces invocations échouèrent également puisqu’en cinquante ans, « la civilisation classique s’effondra et le centre de la culture maya se déplaça vers le nord, jusqu’à la péninsule du Yucatan.

Le récit de David Roberts vaut également parce qu’il met en scène un profane vivant une expérience spirituelle. « Je réalise, écrit-il en conclusion, que toutes mes propres notions du sacré sont fondées sur des modèles chrétiens : le sermon, les cantiques, la prière à genoux. Ici, dans les montagnes du Guatemala, j’ai été plongé au cœur d’une conception différente du divin. Sans la grotte, la marche à travers la forêt et les journées parmi les Mayas, c’est une révélation que je n’aurais jamais vécue. »"

Alain Abellard, Le Monde, 11 novembre 2004, page 32 (extrait), « Le National Geographic publie un récit sur les grottes sacrées des Méso-Américains »

« Voyage dans le monde des ténèbres du peuple maya », National Geographic, novembre 2004

 

 

Méchanceté

« Galbraith est un grand économiste… par la taille. » Milton Friedman

 

 

Megalopolis

Jean Gottman invente en 1961 le terme megalopolis pour désigner la conurbation qui va de Boston à Washington sur la côte est des États-Unis.

 

 

Méritocratie

La France, avec sa méritocratie mise en place par Napoléon, a perdu trois de ses quatre principales guerres depuis (1815, 1870, 1940) ; la Grande-Bretagne, avec son système aristocratique, a construit le plus vaste empire de tous les temps et gagné toutes ses guerres sauf celle d'Indépendance de l'Amérique.

 

 

Mirabeau

« La présomption une fois déroutée dans un sot cause la confusion et la haine, dans une âme honnête elle opère la reconnaissance et la docilité. Ce fut mon cas. Je priai mon maître de s'expliquer et de m'instruire, car j'étais un pauvre jouvenceau de quarante-deux ans. »

Marquis de Mirabeau (père) à propos de François Quesnay, Lettre à J.-J. Rousseau

 

 

Misogynie

« Les femmes ne se donnent qu'à ceux qui ne les méritent pas, et le moyen de s'en faire aimer c'est d'agir avec elles comme si on désirait en être haï. »   Théophile Gautier, Le roi Candaule, 1844

 

« La femme est un animal pervers mais agréable dont il faut se rendre totalement maître pour le mépriser ensuite. »

État d'esprit à la fin du XIXe en Espagne, rapporté par le grand matador Juan Belmonte Garcia (1892-1962) dans ses Mémoires (cité par J. Beyrie, dans B. Bennassar, Histoire des Espagnols, R. Laffont, 1992)

 

 

Mitterrand

« Il serait dommage que tant de trahisons ne soient pas récompensées! »

F. Mitterrand, cité dans Verbatim II, J. Attali, Fayard, 1995

 

 

Molière

« Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu,

  Ce qu'on appelle vu. »

Orgon, Molière, Le Tartuffe, 1664

 

Je soutiens qu'on ne peut en faire de meilleur ;

Et ma grande raison, c'est que j'en suis l'auteur.

Trissotin, Les Femmes savantes, v. 999-1000, 1672, Molière

 

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Alceste

Nous allons voir, monsieur.

Oronte

                                   Au reste, vous saurez

Que je n'ai mis qu'un quart d'heure à le faire.

Alceste

Voyons, monsieur ; le temps ne fait rien à l'affaire.

...

Philinte

Ah ! Qu'en termes galants ces choses-là sont mises !

Alceste, bas

Morbleu ! vil complaisant, vous louez des sottises ?

...

Oronte

Mais, mon petit monsieur, prenez-le un peu moins haut.

Alceste

Ma foi, mon grand monsieur, je le prends comme il faut.

Molière, Le Misanthrope, 1666

 

 

Monarchie

Alors que les gens ont habituellement huit arrière-grands-parents, le fils retardé de Philippe II d'Espagne, Don Carlos, n'en avait que quatre, du fait des mariages consanguins propres aux dynasties européennes.

 

« Le roi ordonne aux peuples et l'intérêt ordonne au roi » (il s'agit de l'intérêt commun, l'intérêt général du pays) Duc de Rohan, De l'Intérêt des Princes et États de la Chrétienté, dédié au cardinal de Richelieu, 1638

 

 

Monarchies

Les mariages arrangés entre les cours dirigeantes d'Europe s'expliquent au départ par la nécessité de détenir en otage un membre d'une puissance adverse.

 

 

Mondialisation

« Dieu n’a pas accordé toutes choses à toutes les parties de la Terre, mais il a distribué ses dons à différents pays, afin que les hommes, ayant besoin les uns des autres, entretinssent société ensemble. Ainsi a-t-il suscité le négoce comme un moyen facile à tout le monde de jouir en commun de toutes choses, en quelque endroit de la Terre qu’elles naissent. » Libanius, rhéteur du IVe siècle

 

« Le capitalisme mondialisé est certainement l'arrangement institutionnel le plus prometteur pour assurer une prospérité générale que l'histoire ait jamais vu. » (Global capitalism is surely the most promising institutional arrangement for worldwide prosperity that history has ever seen).

Jeffrey Sachs, The limits of convergence, nature, nurture and growth, The Economist, 14/6/97

 

 

Lady Wortley Montagu

“Mankind is everywhere the same: like cherries or apple, they may differ in size, shape or colour, from different soils, climates or culture but are still essentially the same species ; and the little black wood cherry is not nearer akin to the (may-)dukes that are served at great tables, than the wild naked negro to the fine figures adorned with coronets and ribands. This observation might be carried yet further : all animals are stimulated by the same passions, and act very near alike, as far as we are capable of observing them.”

Lady Mary Wortley Montagu, Letter to the countess of Bute (sa fille), July 22, 1754

 

“I have never in all my various travels seen but two sorts of people, and those very like one another ; I mean, men and women, who always have been, and ever will be, the same. The same vices and the same follies have been the fruit of all ages, though sometimes under different names.”

Lady Mary Montagu, lettre à la comtesse de Bute, sa fille, de Brescia le 5 janvier 1748

(Je n'ai jamais rencontré que deux sortes de gens dans tous mes voyages, et ils se ressemblaient beaucoup ; je veux dire, les hommes et des femmes, qui ont toujours été, et seront toujours, les mêmes. Les mêmes vices et les mêmes folies ont été le fruit de tous les âges, bien que parfois sous des noms différents)

Lady Montagu, grande voyageuse et amie des lumières rapporte l'inoculation contre la variole en Angleterre dans les années 1720, pratique qu'elle a observée durant son séjour à Constantinople.

 

 

Montaigne

« L’économie, la maison, le cheval de mon voisin, en égale valeur, valent mieux que les miens, de ce qu’ils ne sont pas miens. » Montaigne, les Essais

 

« Un enfant n'est pas un vase qu'on remplit, c'est un feu qu'on allume. »  Essais

 

 

Montesquieu

« Autrefois on cherchait des armées pour les mener combattre dans un pays. À présent on cherche des pays pour y mener combattre des armées. »

 

« On n'offense jamais plus les hommes que lorsqu'on change leurs usages. Choquer leurs coutumes, c'est toujours une marque de mépris. » Montesquieu

 

« Si je savais une chose utile à ma nation qui fût ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis homme avant d'être Français... parce que je suis nécessairement homme, et que je ne suis Français que par hasard. »

Montesquieu, De l'Esprit des lois, 1748

 

 

Montherlant

« Costals regardait l’assistance. Elle était composée pour un tiers de gens qui jouissaient spontanément des bruits qu’ils entendaient ; pour un tiers de gens qui n’en jouissaient que par une opération de l’esprit, se souvenant de tout ce qu’ils avaient lu et entendu sur ce morceau ; l’autre tiers étant de gens qui ne ressentaient rien, mais ce qui s’appelle rien. Tous cependant, pour recevoir la manne, prenaient les poses les plus distinguées. Des porcs à binocle feignaient que le moindre chuchotement dans la salle leur gâchât leur extase. Des porcs à lunette se penchaient vers leur lardonne (car on voyait dans la salle des enfants de six ans, amenés là sans doute en punition de quelque faute très grave), pour lui signaler quelque passage sacro-saint, afin qu’elle sût une bonne fois que c’était là qu’il fallait être émue. Beaucoup de femmes, comme la voisine de Solange, pensaient qu’il serait inconvenant de se tenir ici autrement que les yeux fermés. Une singerie unanime portait les auditeurs à s’imiter les uns les autres dans leurs airs pénétrés, tandis que de la scène la glaire sonore continuait à s’épandre, intarissablement. »

H. de Montherlant, Les jeunes filles, 1936

 

 

Thomas More

« Acheter le moins cher possible et exploiter le travail et la peine des pauvres, voilà la façon diabolique dont les riches amassent leur fortune, fortune qu'ils essaient ensuite de mettre à l'abri par tous les moyens et procédés possibles. »

Thomas More (1478-1535), Utopia, 1516

 

 

Mort

“Death is a very dull, dreary affair, and my advice to you is to have nothing whatsoever to do with it.”

 

 

Mur de Berlin

Harry Truman, dans son discours d’adieu en 1953, avait annoncé la fin de la guerre froide, et la chute de l’URSS : « How will the Cold War end? It will end...someday....because of the great weakness of the Communist system. I have not a doubt in the world that a great change will occur. I have a deep and abiding faith in the destiny of free men. With strength and courage, we shall, someday, overcome. »   http://odur.let.rug.nl/~usa/P/ht33/speeches/farewell.htm

 

« Jamais est devenu Aujourd'hui déjà ! » Bertolt Brecht

 

« Il faut considérer cette immense accélération de l'histoire, qui s'est opérée depuis 1989, comme un grand succès. » Bronislaw Geremek, Historien et ministre polonais des Affaires étrangères, Le Monde, 28 septembre 1999

 

 « Chez les Soviétiques, il n’était pas question d’histoire, ce n’était qu’un pathos, une emphase de la politique… Les historiens ont toujours été peu qualifiés : plus les livres étaient idiots, mieux c’était. Nous ne sommes pas nombreux, il y a peu de recherches, une formation insuffisante. Notre histoire, en fait, a dix ans. » Nikita Petrov, Oleg Khlevniouk, historiens russes.

 

« Même si, à la différence de la période nazie, les Allemands de l'Est n'ont jamais été majoritairement supporters de l'idéologie communiste, il s'était instaurée une forme de loyauté minimale. »

Joachim Gauck, ancien responsable du Neues Forum (mouvement d'opposition démocratique), à propos de l'Allemagne de l'Est.

 

« Sans une touche d'humanité, la politique moderne ne serait ni sérieuse, ni morale. » Mikhail Gorbatchev

 

« Dans cinquante ou cent ans, le mur sera toujours là. » Erich Honecker, 19 janvier 1989

 

– Et l'unité de l'Allemagne ? (Von Weizsäcker, président de la RFA en visite à Moscou)

– Dans cent ans peut-être. (Gorbatchev)

– Dans cinquante... (Von Weizsäcker)

–      ...                      (Gorbatchev)

Dialogue entre les deux chefs d'État, juillet 1987

 

« L'eau du fleuve se dirige vers la mer, et si vous voulez l'arrêter il déborde et détruit la rive, mais l'eau, elle, va quand même vers la mer. Il en est de même de l'unité allemande. »  Helmut Kohl, devant le Rhin, à Gorbatchev, en juin 1989

 

– C'est la fin ?

– Oui.

Question du chef du parti communiste polonais le 7 octobre 1989 à Gorbatchev, au moment où celui-ci en visite officielle en Allemagne de l'Est, se fait acclamer par la foule.

 

« Des privilèges pour tout le monde ! »

Slogan des manifestants allemands lors de la grande manifestation du 4 novembre 1989 à Berlin-Est.

 

 

Robert Musil

« …Le général ajouta une remarque très sage :

"Attendez, vous voulez toujours que les choses soient faites", reprocha-t-il à son compagnon. "Et je vous admire pour cela. Mais vous devriez essayer de penser en termes historiques, pour une fois." »

L’homme sans qualités, Robert Musil

 

 

Musique

“If music be the food of love, play on.”   (Orsino)

Twelfth night, Acte I, scène 1, William Shakespeare

 

 

Myrdal

Un élément favorable est que la Deuxième Guerre mondiale a fait avancer les choses dans le domaine de l'intégration raciale aux États-unis, c'est ce qu'explique notamment Gunnar Myrdal dans son livre célèbre sur la question (American dilemma) : « La guerre est sujette à changer toutes les tendances… Jamais depuis la reconstruction, d'aussi grandes raisons pour anticiper des changements fondamentaux dans les relations raciales n’ont eu lieu, des changements qui impliquent une évolution vers les idéaux de l'Amérique. »

 

 

Narcissisme

“Mrs Driffield took from a shelf a manuscript bound in blue morocco, and while the rest of the party reverently examined it, I had a look at the books with which the room was lined. As authors will, I ran my eye round quickly to see if they were any of mine, but could not find one.”    (Mme Driffield prit sur un rayon un manuscrit relié en maroquin bleu et pendant que les autres l'examinaient avec respect, je m'approchai des livres dont la chambre était tapissée. Comme tout auteur, je cherchai d'abord les miens, mais en vain.)  Somerset Maugham, Cakes and Ale, 1930, trad. E.R. Blanchet, Christian Bourgois éd.

 

 

Natalité

« La natalité indienne en Amérique est freinée par la longueur de l'allaitement maternel dans des sociétés qui ne connaissent pas l'élevage. » Louis Bergeron

 

 

Nationalisme

« La France est tellement la première des nations que toutes les autres, quelles qu'elles soient, doivent se sentir honorées d'être autorisées à manger le pain de ses chiens. Si seulement la France est heureuse, alors le reste du monde peut être satisfait même s'il doit payer pour le bonheur de la France le prix de l'esclavage et de la destruction. Mais si la France souffre, alors Dieu lui-même souffre, le terrible Dieu... »   Léon Bloy (1846-1917)

 

 

Nature

« Tu trouveras quelque chose de plus dans les bois que dans les livres. Les arbres et les rochers t'enseigneront ce que tu ne peux apprendre d'aucun maître. »   Saint-Bernard

 

 

Navigation

« Qui aurait cru que la navigation à travers les vastes océans est moins dangereuse et plus tranquille que dans le golfe étroit et menaçant de l'Adriatique ou dans les détroits de la Baltique et de la mer du Nord ? » Johannes Kepler

 

 

Royal Navy

La flotte, Home Fleet, se mutine à Invergordon, juste avant la dévaluation de la livre. Deux symboles du XIXe siècle et de sa stabilité, deux piliers de l’ordre mondial et de l’Angleterre hégémonique s’effondre : la livre sterling, la Royal Navy, la marine. La chute de deux autres empires (les Romanov, les Hohenzollern) a été précédée de tels événements, la révolte de la marine russe, en 1905 et en 1917, la révolte de la marine du IIème Reich à Kiel en 1918, déclenchant la révolution spartakiste et la démission du Kaiser. Mutinerie des équipages et révolution sont deux vieilles complices.

 

 

Nazisme

Ainsi, de même que le marxisme a été assimilé – paradoxalement étant donné son athéisme – à une perversion du christianisme (la recherche d'un homme meilleur), le nazisme a été assimilé par certains (encore plus paradoxalement du fait du génocide) à une monstrueuse perversion du judaïsme (le thème du peuple élu).

 

 

New Deal

“At the heart of the New Deal, there was not a philosophy but a temperament.”   Richard Hofstadter

 

Le New Deal cherche à cimenter notre société, riches et pauvres, ouvriers manuels et intellectuels, en une fraternité volontaire d’hommes libres, solidaires, luttant ensemble pour le bien commun de tous.

Loi sur les banques préparée en quatre jours (dimanche 5 mars, réunion) et votée le premier jour du Congrès, le jeudi 9 mars. « Le capitalisme a été sauvé aux États-Unis durant cette semaine. » Raymond Moley

Fermeture des banques du lundi 6 au jeudi 9 mars : « Le pays, qui avait perdu confiance en tout et en tout le monde a, en une semaine, repris confiance en son gouvernement et en lui-même. » Walter Lippmann

Plus la fin de la loi Volstead, la prohibition : « Let’s vote, let’s vote, we want beer », crient les représentants enthousiastes…

 

23 mai 1934 Mort de Bonnie and Clyde, en juillet, mort de John Dillinger, Al Capone est en prison.

1934 Our daily bread, de King Vidor, solidarité paysanne contre les banques, une banque refuse de financer le film, King Vidor vend sa maison, sa voiture, tous ses biens, pour finir le film.

Les trois petits cochons, de Walt Disney, sort en 1933

 

NIRA La loi la plus importante que le Congrès n’ait jamais votée, Roosevelt

AAA et NIRA, lois malthusiennes, peu aptes à relancer la production : réduire la production et limiter la concurrence pour éviter la baisse des prix.

 

Les cent jours de Roosevelt ne se terminent pas en Waterloo, mais pas non plus en Austerlitz.

Upton Sinclair, écrivain, disciple de Fourier, est candidat au poste de gouverneur en Californie. Huey Long règne en dictateur sud-américain sur la Louisiane.

Joseph Kennedy, spéculateur talentueux, dirige la SEC, Securities and Exchange Commission, votée par une loi le 6 juin 1934

 

Liberté syndicale reconnue explicitement pour la première fois aux US avec la NRA, National Recovery Administration,  Syndicats, de 3 à 9 millions, entre 1933 et 1940

Pour les firmes, NRA = No recovery allowed

 

Le bonus est payé aux vétérans en 1936

 

Avec le New Deal, ce n’est plus Wall Street qui dirige l’économie US, mais Washington : La patrie apparaît désormais comme un tout sur lequel on peut agir à partir du centre nerveux de Washington, B. de Jouvenel.

 

 

Isaac Newton

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. »

 

 

Nietzsche

« Le plus froid de tous les monstres froid ment froidement, et voici son mensonge : moi, l'État, je suis le peuple. »

 

« Insatiable comme la flamme, je brûle et me consume moi-même. »

Ecce Homo

 

« Werde, was du bist » (deviens ce que tu es)

 

« Ce que je fais, c'est raconter l'histoire des deux prochains siècles. Je décris ce qui vient, ce qui ne peut plus venir que sous cette forme : la montée du nihilisme. »

 

 

Nouvelle Calédonie

« L'installation en Nouvelle-Calédonie ne rencontre qu'un obstacle: les indigènes. Mais il est prouvé que leur nombre diminue dans une proportion des plus rassurantes et qu'à la fin du siècle on montrera dans les foires les derniers survivants des Canaques. »  L'Illustration, 1879

 

 

Nouvelle Zélande

« En 1910, la Nouvelle Zélande, qui n'avait aucune industrie digne d'être mentionnée et reposait essentiellement sur une agriculture extrêmement efficace, spécialisée dans les produits d'élevage et laitiers, avait 54% de sa population dans les villes et 40% dans le secteur tertiaire (soit le double du niveau de l'Europe de l'Ouest). » Eric Hobsbawm, The Age of Empire, 1987

 

 

OGM

« Je lis dans le dernier numéro de la revue Science que les biologistes ont créé, après dix ans de travail et 100 millions de dollars d’investissements, une variété de riz génétiquement modifié qui, grâce à une proportion élevée de béta-carotène, pallie souverainement la déficience en vitamine A. Cette déficience est la principale cause de cécité ou de troubles de la vue qui frappent environ 250 millions d’enfants dans les pays pauvres. Il est matériellement impossible d’atteindre tous ces enfants avec les médicaments appropriés. Au contraire, le remède, incorporé à leur aliment de base, sauvera de la cécité des générations d’aveugles potentiels. Les écologistes et autres vertueux activistes luttant farouchement contre les céréales génétiquement modifiées se retrouvent une fois de plus du mauvais côté de l’histoire. »

J.-F. Revel, Les plats de saison, journal de l’année 2000, Seuil, 2001

 

« Mme Ségolène Royal appelle les maires de la région à prendre des arrêtés anti-OGM en plein champ. Outre le caractère illégal de cette recommandation, ces propos venant d'une responsable politique éminente, sont à mon sens très graves et pour le moins surprenant ! Surtout au moment où la recherche française est en crise, où les sciences de la vie et les biotechnologies prennent un énorme retard. Certes les OGM sont largement bloqués en Europe par un moratoire et un principe de précaution contestés, mais obtenus sous la pression d'opposants très actifs. Mais les OGM continuent à se développer fortement et régulièrement sur notre planète :

– Depuis 1996, 300 000 ha de plantes transgéniques sont cultivés dans le monde.

– En 2003, 7 millions d'agriculteurs ont semé des semences transgéniques dans 18 pays.

– Et, malgré les risques apocalyptiques assénés par les opposants, aucun problème de santé et aucune incidence néfaste sur l'environnement n'ont pu être mis en évidence.

Comment Mme Royal peut-elle ignorer le très large consensus sur les OGM, que ce soit au niveau national (Académies des sciences et de médecine), européen (Commission européenne), ou international (OMS, FAO), sans parler des multiples commissions parlementaires, sénatoriales ou des réflexions du Commissariat général du Plan, même si quelques réserves ont pu être exprimées ?

Faut-il rappeler à Mme Royal que le scandale du sang contaminé aurait pu être évité si l'hormone de croissance et le facteur anti-hémophilique avaient été fabriqués par des bactéries génétiquement modifiées, comme aujourd'hui, et non extraits de tissus humains ?

Pour revenir aux plantes transgéniques, qui suscitent, il est vrai, par manque d'informations scientifiques, un faible taux d'adhésion dans de nombreux pays d'Europe, comment peut-on nier qu'elles sont un progrès pour les agriculteurs et qu'elles permettent de réduire l'utilisation de produits phytosanitaires, ces pesticides tant décriés et dont la France est le deuxième consommateur mondial ? Le petit producteur de coton chinois aurait-il tort d'utiliser des semences BT résistantes à des insectes, qui lui permettent de passer quatre fois moins souvent dans ses champs pour épandre des insecticides avec son pulvérisateur a dos en prenant des risques pour sa santé ?

L'utilisation de plantes transgéniques résistantes aux insectes, aux maladies, aux virus n'est-elle pas une technologie d'avenir pour protéger les cultures contre le parasitisme, qui fait perdre un tiers des récoltes mondiales ?

L'alternative de l'agriculture dite biologique est à encourager certes, mais elle ne sera pas la solution pour résoudre le problème alimentaire des 850 millions de personnes souffrant de malnutrition. »
Gérard Kadaroff, courriel, lettre au Monde, jeudi 15 avril 2004, p. 31

 

 

Optimistes

« L’optimiste est un imbécile heureux. Le pessimiste un imbécile malheureux. Vous pouvez très bien vous les représenter sous les traits de Laurel et Hardy. » Georges Bernanos

 

 

Orwell

“Some ideas and opinions are so foolish that you have to belong to the intelligentsia to believe them.”

 

“Only a socialist can show such contempt for ordinary people.”

 

Le terme guerre froide a été lancé par George Orwell dans des articles de journaux dès 1945.

 

Dans Hommage à la Catalogne (1938), George Orwell, alors engagé dans les Brigades internationales, décrit les affrontements entre le POUM et les communistes à Barcelone. Les communistes, contrôlés par Staline, liquident les anarchistes, trotskistes et marxistes non staliniens.

 

 

Pain

Les historiens insistent sur le fait que pendant la révolution agricole puis industrielle aux XVIIIe et XIXe siècles, la consommation de pain blanc raffiné fait avec du blé tend à remplacer celle de pain noir complet à partir de céréales moins nobles (seigle, froment) dans toutes les classes sociales y compris les classes populaires, en Angleterre tout d'abord. Trevelyan (1942) le signale, sans l'expliquer, comme un progrès dans l'alimentation, en mettant néanmoins en doute l'effet sur la santé de la population. Une interprétation intéressante est celle de Petersen (1995) qui résout une sorte de paradoxe, c'est-à-dire le fait qu'autrefois le pain blanc était considéré comme supérieur, alors qu'aujourd'hui la mode revient aux pains complets, qui deviennent donc plus chers que les pains raffinés. Les observateurs de l'époque critiquaient les goûts de luxe des travailleurs qui achetaient du pain blanc de préférence au pain complet. Cette attitude résultait cependant d'un choix rationnel. En effet le pain complet est plus riche en fibres et contient moins de farine, donc d'éléments nutritifs, à l'unité de poids. Les éléments purement nutritifs sont absents des fibres dont l'effet est d'accélérer le passage de la nourriture dans le corps. Pour les employés, professions libérales et cadres sédentaires d'aujourd'hui, dont l'alimentation est riche en protéines (viandes, poissons, œufs, etc.), il est tout à fait judicieux de consommer davantage de fibres pour accélérer le transit et donc de préférer les pains complets, mais pour la classe ouvrière des premiers temps de la révolution industrielle, qui comptait surtout sur le pain pour son apport en calories, il était nécessaire de réduire la part des fibres pour augmenter celles des éléments nutritifs, et donc de consommer du pain blanc de blé plutôt que des pains de seigle, orge ou froment. La consommation de fibres, en plus de réduire l'apport énergétique, occasionnait également une plus grande dépense d'énergie puisqu'elle accélère le passage dans l'organisme.

C'est seulement à la fin du XIX siècle et au XXe, surtout après 1945, quand les niveaux de vie commencèrent à s'élever et les apports énergétiques à se diversifier, en même temps que les travaux devenaient de moins en moins manuels et de plus en plus intellectuels, que la consommation accrue de fibres s'explique de façon rationnelle.

Christian Petersen, Bread and the British Economy, c1700-1870, A. Jenkins ed., Aldershot, Hampshire: Scolar Press, 1995

 

 

Dorothy Parker

He [Robert Benchley] and I had an office so tiny that an inch smaller and it would have been adultery.

 

All those writers who write about their childhood! Gentle God, if I wrote about mine you wouldn’t sit in the same room with me.

 

Brevity is the soul of lingerie.

 

Those who have mastered etiquette, who are entirely, impeccably right, would seem to arrive at a point of exquisite dullness.

 

Gratitude--the meanest and most snivelling attribute in the world.

 

It’s not the tragedies that kill us, it’s the messes.

 

Wit has truth in it; wisecracking is simply callisthenics with words.

 

One more drink and I’d have been under the host. [Comment on a party she had attended.]

 

Where’s the man could ease a heart,

Like a satin gown?

 

This is not a novel to be tossed aside lightly. It should be thrown with great force. [From an actual book review.]

 

 

Parlement

Lorsque le premier membre travailliste entra au parlement britannique, jusque là surtout composé d'aristocrates et de grands bourgeois, la petite histoire relate ceci : alors qu'il demandait à un ancien député où étaient les toilettes, celui-ci lui répondit « Il y a une porte par là marquée "Gentlemen", mais que cela ne vous décourage pas… ».

 

 

Patagonie

« Les gens de Trapananda* ont les oreilles si grandes qu'ils n'ont pas besoin pour dormir de couvertures ou de vêtements protecteurs, car ils se couvrent le corps avec leurs oreilles.

Les gens de Trapananda dégagent une telle puanteur et pestilence qu'ils ne se supportent pas entre eux, de sorte qu'ils ne s'approchent, ne s'accouplent ni n'ont de descendance »...

* en Patagonie

Séville, Archives des Indes, cité par Luis Sepúlveda, Patagonia Express, 1994

 

 

Patriotisme

« Le patriotisme est le dernier refuge des coquins. » Samuel Johnson

 

“He could not think of the white cliffs of England without a deep emotion; and when they passed the English ships, tramps outward bound or stout brigantines driving before the wind with their spreading sails, he saw the three-deckers of Trafalgar and the proud galleons of the Elizabethans. He felt a personal pride in those dead adventurers who were spiritual ancestors of his, and he was proud to be an Englisman because Frobisher and Effingham were English, and Drake and Raleigh and the glorious Nelson. And then his pride in the great empire which had sprung from that small island, a greater Rome in a greater world, dissolved into love as his wandering thoughts took him to green meadows and rippling streams.”   Somerset Maugham, The Explorer, 1907

 

 

Péages

Sur les douanes intérieures en France et les routes à péage en GB, voir Braudel t. 3, p.246 sq. et 273 sq. Sur les transports en France dans l'Ancien Régime : Braudel, t. 3, p. 274

 

 

Péché

“Never sin; but if you sin, never repent; and above all, if you repent, never, never confess.”

The merry-go-round, 1905

 

 

Peine capitale

Henri Goyon de la Plombanie (sic), un utopiste des lumières, dans son livre L'Homme en société (1763), préconise l'abolition de la peine de mort, cette "gaspilleuse de main-d'œuvre", pour la remplacer par des travaux forcés à vie. (cité par Bernard Kapp, Le Monde, 10 novembre 1998)

 

Au XVème siècle an Angleterre pendant la guerre des Deux Roses, les punitions cruelles étaient courantes ; ainsi Alison Weir (The War of the Roses, Ballantine, 1995) rapporte que « les traîtres étaient pendus; quand ils étaient à moitié étranglés, on les détachait pour leur ouvrir les entrailles puis les châtrer, et pour finir, alors qu'ils étaient encore conscients, on les enterrait vivants ou bien on les découpait en quatre morceaux. »

 

 

Pensée unique

« ...les jeunes gens frivoles qui sentent pour la première fois leur esprit gorgé par l'excès d'une pensée unique. »   Charles Morgan, Sparkenbroke

 

 

Peste noire

« La montée de l'État considéré dans sa longue durée, n'est-ce pas d'une certaine façon l'histoire entière de l'Europe ? Il disparaît avec la chute de Rome au Ve siècle, il se reconstitue avec la révolution industrielle des XIe-XIIIe siècles, se désorganise à nouveau au lendemain de la catastrophe de la Peste Noire et de la fabuleuse régression au milieu du XIVe siècle... cette désintégration, cette chute au bout de la nuit, le plus grand drame qu'ait enregistré l'histoire de l'Europe. Des catastrophes plus tragiques ne manquent certes pas dans le passé du vaste monde : les invasions mongoles en Asie, la disparition de la majeure partie de la population amérindienne, après l'arrivée des Blancs. Mais nulle part un désastre de pareille ampleur n'a déterminé pareille récupération, la progression ininterrompue à partir du milieu du XVe siècle, au bout de laquelle se placent, à la fin, la révolution industrielle et l'économie de l'État moderne. »  (Braudel, 1979, t. 3, p. 268)

 

En plus des lazarets dans les ports, l'Europe se protège contre la peste en établissant des cordons sanitaires aux frontières terrestres, en France, en Prusse, en Autriche. De l'Adriatique à la Transylvanie les Habsbourg construisent une barrière de près de 2000 km avec des postes d'observation à portée de mousquet et des patrouilles autorisées à tirer sans sommation. Il s'agit de s'isoler de l'empire Ottoman où la peste reste endémique. Aux frontières, les biens sont désinfectés, les lettres percées avec des aiguilles et fumigées, les pièces immergées dans du vinaigre, les hommes soumis à la quarantaine

 

« La chute de la population après la grande peste a été décrite comme une sorte de plan Marshall. »

The Middle Ages : the lull that never was (l'accalmie imaginaire).

 

 

Phares

Les phares étaient d'abord privés en Europe (les constructeurs et propriétaires prélevaient des taxes sur les bateaux entrant dans les ports voisins) puis repris par l'État à partir du XVIIe siècle et financés par le budget national.

Jones (1981), voir aussi : D.A. Stevenson, The World's Lighthouses before 1820, Oxford University Press, 1959 ; Patrick Beaver, A History of Lighthouses, Peter Davies, 1971

 

 

Pigeons

So these two naked statues, the man and the woman, they had been standing looking at each other in this park for a hundred years...

So an angel comes to visit them, and says that as they've stood there patiently through such ages of summers and winters, they will be rewarded by half an hour of human life to do what they have been wanting to do most...

So these two statues come to life, and look at each other and laugh a bit, and say "Shall we?" and "Yes, let's", and then they nip off behind some bushes, and there's a lot of rustling...

After a quarter of an hour they come out from behind the bushes all hot and flustered and happy, and the angel says they've only used half the time, why don't they start all other again...

So the statues giggle a bit and the man statue says to the girl statue, “OK, let's do it again, only this time we'll do it the other way round. I'll hold down the effing pigeon, and you shit on it”.

Dick Francis, Reflex, 1981

 

 

Planification

Dans l'entre-deux-guerres, des économistes comme Abba Lerner ou Oscar Lange, qui s'opposaient en cela aux néoclassiques Friedrich Hayek ou Ludwig Von Mises, croyaient en la possibilité d'une gestion efficace d'un système socialiste planifié, pour peu qu'on y utilise les outils de l'analyse microéconomique. Lerner fit le voyage à Mexico pour dire à Trotski que 'tout irait bien dans un État communiste si seulement il reproduisait les résultats d'un système concurrentiel et que les prix étaient fixés au coût marginal'."

R.Coase, The nature of the firm, Journal of Law, Economics and Organization, n°4, 1988, cité aussi par O.E.Williamson, The Institutions and Governance of Economic Development and Reform, Banque mondiale, conférence annuelle sur l'économie du développement, 1989

 

 

Plath

“The 3 ladies of sorrow: Lady of Tears, Lady of Sighs, Lady of Darkness.”  Sylvia Plath

 

 

Pôle Nord

« Il n'y avait plus d'est, d'ouest, de nord, mais une seule direction, le sud. Chaque bouffée de vent était un vent du sud, d'où qu'il put venir. Ici, un seul jour et une seule nuit formaient une année. »

Robert Edwin PEARY, conquérant (contesté) du pôle Nord (90° N), le 6 avril 1909

 

 

Politesse

“Civility costs nothing and buys everything.”

Lady Mary Wortley Montagu, Letter to the countess of Bute (sa fille), May 30, 1756

 

 

Politique

« Certes, on n'a pas fait tout ce que j'ai voulu ; mais on n'a pas fait ce que je ne voulais pas. » Friedrich von Holstein (1837-1909), diplomate allemand, conseiller du chancelier Hohenlohe (1894-1900).

 

“One cannot opt out of politics.” Peter Mathias, 1983

 

 

Pommes de terre

“No food can afford a more decisive proof of its nourishing quality, or of its being peculiarly suitable to the health of the human constitution.” Adam Smith, WN, livre 1, chapitre XI

(Aucune nourriture ne peut donner une preuve plus décisive de ses qualités nutritives, ou du fait qu'elle soit aussi particulièrement adaptée à la santé de la constitution humaine)

Trevelyan remarque à ce sujet : « qu'il ait raison ou pas, les pommes de terre représentent une solution facile mais risquée de nourrir une population importante. »

 

 

Portugal

Pombal reçoit les pleins pouvoirs après le tremblement de terre de 1755 à Lisbonne, il conseille au roi « d'enterrer les morts et de relever les vivants » et établit une sorte de dictature éclairée qui va moderniser le royaume. Il lève les barrières raciales dans les colonies, légifère contre l'antisémitisme, réforme les cours à l'université de Coimbra et fonde une école de commerce à Lisbonne. (Jones)

 

 

Poulailler

“The doctrine of the 'free fox in the free chicken-run'.”

 

 

Privilèges

« Au temps de l’URSS, la nomenklatura fréquentait discrètement un magasin spécial, rue Granovski, à quelques pas du Kremlin. Les plus hauts placés dans la hiérarchie y envoyaient leur chauffeur. La façade était celle d’un immeuble anodin, l’entrée était gardée par des cerbères qui renvoyaient les indiscrets. Car on y trouvait tout ce qui manquait dans les magasins d’État – il n’y en avait pas d’autres, sauf les marchés kolkhoziens, hors de prix pour le Soviétique moyen. On trouvait tout, rue Granovski, y comprs les produits occidentaux tant convoités. Le coût allait de la gratuité pure et simple à des prix dérisoires sans commune mesure avec la valeur réelle de la marchandise. Pour le « client », il était inversement proportionnel à sa place dans la nomenklatura, la liste des fonctions dans le parti et le gouvernement héritée du tchine tsariste. Plus on était élevé dans la hiérarchie, plus le prix était bas. »

Daniel Vernet, « Poutine, "petit père des pauvres" », Le Monde, 2 février 2005

 

 

Profit

“Fives rupees invested in the morning has brought us another five... They ruminated on the exquisite mystery of this multiplication.”

R.K. Narayan, The Martyr's Corner, tiré de Tales from Malgudi, Penguin 60s, 1995

 

 

Progrès

À propos de la catastrophe ferroviaire de 1842 : « La civilisation est un champ de bataille où beaucoup succombent pour la conquête de tous. Plaignons-les, plaignons-nous et marchons ! » Lamartine

 

 

Prophétie

« Si nous devions prédire qu'en l'an 1930 une population de 50 millions d'habitants, mieux nourrie, logée et vêtue que les Anglais de notre temps, couvrirait ces îles, que le Sussex et le Huntingdonshire seraient plus riches que les parties les plus riches du West Riding et du Yorkshire le sont maintenant, ... que des machines construites selon des principes non encore découverts seraient dans toutes les maisons, ... beaucoup de gens nous prendraient pour des fous. »

T.B. Macaulay, 1830

 

 

Propriété

Pour Daunou (1761-1840) dans son Essai sur les garanties individuelles (1818), « la propriété fonde l'indépendance ». Elle est « le socle sur lequel repose l'édifice des libertés : d'aller et venir, de jouir des revenus de son travail, d'entreprendre, de commercer, de penser, d'écrire, de croire, etc., bref de vivre sa vie. » (Ph. Simonnot, article sur Daunou, le Monde, 5/5/2000).

 

Au Moyen Âge, « l'idée de vendre sa terre pour se procurer de l'argent liquide n'est certainement jamais venue à aucun d'entre eux (les paysans). L'état de la société et des mœurs s'y opposait invinciblement. » Pirenne, ibid.

 

 

Protectionnisme

En Grande-Bretagne, après presque un siècle de libre-échange (1846, abolition des Corn Laws par Peel), le tarif douanier est voté le 4 février 1932, approuvé par 454 voix contre 78…

 

« Après l'interlude libéral de 1860-1879, les pays européens optent pour une sorte de néomercantilisme, cherchant à se renforcer par l'autarcie. Mais si l'influence positive de la protection sur l'industrialisation est contestée, son influence négative sur le commerce extérieur et la division internationale du travail n'est pas mise en doute. » Sydney Pollard, 1985

 

 

Propriété

« Les possédants qui ne consomment pas mais s'acharnent à étendre leur avoir se heurtent continuellement à une limitation bien fâcheuse, à savoir que les hommes doivent mourir. La mort, voilà la véritable raison pour laquelle propriété et acquisition ne sauraient tenir lieu d'authentique principe politique. »

Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, 1951

 

 

Proverbes

« Our house is clean enough to be healthy and dirty enough to be happy. »

Poster inscription in American kitchens

Cité par Joel Mokyr, "Why more work for mother? Knowledge and household behavior, 1870-1945", JEH, 60(1), Mars 2000

 

 

Racine

JUNIE
Seigneur, avec raison je demeure étonnée.
Je me vois, dans le cours d'une même journée,
Comme une criminelle amenée en ces lieux ;
Et lorsque avec frayeur je parais à vos yeux,
Que sur mon innocence à peine je me fie,
Vous m'offrez tout d'un coup la place d'Octavie.
J'ose dire pourtant que je n'ai mérité
Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité.
Et pouvez-vous, Seigneur, souhaiter qu'une fille
Qui vit presque en naissant éteindre sa famille,
Qui, dans l'obscurité nourrissant sa douleur,
S'est fait une vertu conforme à son malheur,
Passe subitement de cette nuit profonde
Dans un rang qui l'expose aux yeux de tout le monde,
Dont je n'ai pu de loin soutenir la clarté,
Et dont une autre enfin remplit la majesté ?

Britannicus, Racine, Acte II, scène 3, Junie, à Néron

 

Grâce aux dieux ! Mon malheur passe mon espérance !

Oreste dans Andromaque, Acte 5, scène 5, Racine (1667)

 

Ah, je l'ai trop aimé pour ne le point haïr.

Hermione, Andromaque, Acte II, scène 1

 

Je t'aimais inconstant ; qu'aurais-je fait fidèle ?

Hermione, Andromaque, Acte IV, scène 5

 

Je perds trop de moments en des discours frivoles :

Il faut des actions, et non pas des paroles.

Achille, Iphigénie, Acte III, scène 7, vers 1077-1078, Racine, 1675

 

 

Racisme

 « Ici, il y a surtout beaucoup d'Asie dans l'air, ce n'est pas en vain que cela grouille de types de la Mongolie moscovite. Ces gens – et Settembrini, du menton, fit un mouvement en arrière, par-dessus son épaule – ne vous orientez pas intérieurement sur eux, ne vous laissez pas infecter par leurs conceptions, opposez bien plutôt votre nature, votre nature supérieure à la leur, et tenez pour sacré ce qui, par nature et par votre origine, doit être sacré pour vous, fils de l'Occident, du divin Occident, fils de la civilisation... »

Thomas Mann, La Montagne magique, chapitre V, 1924

 

 

Raison

« La raison est de tous les climats. »

La Bruyère

 

 

Recensement

Le recensement de 1753 en Angleterre : « une atteinte aux derniers restes de la liberté anglaise ! », cité par Toynbee

 

 

Règlements

“There are rules and regulations, and there's protecting your soldiers. I just felt I'd never have to write a letter of condolence home to a 'rule and regulation.'” Lt. Col. Allen B. West, who was relieved of command over a coercive interrogation in Iraq.

 

 

Religions

« Les puritains sont un peu les musulmans du Nord, graves, silencieux, orgueilleux, intrépides comme les musulmans d'Afrique. »

 

« Le protestantisme n'est pas un catholicisme atténué; c'est un christianisme différent, on serait tenté de dire: une autre religion. »

Élie Halévy, 1906

 

 

Renan

« Des machines obéissantes prêtes à toutes les férocités. » Ernest Renan, Dialogues philosophiques

 

 

Résumer

« Un cliché prétend que traduire c'est trahir (traduttore, tradittore), moi je considère que résumer, c'est trahir. » Norman Mailer

 

 

Retraite

“Even in retirement he does more work than many academics in their prime.”

Julian Hoppitt, à propos de Peter Mathias, EHR, LII(2), mai 1999, p. 370

 

 

Île de la Réunion

« Nous marchions sur une coulée de laves effritées. Ni arbres ni prairie sur ces pentes, sauf dans un cirque reboisé par les Eaux et Forêts. Il ne reste plus que la scorie des anciens volcans. Les pentes ressemblent aux terrils des mines de Lorraine. Nous avancions sur les flancs d'un terril de trois mille mètres de hauteur.

— Voilà, dit l'homme, jusqu'à vingt ans je n'ai pas cru à la France.

— Croire à la France ?

— Oui, dit-il, j'étais persuadé que la France n'existait pas. Ni les autres pays bien sûr, ni même Madagascar.

— Qu'est-ce qui existait ?

— Ça.

   Il désigna d'un geste le cirque ouvert, la dégringolade de mâchefer jusqu'aux taches vert clair des maïs sur les îlets, le vert plus foncé des cannes à sucre à l'approche de la côte et, à l'horizon, la bande plomb fondu, étain battu de l'océan Indien.

— Ça, reprit-il. La Réunion. L'île. Rien d'autre.

— Vous êtes allé à l'école ?

— Oui, dit-il. Mais la plupart de mes camarades croyaient comme moi qu'il n'existait rien d'autre au monde. Rien absolument que notre île.

— L'instituteur vous avait bien parlé des continents, des océans, des nations ?

— L'instituteur était un ivrogne.

— Il vous avait montré des livres, des images, des photographies...

—Nous étions persuadés qu'il avait tout inventé, tout ce qui n'était pas l'île.

— Les gendarmes, les forestiers ? La plupart viennent de France. Ils vous avaient certainement parlé de la France ?

— Nous pensions qu'ils s'étaient mis d'accord avec l'instituteur. Tous d'accord. Des histoires pour nous faire travailler.

— La route arrivait déjà jusqu'à Cilaos. Vous aviez vu des autos. Ce n'est pas à la Réunion qu'on peut fabriquer des automobiles !

— On les répare bien ; pourquoi ne les fabriquerait-on pas ? Cet instituteur voulait nous faire croire que nous n'étions bons à rien. Il avait inventé les Français pour nous faire croire qu'il en savait plus que nous. C'était ce que nous pensions.

— Vous étiez allé au cinéma ? Au cinéma on voit la  France, l'Amérique, le Far-West...

— Le cinéma, c'est des inventions.

— Vous aviez vu passer des avions ?

— Des avions..., dit-il.

   Il fit un geste de la main, comme de planer, comme d'impuissance, comme de désintérêt.

— C'est seulement, poursuivit-il, quand j'ai fait le service militaire... On nous a envoyés à Madagascar. Alors j'ai commencé à croire que c'était vrai.

— Quoi ? demandai-je.

— Tout, répondit-il. Le cinéma.

   Voilà bien le comble de l'insularité. À la limite de l'insularité, l'univers se confond avec l'île. Il y faut donc une île qui soit parfaitement île. M. (un philosophe italien de mes amis) prétend que le goût croissant de nos contemporains pour les îles, la vogue des îles, la mode des îles, (Capri, Porquerolles, Hawaii, Tahiti) est une manière de fuite devant la vie. La peur de l'Occidental devant une société qui se décompose. On se retranche de la communauté. On se mutile de la civilisation. On se coupe de l'univers. Un vrai retour dans le ventre maternel.

   Dans l'œuf. À l'abri de la coquille.

   Encore faut-il justement découvrir une île parfaitement île. Les archipels, par exemple, conviennent mal ; la mer, propice aux embarcations, unit les rivages des îles voisines plus qu'elle ne les sépare ; plus d'une civilisation est née dans un archipel. Ou bien l'île est proche d'un continent et le ferry-boat joint en pointillé, de l'île à la grande terre, des rails d'un écartement inégal.

   Au contraire de toutes ces pseudo-îles, la Réunion est parfaitement isolée, à plusieurs heures de vol, à plusieurs jours de navigation des côtes de l'Afrique. Si haut qu'on se place, si loin qu'on regarde, on ne voit que l'océan. Un océan sans marées, sans récifs, sans écueils. La limite entre le roc et l'eau est nette, constante, à toute heure et en toute saison la même. Les fonds sont tout de suite très profonds. Rien qui puisse suggérer que la terre se prolonge sous les eaux et peut ressurgir ailleurs. Un océan qui est comme une muraille : il n'ouvre pas sur d'autres mondes, il clôt, il ferme, il enferme la terre unique. »

Roger Vailland, La Réunion, 1952

 

 

Réunions

La réunionnite, vue par J.K. Galbraith, La Crise de 1929, 1961 :

« Les hommes se réunissent pour beaucoup de raisons dans le cours de leurs affaires. Ils ont besoin de s'informer ou de se convaincre. Ils doivent se mettre d'accord sur une ligne de conduite. Ils trouvent que penser en public est plus productif ou moins douloureux que penser individuellement. Mais il existe au moins autant de raisons en faveur de réunions destinées à ne pas régler d'affaires. On tient des réunions parce que les hommes recherchent la compagnie ou, au minimum, souhaitent échapper à l'ennui de leurs devoirs solitaires. Ils aspirent au prestige qui s'attache à l'homme qui préside et cela les conduit à convoquer des assemblées qu'ils peuvent présider. Enfin, on trouve ce genre de réunion qui est convoquée non pas parce qu'il y a des affaires à régler, mais parce qu'il est nécessaire de donner l'impression que des affaires s'y règlent. Ces réunions sont plus que des substituts de l'action : elles finissent par être considérées comme l'action elle-même. »

 

 

Rêves

We are such stuff as dreams are made of, and our little life is rounded with a sleep.

(Nous sommes faits de la même étoffe que les songes, et notre petite vie, un somme la parachève)  (Prospero)

La Tempête, IV, 1, William Shakespeare, 1611

 

 

Révolution française

« Cela ne se serait pas produit, si on avait cru que cela pouvait arriver. »

Edmund Burke, à propos de la Révolution française.

 

Conséquences économiques et démographiques

Transfert des activités industrielles de la façade atlantique vers l'axe « lotharingien » durant la Révolution, mais bilan global négatif

Pertes en vies humaines : 38 % de tués dans la classe d'âge née en 1791-95, morts en 1807-1815 (de 16 à 20 ans) ; 25 % pour la guerre de 14-18

 

 

Révolution industrielle

« L'industrialisation de la Grande-Bretagne a été un processus européen, dans lequel des Allemands, des Grecs, des Américano-Irlandais et toute une collection d'autres peuples (Hollandais, Français, Italiens, etc.) ont apporté leurs talents. »

S.D. Chapman

 

« La révolution industrielle britannique est à l'histoire du progrès technologique ce que la montée du christianisme est à l'histoire des religions. »

Joel Mokyr

 

« Durant le petit nombre d'années qui sépare l'accession au trône de George III* de celle de son fils Guillaume IV**, la face de l'Angleterre a changé. » Ashton

* 1760   ** 1830

 

« Les horreurs mécanisées de la révolution industrielle », expression citée, et contestée, par Ashton

 

« Le noble anglais se fit participant à la société et non point parasite. » David Landes (thèse contestée par Stone, Annales, 1985)

 

« La source de la nouvelle richesse de la Grande-Bretagne réside dans les cités sales, surpeuplées et chaotiques, le foul drain. » Alexis de Tocqueville

 

« La série des biens de capital fixe utilisés dans la production, plutôt que dans le commerce, a commencé à s'accroître sensiblement ... Un accroissement de la variété, de l'étendue, du champ des biens de capital fixe dans lesquels l'investissement s'est matérialisé, voilà la définition correcte du changement apporté par la révolution industrielle. »  Hicks

 

« L'histoire économique a pendant longtemps mal interprété l'industrialisation en France parce qu'elle a pris l'habitude de considérer la croissance économique moderne à travers le prisme de l'expérience anglaise. La définition de la révolution industrielle, le concept d'industrialisation, dérivaient de l'étude et de la familiarité avec le cas britannique. La France apparaissait comme statique et inadaptée au XVIIIème siècle, attardée et stagnante au XIXème, parce que les faits, les institutions, les relations et les processus ne se conformaient pas dans nombre d'aspects à leur équivalent anglais. De façon ironique, cette définition traditionnellement "britannique" de l'industrialisation a été formulée au départ, non pas par quelque Anglais ethnocentrique, mais par un astucieux esprit gaulois. Je fais allusion bien sûr, à l'ouvrage classique et précoce de Mantoux, toujours influent, le locus classicus de cette définition "anglaise" de la révolution industrielle. »    R. Roehl, 1976

 

« La révolution industrielle n'a pas été l'âge du coton, ni des chemins de fer, ni même tout à fait de la vapeur, elle a été l'âge du progrès. »   Donald McCloskey, 1981

 

« Il ne faut pas s'écarter trop longtemps de ce pays, sinon on trouvera les choses trop avancées depuis la dernière fois qu'on les a vues. »    Émile Martin, 1837 (à propos de l'Angleterre), cité par Locke, 1981

 

“We are its children and children often try to diminish or kill their parents; but that does not change the fact of paternity or its importance.” D.S.Landes, in Mokyr, 1993

 

 

Révolution néolithique

La zone méditerranéenne possédait à l'origine 32 des 56 espèces de céréales sauvages disponibles dans le monde pour la domestication, l'Amérique du Nord en contenait seulement 4, de même que l'Afrique subsaharienne, et l'Asie de l'Est six (Jared Diamond, 1997).

 

 

Révolution permanente

« Pas plus qu'il n'y a eu de capitalisme dans une seule province féodale ou d'asiatisme dans une seule communauté primitive, il ne peut y avoir de socialisme dans un seul pays ; la question de l'élargissement de la base territoriale d'organisation du travail est ainsi de nouveau posée comme condition du développement des forces productives. » Trotski

 

Révolution russe

« La chaudière russe en voie d'éclatement répandait sur l'Europe une fumée d'idées qui passaient pour neuves. »   Marguerite Yourcenar, Le Coup de grâce

 

 

Révolution technique

Dans la révolution technologique actuelle, l'ordinateur peut être comparé au métier à filer de la première révolution industrielle, tandis que les logiciels correspondraient aux métiers à tisser.

 

 

Ricardo

« L'échange lie entre elles toutes les nations du monde civilisé par les nœuds communs de l'intérêt, par des relations amicales, et en fait une seule et grande société. »

 

« A la mort de Ricardo en 1823 à l'âge de 51 ans, Mill n'en avait que 17. Il était le fils du meilleur ami de Ricardo. Si celui-ci avait vécu, même cinq années de plus, il aurait été le précepteur de Mill. En 1829, ce dernier était au sommet de sa forme, accomplissant son meilleur travail en économie. Que n'auraient pu réaliser ces deux là, s'ils avaient pu travailler ensemble, même pendant peu de temps ? Chacun d'eux manifestait courage et impartialité; et Mill, bien plus que Ricardo, pouvait expliquer. » Hicks

 

 

Ritz

César Ritz, le plus célèbre des chefs de la Belle Époque, qui crée la chaîne des célèbres hôtels.

 

 

Franklin Roosevelt

“In the future days which we seek to make secure, we look forward to a world founded upon four essential human freedoms.

The first is freedom of speech and expression --everywhere in the world.

The second is freedom of every person to worship God in his own way-- everywhere in the world.

The third is freedom from want, which, translated into world terms, means economic understandings which will secure to every nation a healthy peacetime life for its inhabitants--everywhere in the world.

The fourth is freedom from fear, which, translated into world terms, means a world-wide reduction of armaments to such a point and in such a thorough fashion that no nation will be in a position to commit an act of physical aggression against any neighbor --anywhere in the world.”

THE FOUR FREEDOMS, delivered by Franklin Delano Roosevelt, on January 6, 1941

 

« Etes-vous communiste, Mr President » demande une jeune journaliste.

Non, Etes-vous socialiste, non, Etes-vous capitaliste, non. Alors, quelle est votre philosophie ?

Philosophy, philosophy ? I am a Christian and a democrat, that’s all…

 

1936 L’extravagant M. Deeds, de Frank Capra, représente en fait Roosevelt

 

Une femme inconnue en pleurs devant la Maison Blanche, le jour de la mort de FDR : « J’ai l’impression que je le connaissais, qu’il me connaissait, et qu’il m’aimait. »

 

Anecdote rapportée par J.K. Galbraith (dans un livre de souvenirs : Name-Dropping : From FDR on, Houghton Mifflin, 1999) :

« Un beau matin, pendant le séjour de FDR à Warm Springs, Harry Hopkins est allé le voir pour défendre la cause du WPA. Que pouvait-il y avoir de plus important que la création d’emplois ? Les emplois constituaient la priorité de l’heure, et en créer, la raison d’être du New Deal. C’était donc la WPA qui devait figurer au sommet des priorités des pouvoirs publics et se voir accorder toutes les ressources financières disponibles.

Attentif, FDR acquiesce d’un hochement de tête. "Harry, tu as tout à fait raison", dit-il.

Dans l’après-midi, Ickes se rend au cottage de Warm Springs pour défendre la cause des travaux publics. Les critères d’évaluation devraient reposer sur l’utilité et l’excellence des travaux effectués. C’est sur cette base que seraient jugés tous les efforts du gouvernement, que se ferait ou se déferait la réputation de ce dernier. C’est aux travaux publics que devaient être consacrées l’attention et les ressources financières voulues.

Après avoir soigneusement soupesé les propos de Ickes, le président lui dit : "Harold, tu as tout à fait raison."

Eleanor était présente aux rencontres avec les deux visiteurs. Après le départ de Ickes, elle s’adresse ainsi au président : "Je ne te comprends pas, Franklin. Harry se présente ici et défend sa cause, et tu lui dis qu’il a tout à fait raison. Harold arrive ensuite et défend la cause opposée, et tu lui dis qu’il a tout à fait raison."

Pour toute réponse, elle obtient : "Eleanor, tu as tout à fait raison." »

 

 

Theodore Roosevelt

La réaction des milieux d'affaires aux critiques surtout verbales de Theodore Roosevelt est illustrée par le mot de John Pierpont Morgan lorsque le président partit pour un safari : « J'espère que le premier lion qu'il rencontrera fera son devoir » (I hope the first lion he meets will do his duty).

 

“I have no idea of what the American people think. I only know what they should think.”

Theodore Roosevelt

 

 

Sacco et Vanzetti

22 août 1927 Sacco et Vanzetti exécutés (hold up à South Braintree, Mass. en 1920)

 

 

Sagesse

« L'expérience tirée des livres, bien que souvent valable, ne participe que du savoir, tandis que l'expérience tirée de la vie participe de la sagesse ; or il vaut infiniment mieux posséder un peu de sagesse que beaucoup de savoir. » Samuel Smiles (Self help, 1859).

 

 

Saint-Just

"Dans Landau investie par les Autrichiens, Saint-Just répond au plénipotentiaire qui propose d'accorder à la garnison une capitulation honorable :

« La République française ne reçoit de ses ennemis et ne leur envoie que du plomb. »

Landau sauvée, Charleroi investie par l'armée de Jourdan, il n'ouvre pas la lettre que lui envoie le gouverneur :

« – Ce n'est pas du papier, mais la place que je vous demande.

– Mais si la garnison se rend à discrétion, elle se déshonore...

– Nous ne pouvons ici vous honorer ou vous déshonorer, comme il n'est pas en votre pouvoir d'honorer ou de déshonorer la nation française. Il n'y a rien de commun entre vous et nous. »"

André Malraux, « Le Triangle noir, Laclos, Goya, Saint-Just », Le Monde, 23/11/1996

 

 

Saki 

“I merely told her with engaging simplicity that the art of life was the avoidance of the unattainable.”

(Je lui ai seulement dit avec une simplicité désarmante que l'art de la vie consistait à ne pas rechercher l'impossible.)

 

“– Someone Who Must Not be Contradicted said that a man must be a success by the time he's thirty, or never.

 – To have reached thirty, said Reginald, is to have failed in life.”   Reginald on the Academy

(Quelqu'un Qui ne Doit pas être Contredit a dit qu'un homme doit réussir avant trente ans ou jamais.

Atteindre trente ans, dit Réginald, c'est avoir échoué dans la vie.)

 

“In the course of the next few days Blenkinthrope discovered how little the loss of one's self-respects affects one who has gained the esteem of the world.”   The Seventh Pullet

(Durant les jours qui suivirent Blenkinthrope découvrit combien la perte du respect envers soi-même comptait peu pour celui qui avait gagné l'estime générale.")

 

– When I was younger, boys of your age used to be nice and innocent.

– Now we are only nice. One must specialise in these days."   Reginald at the Theatre

(Quand j'étais plus jeune, les garçons de votre âge étaient gentils et innocents.

Maintenant nous sommes seulement gentils. On doit se spécialiser de nos jours.)

Hector Hugh Munro, dit Saki, The complete Saki, Penguin, 1982

 

 

Sang 

« Il existe deux sortes de sang, celui qui coule dans les veines et celui qui s'écoule des veines. Étudier le premier est l'affaire des physiologues... Le second est le sang innocent des torturés, le sang qui n'est pas caché dans les artères, le sang des juifs. »

Julian Tuwim, 1894-1953

 

 

Say

« Il faut faire des épargnes plutôt que des enfants. » J.-B. Say

 

 

Scène

“All the world is a stage

And all men and women merely players.”         (Jaques)

Comme il vous plaira, II, 7, William Shakespeare

 

“I hold the world but as the world, Gratiano

A stage where every man must play a part,

And mine is a sad one.” (Antonio)

The Merchant of Venice, Acte I, scène 1, William Shakespeare

 

 

Science économique

« La science économique est une science abstraite qui souffre d'un problème spécifique: ceux qui sont à l'aise avec ses abstractions n'ont en général pas de vrai contact avec les faits; et ceux qui sont au contact des faits ont habituellement peu de sympathie et peu de connaissance de ses abstractions »

Walter Bagehot (1826-1877)

 

« La science économique, c'est l'étude de qui obtient quoi, quand, où et comment. »

Harold Lasswell

 

 

Schacht

Dr Hjalmar Horace Greeley Schacht, parents revenus de Brooklyn juste avant sa naissance.

Président Reichsbank, 17 mars 1933, ministre de l’économie jusqu’à juillet 1937, il démissionne devant les empiètements de Goering (« Et pourtant, Schacht, je vous aime. », Hitler). 1939, démission de la Reichsbank, 1944, emprisonné à Ravensbrück, jugé à Nuremberg, et acquitté.

De 32 à 37 le RN allemand a doublé.

 

 

Schopenhauer

« Une vie heureuse est une contradiction dans les termes. »

Arthur Schopenhauer

 

 

Schum, Peter

« Un grand économiste, Peter Schum, a insisté sur le rôle des innovations. »

Un étudiant, copie de DEUG

 

 

Schumpeter, Joseph Alois (1883-1950)

« La bourgeoisie industrielle et commerciale est foncièrement pacifiste et incline à réclamer que les principes moraux de la vie privée soient étendus aux relations industrielles… Dans le monde dominé par les valeurs capitalistes, ce qui fut autrefois énergie combattante devient ardeur au travail. Dans un tel contexte, les guerres de conquête et de rapine, ou tout simplement toute politique étrangère un tant soit peu aventureuse, ne peuvent plus être perçues que comme des perturbations de la vie quotidienne ou comme des manquements exceptionnels à la poursuite des fins véritables de la société. »

Capitalisme, socialisme et démocratie, 1942

 

« Les cycles ne sont pas, comme les amygdales, des éléments séparés qu'on peut traiter par eux-mêmes, ils sont, comme les battements du cœur, l'essence même de l'organisme qui les expose. » Joseph Schumpeter, Business Cycles, New York, 1939

 

Dans sa quête de devenir « le plus grand économiste, le plus grand amoureux et le plus grand cavalier en Autriche », Schumpeter reconnaissait que « les choses n'allaient pas trop bien avec les chevaux »...

 

 

Segalen

« Ne nous flattons pas d’assimiler les mœurs, les races, les nations, les autres ; mais au contraire réjouissons-nous de ne le pouvoir jamais, nous réservant ainsi la perdurabilité du plaisir de sentir le Divers. » Victor Segalen, Essai sur l’exotisme

 

 

Sécurité sociale

1944 Sir William Beveridge, Du plein emploi dans une société libre

 

 

Sen

« The market mechanism... is a basic arrangement through which people can interact with each other and undertake mutually advantageous activities. In this light, it is very hard to see how any reasonable critic could be against the market mechanism as such."

« Le mécanisme du marché... est un arrangement de base à travers lequel les gens peuvent interagir les uns avec les autres et entreprendre des activités mutuellement avantageuses. Dans cette optique, il est très difficile de comprendre qu'un critique raisonnable puisse s'opposer au mécanisme du marché en soi. »

Amartya Sen, Development as Freedom, Knopf, Oxford University Press, 1999

 

 

Serbo-croates

« Les grenouilles coassent, les corbeaux coassent, les serbo-croates et les fours micro-ondes. » Anonyme

 

 

Sexe

« Les hommes sont prêts à tout pour faire l'amour, y compris à aimer. Les femmes sont prêtes à tout pour être aimées, y compris à faire l'amour. »   Anonyme

 

 

Sexes

« Le génie absolu des hommes, veux-tu savoir ce que c'est ? Les hommes veulent. Les femmes se contentent de traîner dans le coin. Les femmes croient qu'elles font une carrière du tonnerre de Dieu (…). Rien. Elles ne vont nulle part, je peux te le dire (…). Les hommes veulent tellement. Cela nous étourdit un peu, nous fait perdre les pédales. Que sommes-nous devant cet énorme désir, ce besoin universel et buveur de sang qui les tient ainsi ? »   Don DeLillo, Chien galeux, Actes Sud, 1991

 

« La consommation de l'énergie vitale du partenaire semble être, chez les êtres humains, le fondement biologique de la relation entre les sexes : lorsque le plus tenace des deux l'a absorbée fragment par fragment et entièrement dévorée, il finit par se dévorer lui-même. »

Franz Jung, Le scarabée torpille, éd. Ludd, 1993

 

 

Shakespeare

“The quality of mercy is not strain'd,

It droppeth as the gentle rain from heaven

Upon the places beneath : it is twice blest ;

It blesseth him that gives and him that takes.” (Portia)

The Merchant of Venice, Acte IV, scène 1, William Shakespeare

 

“The pound of flesh which I demand of him

Is dearly bought, 'tis mine, and I will have it.”

The Merchant of Venice, Acte III, scène 1, William Shakespeare

  

“Do you think, because you are virtuous, there shall be no more cakes and ale?” W. Shakespeare, La Nuit des rois, ou Ce qu'il vous plaira

 

                                                                                      O wonder!

                                   How many goodly creatures are there here!

                                   How beauteous mankind is! O brave new world,

                                   That has such people in't!

Miranda, La Tempête, V,1, Shakespeare

 

 

O. J. Simpson

« La seule explication (au verdict du procès d'O.J. Simpson) est que la majorité noire du jury était raciste ou stupide, ou (plus probablement) les deux à la fois. »

La presse blanche américaine, interprétée par The Economist 14 oct. 1995, p. 78

 

 

Smith

“The division of labour is limited by the extent of the market.”

Adam Smith, Wealth of Nations, 1776

 

Lors de sa traduction en espagnol, à la fin du XVIIIe siècle, le livre de Smith, la Richesse des nations, a été condamné par l’Inquisition, à cause de « la vulgarité de son style et du relâchement de la morale qu’il inculque ». En plus, elle se rendit compte que « sous sont style obscur et insidieux, il favorisait la tolérance dans le domaine religieux, et il conduisait au naturalisme ». Cheng-chung Lai, ed., Adam Smith Across Nations ; Translations and Receptions of The Wealth of Nations, New York : Oxford University Press, 2000

 

« Adam Smith’s stoical philosophy is a sophisticated version of ‘what goes around comes around’, thus all human endeavour is interlinked. According to him, economic progress can have damaging social consequences, while unproductive labour, especially education and arts, can be beneficial to society as a whole. »   John Glassford, EHR LIII(2), May 2000, à propos de la réédition de The wealth of nations, Harmondsworth : Penguin, 1999

 

« L’ironie comique de la vie humaine, selon Smith, réside dans l’illusion par laquelle nous nous convainquons nous-mêmes que la possession de biens nous rendra heureux. Sous l’influence de cette illusion, nous consacrons notre vie au travail, finissant malheureux pour la plupart d’entre nous, mais construisant une société prospère en cours de route. C’est à la lumière de cette « comic irony », exprimée dans la Théorie des sentiments moraux, que nous devrions lire la Richesse des nations. » Charles Hanson, JEH 60(2), juin 2000, à propos du livre de Charles L. Griswold Jr., Adam Smith and the Virtues of Enlightenment, Cambridge : Cambridge University Press, 1999

 

Adam Smith’s daughters : eight prominent women economists from the eighteenth century to the present, de Bette Polkinghorn et Dorothy Lampen Thomson, Cheltenham: Edward Elgar, 1998 : Jane Marcet, Harriet Martineau, Millicent Fawcett, Rosa Luxemburg, Beatrice Webb, Joan Robinson, Irma Adelman, Barbara Bergmann… Selon Jane Howells, qui critique le livre (EHR, LIII(2), May 2000) on pourrait ajouter Mary Marshall, Harriet Taylor et Charlotte Perkins Gilman.

 

« La défense a priorité sur l'opulence. »   Adam Smith

 

« La France est sans conteste un pays plus riche que l'Écosse, mais elle ne semble pas avancer aussi vite. Le sentiment qu'elle recule est commun et même populaire dans le pays; une opinion que je considère comme mal fondée. »   Adam Smith, 1776

 

« Le fondateur de la science de l'économie (Adam Smith) était l'un des moins tournés vers les affaires de toute l'espèce humaine. Il était un professeur écossais maladroit, apparemment étouffé par les livres et absorbé par les abstractions. Il n'a jamais été engagé dans aucune sorte de commerce, et n'aurait probablement jamais gagné un penny s'il l'avait été. Sa distraction était effarante. »

Walter Bagehot, 1826-1877, Adam Smith comme individu, 1876, Études biographiques

 

« Au moyen de vitres et de serres, un excellent raisin peut être cultivé en Écosse, et un très bon vin aussi peut en être tiré, pour une dépense environ trente fois plus élevée qu'un vin au moins aussi bon peut être obtenu des pays voisins. Serait-ce une loi raisonnable d'interdire l'importation de tous les vins étrangers, simplement pour encourager la production de claret ou de bourgogne en Écosse ? »

Adam Smith, 1723-1790, La Richesse des Nations, livre IV, chap. 2, 1776

 

« La consommation est la seule fin et le seul motif de toute production ; l'intérêt du producteur ne doit être pris en considération que dans la mesure où il peut être un moyen de promouvoir celui du consommateur. » Adam Smith, 1776

 

 

Socialisme, URSS

« Le socialisme n'est que l'alchimie de la science sociale. » Paul Leroy-Beaulieu

 

« L'idée que le monde existant est si totalement corrompu qu'il est impensable de l'améliorer et que, précisément pour cela, le monde qui lui succédera apportera la plénitude de la perfection et la libération ultime, cette idée est une des aberrations les plus monstrueuses de l'esprit humain. » L. Kolakowski, L'Esprit révolutionnaire, Complexe, 1978, cité par Courtois, 1997.

 

« Qui veut la fin ne peut répudier les moyens. »   Trotski, Défense du terrorisme, Nouvelle Revue Critique, 1936, p. 44, cité par Courtois, 1997.

 

« Vladimir Ilitch a affirmé hier que le prolétariat comme classe et au sens marxiste n'existait pas en Russie. Permettez-moi de vous féliciter d'exercer la dictature au nom d'une classe qui n'existe pas ! » Alexandre Chliapnikov, IXe congrès du parti, 1922, cité par Courtois, 1997.

 

« Si la Russie actuelle montre autant de similitudes avec la France de 1793, c'est la preuve qu'elle est proche du stade de la Révolution française. (...) Ce qui se passe là-bas, ce n'est pas la première révolution socialiste, c'est la dernière révolution bourgeoise. »   Karl Kautsky, La Dictature du prolétariat, 10/18, cité par Courtois, 1997.

 

« Il est curieux de noter que ce sont les gens qui ne croient pas à l’enfer qui semblent les plus enclins à en fabriquer d’assez bonnes répliques ici-bas. »

Simon Leys, Les naufragés du « Batavia », anatomie d’un massacre, Arléa, 2003

 

« Une classe qui, au lieu de se ranger à la loi de la démocratie, prolongerait sa dictature au-delà des premiers jours de la révolution, ne serait bientôt plus qu’une bande campée sur le territoire et abusant des ressources du pays. » Jean Jaurès

 

« Les gens riches, les meilleurs, les plus bienveillants, les plus sincèrement chrétiens sont intimement convaincus qu’ils appartiennent à une espèce à ce point différente qu’il n’existe pas, dans leur esprit, de commune mesure entre elles. C’est comme si la possession de l’argent suffisait à les persuader qu’ils ont du sang bleu. Du même coup, j’ai peut-être compris pourquoi je n’étais pas communiste. Je reconnaissais dans ce sentiment profond de supériorité bourgeoise celui du militant communiste à l’égard du non-initié qu’il regarde souvent de haut avec la forfanterie d’un gaillard qui a compris. De même que le bourgeois riche d’argent et d’honneurs, l’homme enrichi de certitudes marxistes ne se reconnaît pas dans l’homme tout court. » Marcel Aymé, Les tiroirs de l’inconnu, 1960

 

« La spéculation sur le bonheur des générations futures, impliquant nécessairement le sacrifice injustifié des générations présentes, n’est pas propre à Trotski, elle est commune à tous les doctrinaires, à toutes les écoles révolutionnaires, et Staline l’a mise en pratique de manière inoubliable. Mais personne n’a encore pu sérieusement motiver le sacrifice certain des générations présentes au bénéfice hypothétique des générations futures. Pour réfuter brièvement cette absurdité suprême, admise sans discussion ni examen par une multitude inconsciente, il devrait suffire de citer une sage parole de Boris Pasternak, une de ces paroles qui donnent du prix à son célèbre roman : « L’homme est né pour vivre et non pour se préparer à vivre. » Encore moins pour se donner l’illusion d’y préparer une postérité aléatoire. »

Boris Souvarine, « Que penser de Léon Trotski ? », note à propos de l’édition des carnets inédits de Léon Trotski (Trotsky’s Diary in Exile (1935), Harvard University Press, 1958) ; repris dans Commentaire, n° 95, automne 2001

 

« Il y a beaucoup de méfiance à l’égard de toute structure nationale, explique Alexandre Fedorov : des partis verts apparaissent avant les élections, à l’instigation des autorités, pour disparaître ensuite. Une autre raison de la division est financière : comme elles ne peuvent pas se reposer sur un soutien local, les ONG doivent se financer à l’étranger. Et, à cette fin, il vaut mieux apparaître séparément aux donateurs, pour être plus visible. » Mais le problème est sans doute plus profond : « Après les temps soviétiques, poursuit Fedorov, les gens étaient vraiment fatigués d’avoir à obéir à une hiérarchie, à une structure centralisée. Et puis, nous n’avons pas de tradition démocratique : s’unir, c’est apprendre à passer des compromis. Nous n’en avons pas l’expérience. »

Victoria Achim, comanager d’un rare fonds russe d’aide à la société civile, confirme :

« Cette difficulté à s’unir est le résultat de l’éducation collectiviste. Les Russes ont été élevés dans une atmosphère qui déniait son existence à l’individu et le soumettait aux buts de la société. Quelqu’un qui se rebelle – et c’est typiquement le cas des activistes – veut exister comme individu et croit qu’il peut être tout. Donc, sans les autres. Mais si l’individu existe par définition, il n’a pas besoin de tout prouver, il respecte spontanément les autres et sait coopérer. En fait, les Russes ont encore à apprendre la liberté. » Hervé Kempf, « L’âpre combat des écologistes russes », Le Monde, 6 décembre 2003

 

Serait-ce notre destin de réaliser

Les derniers rêves de l’Europe

Afin que nous puissions l’écarter

De ses périlleux sentiers ?

Maximilien Volochine

 

« À la fin de ce somptueux repas, je sortis de ma poche mon paquet de chewing-gums, l'ouvris, et en offris un à Ilya Ehrenburg. Il n'aurait pas réagi avec plus d'horreur si j'avais posé sur la table une grenade dégoupillée. »

Howard Fast, Being Red

 

« Ce que l’on veut et exige, c’est l’acceptation, le conformisme. Ce que l’on veut et exige, c’est une approbation de tout ce qui se fait en URSS. » André Gide, Retour d’URSS, Gallimard, 1935

 

Sur la collectivisation des terres, en 1929, Eikhe, un des chefs du parti en Sibérie, annonce en citant Lénine : « On pourrait croire qu'il s'agit d'un combat pour les céréales, mais en fait c'est un combat pour le socialisme » ; ce à quoi Staline répond : « Correct ! »

  

« Les Russes, les bolchevistes comme les autres, sont les fils du tsarisme ; c'est de lui qu'ils ont, durant des siècles, reçu leur éducation et leur formation. Ils ont pu supprimer le tsar, mais ils n'ont pas supprimé le tsarisme. Ils portent toujours l'uniforme tsariste, encore qu'à l'envers. (...) Les bolchevistes n'étaient pas préparés pour une révolution administrative, positive, mais seulement pour une révolution négative, c'est-à-dire que par fanatisme doctrinal, étroitesse d'esprit et manque de culture, ils commirent quantité de destructions superflues. En particulier, je leur reproche d'avoir, à l'imitation des tsars, pris une véritable jouissance au meurtre. » Thomas G. Masaryk, La Résurrection d'un État. Souvenirs et réflexions 1914-1918, Plon, 1930, cité par Courtois, 1997.

 

"...la petite ombre noire de Lénine qui danse dans la neige du Kremlin et dit aux commissaires du peuple stupéfaits : « Nous avons tenu un jour de plus que la Commune de Paris ! »"

André Malraux, Le Triangle noir

 

« Au lendemain d'octobre 1917, Lénine allait compter les jours jusqu'au moment où il put déclarer d'un ton triomphant : nous avons tenu plus longtemps que la Commune. » E. Hobsbawm, L'Ère du Capital, 1978

 

« Le plus grand malheur de la Russie a été la naissance de Lénine, le second a été sa mort. »

Winston Churchill

 

« Dans le système capitaliste, l'homme exploite l'homme, dans le système socialiste, c'est exactement l'inverse. » Anonyme

 

« La chaudière russe en voie d'éclatement répandait sur l'Europe une fumée d'idées qui passaient pour neuves. »   Marguerite Yourcenar, Le Coup de grâce

 

« Le prolétariat est une classe historiquement ascendante (...). La bourgeoisie est, à l'époque actuelle, une classe en décadence. Non seulement elle ne joue pas le rôle essentiel dans la production, mais, pas ses méthodes impérialistes d'appropriation, elle détruit l'économie mondiale et la culture humaine. Cependant, la vitalité historique de la bourgeoisie est colossale. Elle se cramponne au pouvoir et ne veut pas lâcher prise. On est obligé de l'en arracher et de lui couper, pour cela, les mains. La terreur rouge est l'arme employée contre une classe vouée à périr et qui ne s'y résigne pas. » Trotski, Défense du terrorisme, Nouvelle Revue critique, 1936

 

« L'idéocratie peut être définie comme le régime où une minorité cherche à imposer par la terreur une utopie à une réalité récalcitrante ...c'est pour l'essentiel un phénomène moderne, et même une spécialité du XXe siècle, dans ses deux variantes fasciste et communiste. »   Jean Baechler, Le Capitalisme, Folio Gallimard, 1995

 

« Notre passé est imprévisible… » Joseph Brodsky, poète soviétique.

 

 

Société de consommation

Une voiture pour cinq habitants en 1929 aux États-Unis (seulement en 1966 en France)

Un foyer sur trois équipé de la radio (1950 en France)

 

 

Sociétés anonymes 

« Au fur et à mesure qu'on avance vers la seconde moitié du XIXe siècle et l'ère des sociétés anonymes avec leur type de recrutement de plus en plus compétitif pour les cadres supérieurs, il semble de moins en moins vraisemblable que les idiosyncrasies des entrepreneurs régionaux (la religion calviniste par exemple) aient eu un effet propre. »

Sydney Pollard, Peaceful Conquest, Oxford, 1981

 

 

Sociologie

« L'économie est la science des choix, alors que la sociologie (de même que l'anthropologie) explique pourquoi les gens n'ont aucun choix à faire. »  Eric Jones

 

 

Sophisme de composition

En Inde il existe un tabou concernant les ordures et les déjections, on ne doit pas y toucher. Tabou rationnel sur le plan individuel, mais catastrophique au niveau collectif, car la peste bubonique a pu se maintenir plus longtemps qu'ailleurs. On retrouve le sophisme de composition : le niveau macro et micro ne se rejoignent pas, on ne peut généraliser une vérité individuelle.

Exemple rapporté par Eric Jones, The European Miracle, Cambridge University Press, 1981

 

 

Spinoza

« Une chose ne cesse pas d’être vraie parce qu’elle n’est pas acceptée par beaucoup d’hommes. »

 

 

Staline

"En 1929, Alexandre Serebrovsky propose à Staline un vaste plan d'eugénisme positif, afin de produire, par l'insémination artificielle de femmes de qualité avec le sperme de mâles non moins recommandables, des quantités d'hommes nouveaux. « Vu l'état actuel de la technologie d'insémination artificielle, un producteur talentueux et de valeur pourrait avoir jusqu'à mille enfants. Dans ces conditions, la sélection humaine ferait un gigantesque bond en avant. »" ("La société pure, de Darwin à Hitler", André Pichot, Flammarion, 2000).

 

 

Sucre

La canne à sucre introduite dans les colonies vient d'Inde et de Chine du Sud. Les Perses et les Arabes l'introduisent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord du Ve au VIIe siècle, puis les Portugais et les Espagnols en Afrique et en Amérique aux XVe et XVIe siècles, suivis par les autres puissances coloniales. Coupée puis broyée, elle donne un liquide qui devient le sucre une fois cristallisé. Le résidu, la mélasse, permet de fabriquer le rhum, après fermentation et distillation.

 

 

Suffrage universel

 « Le suffrage universel a tué les barricades. » Victor Hugo, 1848

Suffrage universel de 1793, utilisé une seule fois, pour ratifier la constitution, très peu de votants (en plus il est réservé aux hommes, sauf aux domestiques), puis suffrage censitaire sous le directoire (cinq millions d’électeurs, contre cent cinquante mille sous la monarchie de Juillet).

 

 

Surréalisme

Question : Et du côté maternel ?

Werner Herzog : Mon grand-père maternel était officier au quartier général de l’empereur. Il faisait des choses surréalistes.

Mais encore ?

Il a passé deux ans à Skopje, en Macédoine. Il se faisait un devoir de ne porter qu’un seul gant. Quand il est revenu à Vienne, il avait une main bronzée et l’autre blanche. Il avait remarqué que, dans les conversations, ça déstabilisait les gens.

 

 

Swift

“I shall now therefore humbly propose my own thoughts, which I hope will not be liable to the least objection... A young healthy child well nursed is at a year old a most delicious, nourishing, and wholesome food, whether stewed, roasted, baked or boiled ; and I make no doubt that it will equally served in a fricassee or a ragout.”  Jonathan Swift, 1729

 

 

Tabac

À Chypre, la consommation moyenne de cigarettes est de 11 par jour, aux États-Unis 8 par jour, en Chine, 4 par jour. La pipe, le cigare, le fait de chiquer sont les premières formes de consommation : la première fabrique de pipe de Londres date de 1570, les cigares apparaissent en Espagne, on chique aux Amériques. Puis la cigarette, inventée en Amérique du Sud vers 1850, se répand à la fin du XIXe siècle. Tobacco in History: The Cultures of Dependence, J. Goodman, Routledge, 1993

 

 

Techniques

« Les réalisations de la science en France au XVIIIe siècle dépassent ou égalent celles de l'Angleterre. » W.W. Rostow, 1973

 

 

Temps

« Les jours nous enveloppent en tourbillons ralentis, si nombreux qu'ils deviennent des années, puis une série de décades éclatantes. » Dominique Rolin, la Rénovation, Folio, 1999

 

« Puissent les dieux maudire celui qui a inventé le cadran solaire pour couper et hacher ma journée misérablement en petites portions ! » Plaute (Rome : - 254/- 184)

 

“The trouble with time is that it is not like travelling by train through a tunnel, where you just have to sit quietly until you come out at the other end. It is like flying by night in an aeroplane with dicey instruments: one wrong turn, and you can land in a place you had never dreamed of – or crash.”

Brian Beedham

 

Un jour Saint Exupéry se posa dans le désert à côté d'une caravane touareg ; en discutant avec le chef, il lui dit : « Tu vois, avec mon avion je fais en deux heures la distance que tu parcours en deux mois. Mais alors, lui dit le Maure, qu'est-ce que tu fais le reste du temps ? »

 

 

Terre

« La terre procure beaucoup plus que la rente, elle procure position, influence, pouvoir politique, sans parler du gibier. »  Anthony Trollope

 

« Les terres féodales étaient louées pour 99 ans ou 999 ans : au moins trois générations. Ce système favorisait la continuité et freinait les mouvements de hausse des prix. Quand la terre devint une marchandise et non plus une fonction tout contrôle communal disparut. »

Lewis Mumford

 

 

Thalassographie

« Nous avons une longueur de côtes plus importante en proportion de notre population et de notre superficie que n'importe quelle autre grande nation, nous assurant ainsi puissance et supériorité maritimes. » Robert Peel, discours à la Chambre des Communes, 16 février 1846, cité par R. Marx (1992)

 

Les régions côtières regroupaient 75 % de la population mondiale en 1400, 82 en 1800, et encore 65 % en 1975 (Eric Jones).

 

 

Thatcher

Le bilan de la période thatchérienne (1979-1997) est lui aussi globalement négatif selon Crafts.

Voir aussi Understanding Decline:Perceptions and Realities of British Economic Performance, CLARKE P. & TREBILCOCK C. ed., Cambridge University Press, 1997

 

 

Théâtre

Londres compte 17 théâtres en 1629 (le Cygne, la Rose, le Globe, l'Espérance, le Taureau rouge...) contre un seul en France. Braudel, 1979, t. 3, p. 313

 

 

Thiers

« Nous n'avons pas gagné la bataille de Trafalgar. Nous ne sommes pas restés maîtres des mers et nous n'avons pas 200 millions de consommateurs comme l'Angleterre les possède. Voilà tout le secret de notre infériorité. » Adolphe Thiers, cité par O'Brien et Keyder

 

 

Titien

Charles Quint rendait visite à Titien dans son atelier à Florence ; le peintre laissa tomber involontairement son pinceau au moment où le monarque s'approchait de lui ; le roi se baissa pour le ramasser et lui tendit. Anecdote célèbre qui illustre la supériorité de la création sur le pouvoir.

 

 

Tolérance

“In 1690, John Locke remade society with a revolutionary claim, which was that just because something may improve people's lives do not give a government the proper authority to do it. Undoubtedly, he said, it is good for people to believe in the true religion (the Church of England, of course); but the magistrate, he added, nonetheless "has no commission, no right" to enforce proper piety. The point he was making is the foundation-stone of toleration in particular and of liberal government in general: that there is a private sphere which governments may not invade, even for the obvious benefit of those affected. A goodly share of today's anti-smoking rhetoric is crafted to fudge this principle, or to drown it out with indignant noise.” The Economist, dec. 20th 1997

 

 

Tradition

“Tradition is a guide and not a jailer.”   Somerset Maugham

 

 

Travail des enfants (au XIXe siècle)

“How much more delightful would have been the gambol of the free limbs on the hillside; the sight of the green mead with its spangles of buttercups and daisies; the song of the bird and the humming of the bee… [but] we have seen children perishing from sheer hunger in the mud hovel, or in the ditch by the wayside.”

William Cooke Taylor, The Factory System, Londres, 1844, p. 23-24, cité par W.H. Hutt, “The Factory System of the Early Nineteenth Century”, dans Friedrich Von Hayek, ed., Capitalism and the Historians, University of Chicago Press, 1963, p. 176

 

 

Traité de Versailles

Le traité de Versailles, selon Keynes, perpétuait en temps de paix les déséquilibres de la guerre, une conséquence mortelle pour l’économie mondiale : il empêchait le développement industriel de l’Allemagne, en transférant des ressources minières à la France, il supprimait la flotte, les investissements étrangers et les colonies allemandes, empêchant la reconstitution d’un réseau mondial de commerce pour la république de Weimar, il imposait des réparations exorbitantes.

 

 

Transition

Sur les ruines du soviétisme, quelque part au beau milieu de la Sibérie du Sud; voilà ce qu'on peut voir : « Avec l'URSS a disparu le sovkhoze, transformé en une fantomatique coopérative dont le directeur a démissionné. Tolia s'étonne même de la question : « Oui, il y a peut-être encore quarante employés, dit-il, mais il n'y a plus de salaires depuis cinq-six ans. » Des tracteurs, il ne reste que quelques carcasses rouillées, les seuls fonctionnant encore appartiennent à des particuliers. L'unique bâtiment en pierre du village – le hangar technique du sovkhoze – s'est effondré il y a quelques années, et personne ne se souvient pourquoi. » (extrait de F. Bonnet, « Koungourtouk, en liberté dans la taïga », Le Monde, 7 septembre 1999)

 

Comment vit-on sans salaire ? La réponse est simple, par un retour à la nature : « Et partir pour faire quoi en ville ? Il n'y a rien. Moi, je suis un aventurier de la taïga. D'accord, on ne reçoit pas de salaire, mais on reçoit la nature, les poissons, la chasse, les lacs, les forêts, les troupeaux... Tout le monde vit là-dessus. » (ibid.)

 

« Notre peuple mange trop ! »

Alexandre Loukachenko, président de Biélorussie, interrogé en 1999 sur la raison des pénuries croissantes de produits alimentaires dans son pays.

 

« L’Ukraine avait tous les atouts pour réussir, mais le système est pourri de l’intérieur. Par son racket, la mafia empêche le développement d’entreprises privées. » Lionel Stoléru, conseiller économique du président Kravtchouk durant cinq ans, cité par Sylvie Guyony, « L’économiste musicien », le Monde, 30 juin-1er juillet 2002.

 

« Notre État est intolérant envers les juifs, les Caucasiens, et surtout, la notion de loi n’existe pas. Le pays entier vit selon un règlement intérieur, comme dans une caserne. La loi, c’est l’ordre donné par le chef. » Andreï Mironov, ONG Memorial, cité par Marie Jégo, « La Russie Potemkine », le Monde, 2/7/2002

 

« Si nous ne voulons pas particulièrement nous rapprocher de Moscou, ce n’est pas parce que les Russes sont méchants, mais parce que leur culture politique est primitive. N’ayant guère varié depuis Ivan le Terrible, elle est centrée sur l’idée qu’il faut contrôler des territoires de plus en plus vastes, peu importe que l’on puisse ou non les gérer. »

G. Nicharadze, sociologue géorgien, le Monde, 18 janvier 2001

 

« Vladivostok a perdu sa flotte du Pacifique. Dans le coma, selon l’aveu même du ministre russe de la défense, et discréditée par des scandales de corruption concernant des ventes illégales de matériel, d’appartements, de navires même. La ville doit aussi oublier les combinats du complexe militaro-industriel qui faisaient vivre jusqu’à un tiers de la population. Dalvostok, chantier naval pour sous-marins nucléaires, tente de se reconvertir dans la fabrique de raviolis. Sans succès à ce jour. »… F. Bonnet, « Gens de Sibérie », le Monde, 25 août 2001

 

« Voici donc que le fameux « sens de l'histoire » s'inverse sous nos yeux. Le communisme a cessé d'être l'avenir de la démocratie ; la démocratie est devenue l'avenir du communisme. »

François Furet, 1989, Le Monde, 26/2/99

 

 

Transitions

« Je saute volontiers par-dessus les transitions, parce qu'elles rentrent presque toujours dans la catégorie des lieux communs. »

Georges Sorel, Réflexions sur la violence, éditions Rivière, 1925

 

 

Tropiques

« Il est peu de plaisirs comparables à celui de couper l'air conditionné, de s'allonger sur le lit protégé des moustiques par un pavillon de tulle qui avait alors quelque chose de cérémoniel et d'impérial, et de laisser entrer la nuit avec ses arômes qui voyagent sur les vagues déferlantes d'une chaleur humide, caressante, presque génésique. »

Alvaro Mutis, La dernière escale du Tramp Steamer, Sylvie Messinger, 1989

 

 

Troyes (prise de)

Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.
Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants,
Entrant à la lueur de nos palais brûlants,
Sur tous mes frères morts se faisant un passage,
Et de sang tout couvert échauffant le carnage.
Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants,
Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants.
Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue :
Voilà comme Pyrrhus vint s'offrir à ma vue ;
Voilà par quels exploits il sut se couronner ;
Enfin voilà l'époux que tu me veux donner.
Racine, Andromaque, Acte III, scène 8

 

 

Union européenne

Il existe un courant d’extrême hostilité à l’intégration européenne aux États-Unis, illustré par quelques universitaires, un courant qualifié de paranoïde par James K. Galbraith, (JEH, 59-4, déc. 99, p. 1137) qui cite l’extrait suivant, « a classic of the paranoid style » :

« Une certaine école de pensée dans l’establishment de la Communauté européenne a toujours voulu faire de la CE un super État fédéral et a donc recherché les conflits avec les autres pays, en particulier les États-Unis, afin de créer des tensions à l’intérieur de l’Europe qui conduiraient à l’unification. La détérioration du climat dans le commerce mondial depuis le début des années 80 leur a donné l’occasion qu’ils cherchaient, et un cercle vicieux s’est mis en place dans lequel les problèmes commerciaux menaient à plus de lobbying et d’affrontements dans les négociations sur les échanges ; à leur tour ils créèrent des disputes supplémentaires et une aggravation du climat international. Ce processus donna naissance entre-temps aux « ennemis » externes que l’establishment de Bruxelles désirait avoir, et dont il utilisait les menaces pour promouvoir les politiques internes qu’il souhaitait réellement. » Kevin Dowd, dans Money and the Nation State : The Financial Revolution, Government and World Monetary System, Dowd K. et Timberlake R.H. Jr ed., New Brunswick, NJ: Transaction Publishers, 1998

 

« Il faut trouver une cohabitation entre la vision fédéraliste et l'idée souverainiste. Elle me semble possible, même si cela prendra du temps. » Bronislaw Geremek

 

 

Utopie

« Une carte du monde qui n'inclurait pas l'utopie n'est pas digne d'un regard, car elle écarte le seul pays auquel l'humanité sans cesse aborde. » Oscar Wilde

 

Dans l'utopie de Thomas More (1516), l'or est méprisé, il sert à faire des chaînes pour les esclaves… et des pots de chambre ! Les familles sont limitées, et quand l'une d'elles s'accroît outre mesure, le trop plein est versé dans les familles moins nombreuses…

 

Gonzalo

I' the commonwealth I would by contraries

Execute all things: for no kind of traffic

Would I admit; no name of magistrate;

Letters should not be known; riches, poverty,

And use of service, none; contract, succession,

Bourn, bound of land, tilth, vineyard, none;

No use of metal, corn, or wine, or oil;

No occupation; all men idle, all ;

And women too, but innocent and pure;

No sovereignty; -

 

Antonio

The latter end of his commonwealth forgets the beginning.

 

Gonzalo

All things in common nature should produce

Without sweat or endeavour: treason, felony,

Sword, pike, knife, gun, or need of any engine,

Would I not have; but nature should bring forth,

Of it own kind, all foison, all abundance,

To feed my innocent people.

(Tous les biens communs seraient fournis par la nature sans effort ni peine : la trahison, la félonie, l'épée, le sabre, le couteau ou le fusil seraient inconnus. Aucune machine ne serait nécessaire, car la nature donnerait d'elle-même en abondance, à foison, tout ce qu'il faut pour nourrir mon peuple innocent)

La Tempête, Acte II, scène 1, vers 147-166, William Shakespeare, 1611

 

 

Jules Vallès

« À ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim, je dédie ce livre. »

Jules Vallès, Le Bachelier, 1881

 

 

Versailles

« Versailles a été avant tout le jouet gigantesque d'un enfant gâté, exactement comme la politique dynastique de Louis XIV a été, si on la considère avec réalisme, un jeu pour grand enfant. La passion du roi pour les jeux de soldats - dans son grand âge, il confessa de façon un peu apologétique avoir un peu trop aimé la guerre - aurait été plus digne s'il l'avait assouvie avec des soldats de plomb, plutôt qu'avec des vrais, en chair et en os. Qu'est-ce que cette façon de gérer l'État, sinon un infantilisme adulte déguisé en intérêt national et en magnificence architecturale ? Les planificateurs qui ont récouvré le Zuyder Zee, étendu Amsterdam et reconstruit Rotterdam, les architectes qui ont construit une multitude de communautés modernes bien reliées entre elles, sur le visage de ce grand jardin qu'est la Hollande, ont suivi une tradition plus vigoureuse. »

Lewis Mumford, The City in History, Harcourt, Brace and World, New York, 1961

 

 

Gore Vidal

 Some writers take to drink, others take to audiences.

 

There is something about a bureaucrat that does not like a poem.

  

It is the spirit of the age to believe that any fact, no matter how suspect, is superior to any imaginative exercise, no matter how true.

 

A narcissist is someone better looking than you are.

 

In America, the race goes to the loud, the solemn, the hustler.

 

I’m all for bringing back the birch, but only between consenting adults.

 

Whenever a friend succeeds a little something in me dies.

 

The theatre needs continual reminders that there is nothing more debasing than the

work of those who do well what is not worth doing at all.

  

 

Vie

« Vivre, c'est se battre contre les trolls

    Dans les caves voûtées du cœur et du cerveau. »

Henrik Ibsen, cité par Robertson Davies, The Deptford Trilogy

 

– ...You asked me what was the meaning of life. Well, have you discovered the answer?

– No, smiled Philip. Won't you tell it me?

– No, no, I can't do that. The answer is meaningless unless you discover it for yourself.

Somerset Maugham, Of Human Bondage, 1915, Pan Books, 1973 ; trad. Servitude humaine, LP, Omnibus

 

“It's a funny thing about life; if you refuse to accept anything but the best, you very often get it.” S. Maugham

 

 

XXe siècle 

« Le siècle européen peut être vu comme une histoire des dangers du nationalisme et de son horrible sœur, le racisme. » The Economist, A survey of the twentieth century, 11 sept. 1999

 

“All in all, I would not have missed this century for the world.” Gore Vidal

 

 

Voltaire

« La superstition est à la religion ce que l’astrologie est à l’astronomie, la fille très folle d’une mère très sage. »

 

Le littéraire est homme de son temps ; il n'est pas simplement, comme Voltaire le disait de Marivaux : « Celui qui pèse des œufs de mouche dans des balances en toiles d'araignées. »

 

« Le mari qui décide de surprendre sa femme est souvent encore plus surpris lui-même. »

 

« Je n’ai jamais fait qu’une prière à dieu, une prière très courte : Seigneur, rendez mes ennemis ridicules. Et dieu me l’a accordée. »

 

« Les hommes détestent ceux qu’ils appellent avares, pour la seule raison qu’ils ne peuvent rien en tirer. »

 

« Dans le cas des nouvelles, on doit toujours attendre le sacrement de la confirmation. » 

 

« Dieu n’est pas du côté des gros bataillons, mais de ceux qui tirent le plus juste. » 

 

« Un mérite de la poésie que peu pourront dénier : elle en dit plus en moins de mots que la prose. » 

 

« Le temps, qui seul fait la réputation des hommes, finit par rendre leurs défauts respectables. »

 

« L’art du gouvernement consiste à prendre autant d’argent qu’on peut à une partie des habitants pour le donner à l’autre. » 

 

« L’écriture d’une tragédie exige des testicules. »

 

 

Von Mises

« Celui qui ne peut servir son prochain a l'ambition de lui commander. » Ludwig Von Mises

 

 

Voyages

« Ceux qui traversent les océans changent de cieux, mais non d’idées. » Horace

 

 

Voyages dans le temps

« La brise était favorable, aussi hissâmes-vous mât et voile. Gerald voulut nous aider, mais naturellement, il ne distinguait pas un cordage de l'autre et il les emmêla tous... Mais peu après nous faisions route et il vint s'asseoir près de moi qui tenais l'aviron qui gouverne.

   Il était visible qu'il réfléchissait depuis un long moment. Il se décida à me dire :

« Dans mon pays, ils ont... Ils auront une voile et un gouvernail meilleurs que ceux-ci. Avec eux, vous pourriez remonter le vent en zigzag... Ceci est facile à faire. J'ai moi-même conduit de ces bateaux, et je les connais bien. D'abord la voile ne devrait pas être carrée et accrochée à une vergue. Elle devrait avoir trois coins, avec le troisième coin attaché à une vergue qui pivoterait autour du mât. Ensuite, ton aviron de gouverne est mal placé — il devrait y avoir un gouvernail au milieu de la poupe, commandé par une barre... Avec ces deux choses et une quille profonde, un bateau peut naviguer contre le vent, comme cela. Et on peut installer une seconde voile entre le mât et la proue. »

   Eh bien, prêtre, je dois dire que l'idée avait ses avantages... Mais il y a des inconvénients très nets, que je lui objectai de façon raisonnable.

« Tout d'abord, et c'est ce qu'il y a de pire, lui dis-je, ce gouvernail et cette grande quille empêcheraient totalement les marins de tirer leurs bateaux sur la côte ou de remonter les rivières peu profondes. Peut-être qu'ils ont beaucoup de ports dans ton pays, mais ici les bateaux atterrissent comme ils peuvent et doivent être lancés rapidement en cas d'attaque. Ensuite, ton mât serait difficile à démonter quand le vent tomberait et qu'il faudrait prendre les avirons. Troisièmement, ta voile n'aurait pas la forme voulue pour servir d'abri quand on doit dormir en mer.

– La nef pourrait rester au large, et vous iriez à la côte dans un autre bateau, dit-il. En outre, vous pourriez construire des cabines à bord pour vous abriter.

– Les cabines empêcheraient de manier les avirons, à moins que la nef n'ait une largeur impossible ou que les rameurs soient assis sous le pont comme des esclaves : et des hommes libres n'accepteraient jamais de ramer dans des conditions de saleté pareilles.

– Avez-vous absolument besoin d'avirons ? » demanda-t-il comme un enfant en bas âge.

Les rires explosèrent à bord.

« Ils ont donc domestiqué les vents, dans le pays d'où tu viens ?fit Hjalmar moqueur. Qu'arrive-t-il quand ils sont encalminés... pendant des jours parfois, avec les provisions qui diminuent...

– Vous pourriez construire une nef assez grande pour emporter des provisions pour de nombreuses semaines, dit Gerald.

– Oui, à condition d'être riche comme un roi, dit Helgi. Et une nef royale comme celle-là, sans défense sur une mer calme, serait attaquée par tous les Vikings d'ici à Jobstorg. Quant à laisser la nef en mer pendant qu'on campe, qu'aurait-on comme abri ou comme défense si on se trouvait surpris sur la côte ? »

Gerald en fut décontenancé. Thorgunna lui dit gentiment :

« Il y a des gens qui n'ont jamais le courage d'essayer les choses nouvelles. Moi, je trouve que c'est une belle idée. »

   Il lui adressa un petit sourire et retrouva assez de volonté pour parler d'un moyen de retrouver la direction du nord même par temps nuageux. Il nous dit qu'il y avait des pierres qui indiquaient toujours le nord quand on les suspendait à un fil. Je lui dis aimablement que je serais très content s'il pouvait me trouver une de ces pierres, ou s'il savait où l'on pouvait s'en procurer, car j'aurais demandé à un commerçant de m'en rapporter une. Mais il ne savait pas, et il se tut. »

Poul Anderson, « L'homme qui était arrivé trop tôt » (The man who came early, The Magazine of Fantasy and Science Fiction, 1955 ; Opta, 1972, pour la traduction) ; Histoires de voyages dans le temps, La grande anthologie de la science fiction, Le livre de poche, # 3772, LGF, 1975

 

 

Walpole

Quieta non movere, Laisser dormir les chiens qui dorment, principe de Robert Walpole

 

 

James Watt

« La grande forme d'énergie que le génie de Watt a réussi à discipliner... a été appliquée vers 1785, à la suite des découvertes d'Arkwright, et la combinaison de la machine à vapeur et de la machine à filer, non seulement a changé un aspect de la production, mais aussi donna naissance à une nouvelle catégorie de problèmes, concernant la répartition de la production. »  T. Twiss, View of the Progress of Political Economy in Europe since the Sixteenth Century, 1847

 

« La nouvelle forme d'énergie et, non moins, les nouveaux mécanismes de transmission qui remplaceraient par la machine ce qui auparavant était fait à la main et par les muscles, furent le tremplin qui propulsa l'industrie dans l'âge moderne. » Ashton

 

 

WC

Joseph Bramah invente le water closet en 1778

 

 

Oscar Wilde

“Work is the curse of the drinking classes.” Oscar Wilde (1854-1900)

 

« La chasse à courre : l'innommable poursuivant l'immangeable. »

 

 

Wittgenstein

Wittgenstein aux membres du jury, dont Bertrand Russell, après la soutenance de sa thèse, sur le Tractatus Logico-Philosophicus à Cambridge en 1929 :

« Ne vous en faites pas, je sais que vous n’y comprendrez jamais rien. »

 

 

Wordsworth

“Bliss was in that dawn to be alive,

  But to be young was very heaven.”

 

 

Arthur Young

« Tout le monde

en dehors des imbéciles/sauf les idiots

sait bien/se rend compte/réalise

que les classes inférieures doivent être maintenues pauvres

pour garder leur ardeur au travail/pour rester laborieuses/ou elles ne resteront pas travailleuses. »

Arthur Young (1741-1820)

 

 

Zola

« Il avait dit sa haine de race, sa conviction d’être en France le justicier, envoyé par le Dieu des armées pour châtier un peuple pervers.  Paris brûlait en punition de ses siècles de vie mauvaise, du long amas de ses crimes et des ses débauches. De nouveau, les Germains sauveraient le monde, balayeraient les dernières poussières de la corruption latine. »

Émile Zola, La Débâcle

 

« Quoi que nous en disions, nous n’empêcherons pas que durant dix-huit siècles la France n’ait été un pays résolument monarchique. L’échine de tout Français porte le pli de cette longue sujétion. Les globules de notre sang sont monarchistes. Et nos aspirations vers la République, notre beau rêve d’une nation qui se gouverne elle-même, sont en perpétuel conflit avec ces puissants vestiges d’atavisme. »

Émile Zola, Le Figaro, 29 mars 1888

 

« Zola descend dans l'égout pour y prendre un bain ; moi, pour le nettoyer. »  Henrik Ibsen

 

 

Zorn

« Au cours de ma vie, j’avais bien dit des sottises en parlant de mes « difficultés d’amour » sans m’avouer que j’aurais dû formuler la chose en disant que par manque d’amour je dépérissais et mourais. Quand quelqu’un est mort d’inanition, on ne dit pas, n’est-ce pas, qu’à la fin de sa vie il a eu des « difficultés de nutrition », on dit qu’il est mort de faim. Lorsque j’ai dit de moi que j’avais des « difficultés d’amour », l’expression était à peu près aussi juste que si j’avais dit de quelqu’un qu’il avait des « difficultés de forme » après être passé sous un rouleau compresseur. »

« Ce que c’est que l’ « amour », je n’ai pas besoin de le définir longuement. Toutefois, depuis deux mille ans, le mot « amour » n’a cessé d’être profané et traîné dans la boue par la funeste secte qui, aujourd’hui encore, jouit de la réputation d’être la religion principale de ce qu’on appelle l’Occident civilisé, si bien qu’au fond on ne devrait pas du tout s’étonner que, de nos jours, aucun habitant de l’Occident effectivement ne sache plus ce que c’est que l’amour. Et pourtant tout le monde le sait. De même qu’on ne peut pas dissocier le corps de l’âme et que l’un influence et détermine l’autre et que les deux ensemble forment un tout, de même on ne peut pas diviser l’amour en amour « spirituel » et amour « charnel » ou en amour « platonique » ou amour « sexuel », ou le moins du monde admettre une différence entre amour et sexualité. Pour en revenir encore à Freud, celui à qui le mot « amour » ne convient pas pour je ne sais quelle raison n’a qu’à dire à la place « sexualité » : et celui qui trouve à redire au mot « sexualité », eh bien, qu’il dise « amour », si ça lui chante. »

Fritz Zorn, Mars

 

 

Zweig

« Lorsque j'essaye de décrire simplement la période dans laquelle j'ai grandi, avant la Première Guerre mondiale, j'espère en rendre pleinement compte en l'appelant l'Âge d'Or de la Sécurité. »

Stefan Zweig, Le Monde d'hier

 

 

 

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